Les Fridolinades

 
 
Le mercredi 29 septembre 2010, la Maison Jaune présentait la première de la pièce Les Fridolinades de Gratien Gélinas. Pour ceux qui ne se souviennent pas, de 1938 à 1946, Gratien Gélinas et sa troupe ont monté sur scène à Montréal pour jouer leur revue de l’année, Les Fridolinades. Fridolin, un jeune garçon des rues, y présentait de petites histoires qui parlaient d’actualité tout en se moquant joyeusement des travers des gens. De cette revue remplie de danses, chansons et sketches, retraçant les moments importants de l’actualité, seuls les sketches sont restés avec le temps. Mêlant un peu de burlesque avec une touche d’observation fine et un sens aigu du dialogue, Les Fridolinades sont un peu le commencement de notre théâtre québécois.
 
Cette pièce nous ramène à l’époque de la Deuxième Guerre, où les discussions sur le perron tournent autour de Maurice Duplessis qui est premier Ministre de la province de Québec, du passage du tramway qui coûte 7 cents, de la guerre en Europe et surtout du train-train quotidien qui continue à Montréal.
 
Les premiers sketchs se passent dans la ruelle, à l’entrée d’un petit logement d’ouvrier. Dans ce décor se jouent quelques sketchs où Fridolin (Carolanne Bergeron) s’amuse à préparer un spectacle, tandis que les commères, sur le perron ou sur leur balcon, s’adonnent à de joyeuses complaintes. On a aussi deux voisins qui discutent de la guerre tout en se lançant un défi au jeu de dames.
 
 
Le public s’amuse royalement dans ce retour arrière dans le temps. On rigole d’entendre des expressions qui n’existent plus aujourd’hui, comme la « grocery », la « pantry ». Ou, lorsque cette dame parle de s’être acheté un « rug en tapis » qu’elle met en dessous de son « Chesterfield ». On s’amuse de voir la voisine avec les bigoudis sur la tête, les habits de l’époque et même les coiffures de ce temps-là. Un beau souvenir du temps de nos parents et grand-parents.
 
 
Puis l’action se transpose dans la maison, où plusieurs moments cocasses surviennent lorsque la visite vient s’installer trop longtemps, ou lorsque frappe à la porte, la chance de gagner un gros montant, à la course aux trente sous, le jeu-questionnaire à la radio.
 
On a également quelques sketchs qui se déroulent à la gare, en attente du tramway, et même à l’intérieur de ce transport en commun utilisé par tous.
 
On a droit aussi à quelques moments plus dramatiques, dont celui du départ pour la guerre, d’un soldat, qui vient prendre un dernier verre au restaurant du coin.
 
Tout au long de la soirée, il est intéressant de voir la scène se transformer, avec peu d’accessoires, en divers lieux de l’époque du début du siècle. La mise en scène très élaborée, avec beaucoup de changements de costumes rapides, de décor et de déplacements, est très réussie.
 
 
Toutes ces petites saynètes sont entrecoupées de monologue de Fridolin, où il nous raconte sa journée de fête manquée, ou le jour où il a brisé une vitrine avec son sling-shot. Pour ce rôle, Carolanne Bergeron incarne magnifiquement ce jeune garçon au cœur sur la main et à la bonne humeur communicative. Cette étudiante en théâtre à l’Université, qui pratique cet art depuis plus de 6 ans, démontre une grande qualité de jeu, une crédibilité et un sens du comique très marqué. Elle sait bien garder le rythme et faire rire aux bons moments, tout en ayant ce petit côté plus tendre et attachant pour attirer la sympathie. 
 
Les autres rôles sont distribués également entre les dix autres interprètes. La plupart d’entre eux ont déjà participé à d’autres pièces de la Maison Jaune et gagnent en assurance et en crédibilité à chaque fois. Une très belle performance de groupe qui a su mettre en valeur les talents de chacun à divers moments. On a eu la chance de découvrir une voisine avec un bel accent qu’elle a su garder intègre tout au long de son sketch, un homme un peu chaudasse qui vient perturber un tramway rempli à craquer, une petite fille qui préfèrerait aller se promener dans les ruelles plutôt que d’attendre les résultats de l’élection municipale, deux sœurs qui se chamaillent le dimanche matin avant la messe, entrainant la foule dans un rire communicatif par leurs querelles rythmées.
 
 
Bref, le public a passé de joyeux moments en compagnie de ces grands passionnés de théâtre.
 
La pièce dure 2 heures avec entracte.
 
 
 
 
La Maison Jaune est un lieu d'apprentissage multidisciplinaire pour ceux et celles qui veulent s'initier et se perfectionner en arts visuels, en danse et en théâtre. Cet endroit est ouvert à tous et offre la chance de participer à des formations et des diffusions artistiques en plus de créer des liens chaleureux avec les artistes professionnelles et les amateurs.
 
 
La pièce est présentée à La Maison Jaune, 206, rue Christophe-Colomb Est, Québec, les 29, 30 septembre, 1, 2 octobre 2010 à 19 h 30 et le 3 octobre 2010 à 16hAdmission générale, 15 $.  Étudiants, 12 $.
Information, réservation, 418.521.5343, ou via le site internet de la Maison Jaune
 
 
Mise en scène : Ghislaine Vincent.
Scénographie : Guylaine Petitclerc et Valérie-Anne Fiset.
Éclairages : Elsa Daigle.
Les 11 Interprètes:
Carolanne Bergeron, Lucie Gagnon, Jacques St-Pierre, Gisèle Giroux, André Toulouse, Cécile Gagnon, Danielle Lafrenière, Yannick Marquis, Marie-Claude Talbot, Danielle Thérriault, Patricia Viau
 
 
 
Crédit photos : Benoit Roy