DRAG

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Comme si deux individus évoluaient dans un monde parallèle.  Marie-Christine Arbour, avec DRAG,  propose un roman d’une facture toute spéciale. La marginalité des deux protagonistes, Claire et Nicolaï ne cesse d’étonner. Une femme, artiste-peintre de trente cinq ans en quête d’amour. Un musicien russe qui a rejeté le passé et qui se contente de jouer du piano sur la table. Comme si deux vies ressemblant à un échec individuel se réunissent pour devenir une réussite en commun. Riche chacun d’une autre identité. Après tant de rendez-vous manqués avec l’amour.

 

Deux individus, comme des transgenres, projettent une image différente aux autres pour être bien dans leur peau. C’est presque l’histoire de « Roméette et Julio » sauf le tragique de la fin. D’ailleurs est-ce que toutes les histoires d’amour ne sont pas des copies de ce grand drame de Shakespeare? « Il est sa belle et elle est beau ». Ce transfert de genre est fascinant et inhérent à la réussite du couple. La façon d’exprimer leur marginalité leur permet de s’affirmer et de s’intégrer à leur environnement. Mais ce n’est pas facile, « c’est comme si l’âme avait été un carré à enfoncer dans un cercle ». M-C Arbour a réussi à trouver la solution de la quadrature du cercle.

 

L’écriture de Marie-Christine Arbour est tout à fait remarquable. Concise, précise, nerveuse et surtout pleine d’affirmations qui suscitent la réflexion. Aphorisme, paraboles et tuti quanti parsèment le récit. « La possession commence par la parole ».

 

Claire est une artiste-peintre dans la trentaine. Solitaire et n’ayant jamais exposé ses tableaux, elle se retrouve acculée à la pauvreté. Claire, c’est aussi cette femme qui ne voudrait plus vraiment en être une. Mais un beau jour, elle fait la rencontre de sa voisine, une mystérieuse femme toujours vêtue d’une robe noire de matrone, qui passe son temps à fumer sur son balcon. De plus en plus troublée par ce personnage, Claire décide d’entrer en contact en lui laissant des messages sur le balcon. Cette voisine s’avère être un homme excentrique, musicien raffiné, originaire d’une lointaine Russie…

Drag raconte avec finesse l’évolution de cette histoire d’amour simple entre deux êtres un peu compliqués, mais qui assument totalement leur marginalité. Et ici, on n’espère rien de moins que

la rédemption. L’intérêt de ce roman réside également dans le style remarquable de l’auteure qui manie la phrase courte et l’aphorisme avec une dextérité inimitable.

 

Belle force d’écriture. À lire absolument!

 

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MARIE- CHRISTINE ARBOUR vit à Montréal. Elle a publié des nouvelles dans plusieurs revues. Elle est l’auteure des romans Deux et Deux (Planète Rebelle, 2000) et Une mère (Pleine Lune, 2008), ce dernier étant qualifié de «petit chef-d’oeuvre de subtilité et de finesse ». (Voir)

«Rares sont les écrivains, au Québec, qu’on oserait rapprocher de stylistes raffinés comme

Marcel Jouhandeau, dont on connaît l’ é c r i t u re parfaite et un peu maniérée […] je gratifierais Marie-Christine Arbour d’un tel honneur, à cause de certaines pages qui relèvent de la haute voltige, dans l’expression ou dans l’analyse.» (André Brochu, Lettre québécoises)

 

Nombre de pages : 183

Prix suggéré : 20 $

 

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