Extrême-Orient: le voyage initiatique de Tchékhov

Le voyage de Tchékhov à Sakhaline
Le voyage de Tchékhov à Sakhaline

Pendant cinq jours seulement, Premier Acte présente à Québec  Le voyage de Tchékhov à Sakhaline. Du 5 au 9 février 2013 : à vos billets! Vous serez appelé à suivre Anton Tchékhov, un nouvelliste, dramaturge et médecin russe influent du 19e siècle tout au long de son périple vers Sakhaline, une île qui sert de bagne située à l’extrême est de la Russie. Souffrant et entêté, il traversera le froid glacial pour recenser tous les prisonniers et raconter leur misère au moyen de correspondances, de nouvelles, d’essais qui polariseront dès son retour l’attention des autorités sur le système pénal sclérosé.

La mise en scène de l’équipe de Théâtre Ad Lux et le texte de Denyse Noreau ont exigé un espace scénique innovateur pour une production qui sort de l’ordinaire. En effet, le LANTISS (laboratoire des nouvelles technologies de l’image, du son et de la scène de l’Université Laval) a relevé le défi haut la main en présentant le premier castelet électronique. Trois marionnettistes y manipulent soigneusement les fantoches, hauts comme trois pommes. Une mini-scène pour des mini-pantins porteurs d’une grande histoire.

Geneviève Thibault et Elyse Garon
Geneviève Thibault et Elyse Garon

Sur scène, six rideaux blancs et diaphanes dépeignent les paysages et les décors dont nécessite le texte : un montage inspiré sans nul doute du Moulin à images projeté sur les silos à grains de Québec chaque été. Au centre des rideaux, le castelet, quatre pieds par quatre pieds, l’endroit où tous les rêves sont permis… en un clin d’œil, vous vous retrouvez dans une gare, dans un train, sur un navire, en ville ou ailleurs, très loin, dans les songes de Tchekhov.  Le castelet ressemble un peu à un damier dont tous les carreaux, qui sont indépendamment robotisés, incarnent un accessoire du décor. Le décor s’active, est un personnage en soi.

Le texte de Noreau est basé principalement sur les correspondances de l’écrivain à ses proches. Les genres se rencontrent : des lettres narrées, des rencontres en direct actées par les marionnettistes et des réflexions sur le bonheur existent et se matérialisent sous vos yeux dans des poupées pourtant petites et sans expression.  Elles prennent toute la place et le texte s’estompe. Malgré tout, on peut facilement y déceler des traces tchékhoviennes. L’Homme est au centre du récit dans ce qu’il a de plus banal; parfois il agit étrangement, il est drôle, compatissant, malheureux, souffrant, rêveur… Aucune critique de l’auteur, seulement des faits dans une œuvre qui se veut la plupart du temps tragi-comique. Il termine avec une bonne dose de positivité.

Les marionnettes
Les marionnettes

Un spectacle surprenant que Le voyage de Tchékhov à Sakhaline, qui permet de découvrir un petit bout de passé de la Russie tsariste de la fin du 19e siècle. Malgré un message d’une portée historique, le contenu ne fait pas le poids devant la technologie et l’envergure de la mise en scène. Une pièce qui brille de par son côté innovateur, marginal et hybride.

La distribution: Élyse Garon, Nina Lauren, Geneviève Thibault

Mise en scène: Théâtre Ad Lux

Texte: Denyse Noreau

Animation du Castelet: Keven Dubois

http://www.premieracte.ca

crédit photo : Gabriel Talbot Lachance