Franchise Postale de Pierre Richard

Pour son deuxième spectacle solo, après son fracassant succès Détournement de Mémoire, présenté à Montréal il y a quelques années, Pierre Richard revient au Québec pour présenter Franchise postale. Cette nouvelle comédie, est d’abord présentée, en grande première Québécoise, le 27 avril au Théâtre du Capitole de Québec.

Dans un décor simpliste, qui couvre à peine le quart de la scène, avec un plancher en pente et une couple de marches dans lesquels il s’assoie parfois, avec autour de lui, jonchés, ici et là, des piles de lettres, et derrière, un rideau aux allures de ciel bleu nuageux. Voilà tout ce qu’il lui faut pour amener le public dans son univers où il répond bien simplement, de manière parfois touchante, parfois comique aux lettres de ses admirateurs.

Ses premières paroles donnent le ton au spectacle. Sur une petite musique de jazz, Pierre Richard avoue avoir un penchant pour ce genre de musique et pour lui, le Jazz et le burlesque sont faits pour s’entendre. Ils vont bien ensemble. Et c’est ainsi que, tout au long du spectacle, les anecdotes savoureuses, les situations burlesques, vont s’alterner avec les moments plus tendres de ses rencontres et son admiration pour les grands de ce monde comme Brassens, Aznavour et Marcel Marceau, où l’accompagne alors un petit air de Jazz. 

À l’occasion de ses confidences, de ses anecdotes l’arrivée sur scène de son fils Olivier Defays qui interprète au saxophone son air de Jazz vient amplifier le moment ou donner un répit à ses élocutions. On sent une grande complicité entre le père et le fils. De petites pointes drôles, des moments tendres (lorsque Pierre fredonne sur l’air que joue son fils), des interludes réconfortants, voilà ce qu’apporte cette touche musicale au spectacle.

 

À travers quelques lettres de son public, que ce soit cette personne dépressive aux idées de suicide collectif, ou cet homme qui désire un nouveau parti politique, le S.L.I.P ou cet autre homme, en quête de devenir une vedette, sans pour autant travailler à son métier d’acteur, ou encore, cet admirateur congolais qui se frise et se teint les cheveux en blond et pourchasse les chutes et maladresse pour ressembler à son idole, ou cet homme obsédé par l’ordre et la propreté qui invite Pierre Richard à un humour bien rangé. Bref, de ces courtes lettres, Pierre Richard en profite pour se confier, raconter ses premiers pas d’acteur avec un professeur assez troublant,  évoquant ses doutes, ses remises en question, son rapport à la célébrité, sa vision de la société et surtout, en donnant une magnifique leçon de vie au public. À tout moment, il sait trouver la fantaisie dans chaque chose, il nous émerveille, nous enchante tel le Petit Prince qui nous fait découvrir la vision de ses personnages plus grands que nature. 

Dans ses anecdotes désopilantes, Pierre Richard n’a rien à envier à Marcel Marceau pour la façon dont il mime l’action que ce soit lorsqu’il plonge avec ses palmes dans l’eau pour tenter de récupérer sa ceinture de plomb qui l’empêcher de remonter à la surface, lors de son initiation à la plongée. Ou lorsqu’il imite son partenaire de jeu sur scène qui doit lever un cercueil beaucoup trop lourd, tout en récitant son texte en chuintant! Des moments succulents, à l’humour autant physique qu’intelligent! On en oublie facilement que ce grand comique a maintenant 77 ans! L’âge n’a pas d’emprise sur son énergie et son immense talent. 

À d’autres moments, ce sont des hommages à ses idoles et amis de renom que Pierre nous convie. Que ce soit lors de sa discussion avec le mime Marceau lors de sa session chez le dentiste, ou sa mésaventure avec l’écharpe de Charles Aznavour, ce grand comique nous fait rire, pour nous amener ensuite à un moment plus touchant. Par exemple, en parlant avec affection de ces gens qu’il aime qui ne sont plus de ce monde, Pierre Richard s’est interrogé sur la pertinence de faire une minute de silence pour ces disparus. Pourquoi ne pas plutôt faire une minute de bordel? Pourquoi ne pas avoir envie de crier, de brasser et tout casser pour ceux qui n’y sont plus. Une minute de bordel cela défoule bien plus qu’une minute de silence.

 

 

Un spectacle à l’image de ce grand comique!  Et voici comment il se décrit lui-même durant le spectacle, pour démontrer qu’il aime la vie et n’est point malheureux « Je suis comme un bouchon de liège que l’on jette à l’eau. Malgré les grosses vagues qui tentent de me caler au fond de l’eau,  je remonte toujours à la surface et je flotte.»  

En résumé, le public a droit, pendant une heure trente, à un humour rempli de fantaisie, un hommage à ses idoles, des anecdotes désopilantes, bref, une magnifique leçon de vie de la part de notre Petit Prince français!

   

Textes de : Pierre Richard, Christophe Duthuron

Saxophone : Olivier Defays

 Le spectacle de Pierre Richard est présenté les 28-29 avril à Montréal à la place des Arts et le 30 avril à Toronto au  Winter Garden Theatre.

 www.lecapitole.com

 Pour un extrait du spectacle : http://www.dailymotion.com/video/xfb94b_franchise-postale-le-retour-du-gran_fun

 http://www.showoneproductions.ca/

 

 

crédit photos : Pascal Dumas