Nous est un autre
La guerre consiste à se débarrasser de l’autre. Et l’autre consiste à ne pas être moi. Surtout pas moi. Et pourtant… nous sommes tous l’autre pour un autre qui n’est pas nous. La guerre : cercle fait d’aveuglement qui se resserre sur lui-même jusqu’à l’étouffement. Pourquoi la faisons-nous? Pour de la terre, du pétrole, une idée. Pour rien, finalement, quand ceux qui s’entretuent, vidés et déshumanisés, ont oublié la raison de leur acharnement. La guerre, quand elle se fait ailleurs devient un spectacle pour ceux qui ne la font pas. Pour ceux qui s’enfoncent dans un sentiment d’impuissance ou s’étourdissent dans un sentiment d’indifférence. Mais il y a ceux et celles qui en témoignent au risque de leur vie. C’est la lecture du livre d’Anna Politkovskaïa – Tchétchénie, le déshonneur russe – qui m’a amené à écrire Cantate de guerre et à m’interroger sur les rapports entre la guerre et le théâtre. Un livre dur, cru, qui évite manichéisme et leçon de morale à bon marché.
Larry Tremblay
Auteur
photo: Valérie remise -Théâtre d’Aujourd’hui