S comme Sophie

 

«  La folie, c’est ça, c’est une descente aux enfers dans des lieux familiers, c’est une chute libre à l’intérieur de soi, c’est un trou noir dans un trou noir dans un autre trou noir au fond desquels je vois un homme se faire éviscérer vivant sur une place publique pendant qu’une femme dans la foule, qui ressemble à sa mère, est le témoin impuissant de sa souffrance et de son agonie… ».

 Un journal personnel d’un homme qui se tient en équilibre sur un fil de fer entre la folie et la  santé mentale. Quelle est la part hallucinatoire et celle de la réalité dans sa vie? Le narrateur dit clairement que «  ma vie est intelligence peuplée de fantômes qui font semblant d’exister et de gens réels qui sont devenus fantômes ».

 Pierre Chevigny avec S comme Sophie livre au lecteur un long voyage de l’intérieur. Le narrateur, malgré sa folie, est d’une lucidité tranchante comme une lame bien affûtée. Il porte un regard on ne peut plus accablant sur la société dont il fait partie malgré lui. Sa seule planche de salut, son fils de trois ans. Qui vient établir la frontière entre la réalité et la fiction.

 Un ouvrage dérangeant. Une écriture originale. Un roman à lire absolument.

 Le narrateur de S comme Sophie semble mener une vie «normale». Il écoute de la musique, il va boire et draguer au Cheval blanc ou aux Bobards, il conduit son fils à la garderie, il assiste à un lancement de poésie au Saint-Sulpice, il écrit un roman et en discute avec son ami Richard… Mais il voit aussi un rat traverser son appartement, puis les yeux de centaines de rats tapis sous ses meubles, il voit un doigt coupé dans un verre et des coups de couteau s’enfoncer dans le dos de Sophie, une ancienne amoureuse qui l’a quitté ou… qu’il a peut-être tuée, il ne sait trop. Confus et pourtant lucide, sans illusion sur lui-même et sur ce qui l’entoure, il jette sur le monde un regard cynique, empreint d’humour noir, tranchant comme un scalpel ou comme le couteau avec lequel il a peut-être tué Sophie. Son affect est trouble, mais son intelligence est vive. Il se dit fou.

 

 Pierre de Chevigny est né à Montréal en 1950 et il y vit toujours. Il travaille comme intervenant depuis plus de trente ans à l’institut Philippe-Pinel, hôpital psychiatrique spécialisé dans le traitement de patients présentant un risque élevé de comportements violents. Parallèlement à son travail, il a écrit beaucoup de poésie et des paroles de chansons avant de se tourner vers l’écriture romanesque.

 

Nombre de pages : 140

Prix suggéré ; 20 $

 www.editionsxyz.com