Le boss est mort

Mercredi le 13 avril avait lieu la première, à la salle Albert-Rousseau, du spectacle théâtral, Le Boss est mort, basé sur les l’oeuvre d’Yvon Deschamps et mettant en vedette Benoit Brière. 

Cette pièce, à un personnage, est inspirée des premiers monologues d’Yvon Deschamps, dont le tout premier date de 1968. Des unions quossa donne, en passant par l’argent ou le bonheur, avec des thèmes comme la guerre, la mort, la violence, l’éducation des enfants à l’époque et aujourd’hui, le câble de la télé et naturellement sa femme, son p’tit et son boss, Benoît Brière nous transporte dans les années 60 au cœur de la vie de cet homme incapable de prendre des décisions, qui attend que quelqu’un agisse pour que cela aille mieux dans sa vie.

Les personnages et les textes d’Yvon Deschamps vieillissent bien, tout comme lui d’ailleurs. Qui de mieux que Benoit Brière pour interpréter ce sympathique et pathétique personnage du travailleur. Avec ses mimiques, quelques déhanchements, il nous fait éclater de rire lorsqu’il décrit ses ébats sexuels avec sa femme. Puis quelques secondes plus tard, il nous émeut par son trémolo dans la voix, l’eau dans les yeux et des paroles qui nous transpercent de tristesse, nous touche de tendresse. Seul un acteur au talent aussi merveilleux que Benoit Brière pouvait s’attaquer à ce personnage légendaire qu’a créé Yvon Deschamps.

On peut dire qu’il y a eu un travail colossal et réussi, pour dépoussiérer remanier et bien agencer ces divers monologues d’Yvon sur ce travailleur avec son bon boss, sa femme et son p’tit, tout en nous racontant sa jeunesse avec sa grosse mère et son père alcoolique. Des histoires que l’on connaît par cœur, pour les plus vieux, mais qu’on redécouvre sous les intonations de Benoit Brière. Et ces histoires, les jeunes les découvrent sous un autre jour, tout aussi drôle, touchant et d’actualité bien franchement.

Au niveau du décor, de la musique et de l’éclairage, tout est discret. Comme seul décor, une descente d’escalier qui nous mène dans la cave où ce travailleur nous rejoint au bas de l’escalier pour nous raconter sa vie. En arrière-plan, quelques petites lumières pour former les étoiles dans le ciel, une petite ampoule dans l’escalier, puis à l’occasion un jet de lumière venant d’en haut, ou sur les côtés pour intensifier un moment spécifique. Et une musique douce, lors des monologues plus émouvants, nostalgiques et quelques bruits pour accentuer une scène et c’est tout. Toute la place est laissée au personnage et à ce qu’il a à dire. 

C’est un bel héritage qu’Yvon Deschamps lègue à son public, de faire revivre ses monologues, de leur donner un second souffle et de ramener dans le cœur de son public, la nostalgie d’une autre époque et de raviver la flamme d’amour pour notre humoriste légendaire que fut cet homme sympathique. 

Il n’y a qu’Yvon Deschamps pour réussir ce tour de force de parler de la femme comme des niaiseuses, de l’élevage des enfants à coup de claques sur la gueule, de parler d’un boss abusif,  et que le public en redemande, tellement il rit. Car il n’y a pas de malice dans ces propos, juste des constatations que cela existe des gens comme eux. Même si ce fut une autre époque, l’aventure de l’arrivée du câble dans la maison, est un de mes monologues préférés, avec celui naturellement des unions quossa donne. Bref, un humour piquant, abrasif parfois, mais qui ne fait que démontrer la bêtise humaine sous sa forme de base. Une image vaut mille mots, et des images, Yvon sait nous en mettre plein la tête. Ces personnages, bien qu’ils ne nous sont que racontés, semblent pourtant bien exister pour le public. Au fil de ces 2h 15 que dure le spectacle, on rigole avec eux, on s’attendrit, on se laisse séduire par eux, on s’y attache, on les trouve parfois un peu niais, mais on les aime bien. 

Jusqu’à la toute fin du spectacle, le public passe du rire au drame, de plaisir à la tendresse, de la joie à la tristesse en quelques secondes. Et bien que je ne vends pas le punch de la fin, je peux dire que dans la dernière minute du spectacle, le public va passer par des émotions de tristesse, à un rire soulagé, pour l’apogée de ce fabuleux spectacle. 

La seule ombre au tableau à mon avis, c’est que parfois, lors des moments plus dramatiques, la voix de Benoit se perdait dans les premières rangées et je suis certaine que les gens en arrière ont eu de la difficulté à entendre toutes les phrases. 

C’est un évènement à ne pas manquer, une réussite totale! 

Réunir le génie d’Yvon Deschamps à l’immense talent d’acteur de Benoit Brière, quossa donne? Un moment de pur bonheur! 

Cette pièce est présentée à la salle Albert-Rousseau du 13 au 16 avril 2011 à 20h et en supplémentaire les 2 et 3 avril 2012.

 

Une co-production Les Productions Pourquoi le boss inc. et du Théâtre Il va sans dire en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous

Texte Yvon Deschamps

Avec Benoît Brière

Mise en scène Dominic Champagne

Scénographie Michel Crête

Musique Michel Smith

Costume François Saint-Aubin

Lumière Martin Labrecque

Assistance à la mise en scène Marie-Hélène Dufort

Direction de production Michel Rioux

Production délégué Philippe Gendreau

 

http://lebossestmort.com/

www.mercurecommunication.com 

www.sallealbertrousseau.com

  

Crédit photo : Productions Pourquoi le boss inc.