Une fille pas trop poussiéreuse, de Matthieu Simard un regard humoristique, original et déjanté sur la fin du monde! Sublime!

Matthieu Simard a publié cinq romans à succès entre 2004 et 2011 aux Éditions Stanké, dont le roman Ça sent la coupe qui a été transposé ensuite au cinéma, et Échecs amoureux et autres niaiseries dont on célèbre cette année les quinze ans depuis sa parution en 2004. Matthieu revient en force cet automne, en ce mois de novembre, mois des morts, avec Une fille pas trop poussiéreuse. Ce roman qui parle de fin du monde, d’amputation, de survivants de l’apocalypse est tout, sauf déprimant. On rigole royalement, au point d’éclater de rire parfois. Bref, Matthieu Simard a tout un talent d’écrivain pour réussir à nous faire rire autant sur des sujets vraiment pas rigolos.

Résumé : Son nouveau livre, Une fille pas trop poussiéreuse, est un roman d’amour et d’apocalypse. Un roman d’embrassades et d’amputations. Un roman comique dans lequel tout le monde meurt. Extrait : « Au début, on a perdu le WiFi dans nos maisons et les petites barres sur nos téléphones, et déjà c’était la fin du monde. Peu après, des milliers de personnes sont mortes mais on ne le savait pas PARCE QU’ON N’AVAIT PLUS DE WIFI. »

Il est rare que j’éclate de rire lorsque je lis un roman, mais les idées et les dialogues de Matthieu Simard sont tellement saugrenus, déjantés, et tordus qu’ils me surprennent et me font rire à gorge déployer dans ce petit bijou de roman.

Voici un extrait :

« C’est le principe de l’attente à l’urgence des hôpitaux. Le mince espoir que son nom va résonner dans les haut-parleurs dans cinq minutes, et de cinq minutes en cinq minutes, ça fait treize heures qu’on attend, et il n’y a plus aucune chance qu’on parte, pas après tout ce temps. Puis, au bout de treize heures, pour se dégourdir les jambes, on se lève et on va voir l’infirmière à l’accueil.

  • S’cusez, je veux pas déranger, mais je veux juste être sûr que je suis pas tombé entre deux chaises…
  • Vous avez mal au coccyx ?
  • Non
  • Alors vous êtes pas tombé entre deux chaises.»

Quand j’aime bien la plume d’un écrivain, j’aime marquer les pages dont je voudrais revenir lire les extraits qui m’ont fait particulièrement fait vibrer tellement c’est bien écrit. Avec Matthieu Simard, je pourrais marquer facilement une page sur deux, car il a une finesse et une originalité dans son écriture que je ne retrouve chez aucun autre auteur. Voici un exemple : « Quelques minutes plus tard, notre désir de chaleur et notre besoin d’aveuglement nous avaient menés dans le cabanon d’une maison adjacente. Entre les ironiques sacs de béton et un arrosoir vide et bleu, nous avons consommé notre pas-de-passion en silence. Elle détournait le regard, ça me convenait, je laissais ma peau adhérer à la sienne, nos respirations synchronisées. Chérie, fais-moi l’indifférence. »

En plus de mettre en scène son alter ego et le faire mourir à la fin, Matthieu Simard en profite pour se remémorer les années 80 et 90, tout en faisant des références à des scènes de films (shawshank redemption) et des paroles de chansons populaires. Ainsi, on sent que cette histoire pourrait être réelle, puisque basé dans le présent avec des références de notre réalité. Mais c’est tellement loufoque ce qui se passe, avec Maude la plante, le coyote, doux Thomas qui attend (Tom Waits), qu’on ne peut que rigoler de ses jeux de mots et de ses liens douteux et étranges.

Ce roman bien qu’il traite de sujets macabres, de mort et d’apocalypse, il est aussi lumineux, car il nous fait voir ce qui est important dans la vie. L’argent, les biens de consommation, les réseaux sociaux, les téléphones intelligents, quelles belles futilités, lorsqu’il n’y a plus d’électricité, et que tout n’est que ruines dans la ville. La recherche de chaleur humaine, le besoin de se sentir utile, l’instinct de survie, voilà ce dont nous parle ce roman. Oui c’est une histoire loufoque, à prendre au deuxième degré, à lire entre les lignes, à rire juste parce que c’est drôle, ou parce que c’est mieux de rire que de pleurer. C’est un divertissement différent, mais tellement satisfaisant. Au final, j’en voudrais encore et encore ! À quand la prochaine fin du monde ?

Né en 1974 à Montréal, Matthieu Simard a fait ses études en droit et en journalisme. Très polyvalent, Matthieu est chroniqueur, blogueur, auteur, scénariste et concepteur-scénariste-réalisateur web.

Auteur
En tant qu’auteur, Matthieu Simard a publié cinq romans à succès entre 2004 et 2011 aux Éditions Stanké. En avril 2004 paraissait le roman à sketches Échecs amoureux et autres niaiseries, suivi en septembre 2004 par Ça sent la coupe, puis par Douce moitié en mars 2005. Ces trois romans ont connu et connaissent encore un succès populaire impressionnant, en plus d’avoir été acclamés de façon unanime par la critique. Le quotidien La Presse, en janvier 2005, décrivait Matthieu Simard comme l’un des auteurs les plus prometteurs de sa génération. En octobre 2006, il publiait Llouis qui tombe tout seul, qui a été en nomination pour le Grand Prix littéraire Archambault 2008. Après cinq ans d’attente, il revient en force en septembre 2011 avec La tendresse attendra, un roman de peine d’amour et de plomberie. Puis Matthieu publie un premier roman aux éditions Alto Ici, Ailleurs, et ensuite le second roman Les écrivements. Quinze ans après son premier roman, il publie en 2019, aux éditions Stanké, le roman Une fille pas trop poussiéreuse.

Scénariste
Matthieu Simard est également scénariste pour différents projets de longs métrages et de séries télévisées. Il a notamment signé le scénario du long métrage Ça sent la coupe, tiré de son livre du même nom, réalisé par Patrice Sauve.

Date de parution : 23 octobre 2019
Sujet : Littérature québécoise
Nombre de pages : 200 pages

Prix : 22.95$

Éditions Stanké

http://www.editions-stanke.com/

voici les liens vers mes autres articles sur les romans de Matthieu Simard :

https://info-culture.biz/2017/02/08/ca-sent-la-coupe-nouvelle-edition-augmentee/

https://info-culture.biz/2018/10/02/ecrivements-de-matthieu-simard-finesse-sagesse/

https://info-culture.biz/2017/09/19/ici-ailleurs-de-matthieu-simard/