L’Islam confisqué Manifeste pour un sujet libéré

  Le 2 juin 2010

 

 

Le multiculturalisme! Cette affaire idéologique qui selon certains servirait à l’intégration des immigrants. Rien de moins certain. Mais c’est la thèse que soutien Saber Mansouri dans L’Islam confisqué. N’oublions pas que l’auteur se qualifie d’Arabo-musulman et non pas de Franco-musulman. C’est déjà en dire beaucoup.

Prenons un exemple récent au Canada. Il y a quelques années des leaders de la communauté musulmane du Canada dans la province de l’Ontario ont sérieusement proposé d’utiliser la Charia au lieu du code civil canadien pour régler les conflits familiaux. Quel bel exemple d’intégration multiculturel! N’eût-été de la vigilance des citoyens il y aurait peut-être deux codes de lois pour régler ce genre de conflits en Ontario aujourd’hui. L’Assemblée nationale du Québec, sous l’impulsion d’une députée de religion musulmane, a voté à l’unanimité contre un tel projet. Il semble illusoire de s’imaginer que les communautés musulmanes vont s’intégrer facilement à leur pays d’accueil. Comme le dit Mansouri l’islam est religion et culture. Et toute religion est germe de dictature. On ne discute pas les révélations divines. Il est bon de le dire maintenant. S’il faut libérer les gens, c’est des religions qu’il faut les libérer. Plus une société est démunie, plus ses membres prient. Et vice versa.

L’islam confisqué Essai d’un historien helléniste aussi bien que témoignage d’un « immigré arabe choisi », ce livre se propose de montrer comment l’islam est prisonnier en France, et plus généralement dans le monde occidental, de représentations qui ignorent sa diversité dans le temps et dans l’espace et traduisent le plus souvent des intérêts géopolitiques. Que désigne-t-on au juste quand on parle de l’islam ou du « monde musulman » ? Une foi religieuse, une histoire longue de quinze siècles, une civilisation, une secte d’illuminés ? Penser l’islam aujourd’hui, nous dit Saber Mansouri, consiste d’abord à l’affranchir de la dictature du sujet théologico-politique. Et pour ce faire, il revisite d’abord l’affaire dite des « caricatures de Mahomet », clarifiant au passage le statut de l’image dans la culture islamique. Il aborde ensuite la lancinante question de la démocratie dans le monde arabe à partir du traitement par les gouvernements et les médias occidentaux de la victoire du Hamas dans les élections législatives palestiniennes de 2006. Thème qu’il approfondit en revenant sur les conséquences du 11 Septembre et sur le projet avorté d’un « Grand Moyen-Orient », élaboré par les néoconservateurs américains. Il explique enfin pourquoi les leçons de deux grandes figures du passé, Averroès et Ibn Khaldûn, restent en la matière d’une brûlante actualité. Une précieuse contribution au moment où l’on commence seulement à mesurer les dégâts causés par le faux débat sur l’« identité nationale ».

Voilà un manifeste dont il faut prendre connaissance pour mieux évaluer la situation des communautés musulmanes dans les pays occidentaux. Dans la « realpolitik » ce n’est pas tant ce qui est écrit ou ce qui est dit qui compte comme ce qui est fait. Est-il totalement faux de mettre dans la bouche de Mahomet ce qu’on retrouvait dans le Charlie Hebdo lors de la guerre des caricatures : «  C’est difficile d’être aimé par des cons ».

 

 

Né en 1971 en Tunisie, Saber Mansouri enseigne à l’université Paris VII. Il a soutenu une thèse sur le travail à Athènes au IVe siècle av.JC. Helléniste et arabisant, il est l’initiateur et le directeur de la collectionMaktaba lancée chez Fayard en mai 2003 et destiné à faire connaître des textes inédits de la culture arabo-musulmane.

Prix suggéré : 17 € 
156 pages

www.actes-sud.fr