Entrevues avec les artisans du film French Immersion

French Immersion (C'est la faute à Trudeau)

J’ai vu, sur invitation de presse, le film bilingue French Immersion (c’est la faute à Trudeau), du même producteur et coscénariste Kevin Tierney que pour le film Bon Cop Bad Cop, qui met en vedette entre autres Robert Charlebois, Pascale Buissière, Yves Jacques, Rita Lafontaine, et Karine Vanasse, pour ne nommer que ceux-là. Le film prend l’affiche le 7 octobre prochain et mon appréciation du film se trouvera dans la section cinéma dès le 6 octobre. 

Entrevues : C’est mercredi le 28 septembre, à l’auberge Saint-Antoine que j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec les artisans du film French Immersion. Il y avait sur place le coscénariste, coproducteur et réalisateur Kevin Tierney ainsi que les comédiens Yves Jacques et Rita Lafontaine.  Par la suite, ce même soir, le 28 septembre, le film était présenté au Palais Montcalm dans le cadre du Festival de cinéma de la ville de Québec qui se tient du 21 septembre au 2 octobre 2011. Pour l’occasion, les artisans de ce film (Kevin Tierney, Yves Jacques et Rita Lafontaine) ont défilé sur le tapis rouge devant le Palais Montcalm. 

 

 

SYNOPSIS

French Immersion est une comédie bilingue contemporaine racontant l’histoire de quatre Anglo-Canadiens et un New-Yorkais qui se rendent au village fictif et éloigné de St-Isidore-du-Cœur-de-Jésus dans le fin fond du Nord du Québec afin de prendre part à un programme d’immersion française de deux semaines. Il s’agit de l’endroit parfait pour s’immerger dans la langue française puisque, selon le dernier recensement, 99 % des habitants sont des Québécois pure laine, unilingues français et fervents nationalistes qui, à l’exception d’une seule personne, portent tous le nom TREMBLAY. 

Kevin Tierney

Questions pour Kevin Tierney (réalisateur et scénariste, producteur) : D’où est venue l’idée de base du film? 

Kevin : « Jefferson Lewis m’a appelé, il y a 20 ans environ, car il voulait me rencontrer, avec Francis Mankiewitz pour parler d’un projet. Il m’a dit que sa belle-sœur venait de passer 4 semaines à Jonquière dans un programme de “French Immersion”. Je savais ce qu’étaient ces cours d’immersion française à l’époque, car ils étaient devenus de rigueur pour beaucoup d’anglophones, surtout ceux qui travaillaient dans la bureaucratie canadienne ou ceux qui voulaient une promotion dans leur travail s’ils étaient bilingues. C’était une initiative de Trudeau à l’époque… Donc c’est de cela qu’on a parlé, mais le projet n’a jamais été plus loin que cette idée de départ. On l’a un peu oublié au fil des ans, puis a eu lieu la mort tragique de Francis… Donc, j’ai complètement oublié cette idée de film jusqu’après la sortie de Bon Cop Bad Cop, à Toronto, alors que je devais aller présenter le film Les bons débarras. Pour l’occasion, Monique, la femme de Francis et ses deux enfants étaient présents, et comme je ne voulais pas être trop mélo, bien que j’étais triste, j’ai voulu raconter une petite anecdote, et je me suis souvenu du sujet French Immersion et j’ai raconté, que bien que Bon Cop Bad Cop est le premier film bilingue qui a été fait, ce n’était pas la première idée de film bilingue qu’on avait eue, et je raconte l’histoire d’il y a 20 ans. Et je termine en disant, que ce n’est qu’un tragique accident qui a fait que ce soir je ne suis pas là pour présenter le film :  Bon Fonctionnaire, Bad Bureaucrate! Et les gens ont bien ri. Et le lendemain, je me suis dit que ce serait une bonne idée de faire ce film finalement et j’ai appelé Jeff pour qu’on écrive le scénario. » 

Question : Est-ce que les Canadiens anglais et les Canadiens Français (Québécois) ont le même humour? 

Kevin : « Je ne pense pas que ce soit très différent. Je pense que la différence est plutôt verbale (cérébrale) par rapport à l’humour plus physique. Les québécois, comme Patrick Huard (un vrai génie au niveau de l’écriture, une coche au-dessus des autres), Marc Labrèche (est vraiment très drôle) Louis-Josée Houde (si je peux réussir à comprendre ce qu’il dit), Michel Barrette, ils font tous de l’humour plus verbal et sont très drôles. Aussi, il y a certains sujets que les anglophones (Canadiens anglais)  n’abordent pas, mais qu’on retrouve dans des one man show comme celui de Huard, où il est capable de faire un numéro complet sur un gars qui va mourir du cancer. C’est osé comme approche et je pense que le Canadien anglais n’irait pas jusque-là… dans French Immersion, on a essayé de faire un humour plus universel, basé sur la culture et non pas sur la politique vraiment. On a fait des caricatures par rapport à la politique, mais on va surtout plus loin dans l’humour par rapport à la culture québécoise et canadienne, ses préconceptions, ses préjugés, ses préoccupations. Par exemple, l’américain qui arrive au Québec en plein mois de juillet avec ses skis sur le toit de son auto, car pour lui, il est sûr qu’il va y avoir de la neige au Québec, même en été. C’est donc, ce que j’ai représenté dans le film. Je lui ai donné raison. Ce sont des petits clins d’œil comme cela que je pense vont être appréciés dans une langue ou l’autre. » 

Question : Pour la distribution des Québécois et des anglophones pour le film, quels ont été vos critères pour les choisir en général? 

Kevin « D’abord, je voulais avoir les anglophones avec des accents différents. Le politicien de Terre-Neuve, parle avec un accent de Terre-Neuve. L’hôtesse de l’air de la Jamaïque parle avec l’accent jamaïcain. Le gars de l’Ouest parle comme un gars de l’Ouest canadien. Et le gars de New York, par contre, on est allé dans le parler plus neutre. On ne voulait pas prendre trop le stéréotype de l’accent New Yorkais. Ceci a été fait exprès. Les accents pour moi, c’est comme une musique. Du côté francophone, une des choses fantastiques au Québec, c’est que tu peux te faire une liste de distribution de rêve et presque tout le monde va accepter de te rencontrer. C’est extraordinaire. Par exemple, j’adore Robert Charlebois, alors je voulais une icône, quelqu’un de plus grand que nature, pour le rôle du sénateur. Je l’ai appelé, il est venu me rencontrer dans un café de Montréal et il a dit oui. Il est tellement un comédien naturel. Il adore les jeux de mots, il est un raconteur né. Il est drôle dans toutes les langues. Et son physique, pour moi, il a l’air du fils de Walter Matthau. Et avec les autres comédiens, cela a été pareil. Personne n’a passé d’auditions, mais ils m’ont rencontré et je leur ai parlé du film. Et je peux être très convaincant.» 

Rita Lafontaine

Questions pour Yves Jacques et Rita Lafontaine, en simultanée : Qu’est-ce qui vous tentait quand Kevin vous a approché pour ce rôle tellement drôle que vous avez dans le film? 

Rita : « J’aime beaucoup rire, mais je suis capable de faire un travail sérieux tout en riant. Au départ, ce n’était pas tellement précis comme personnage, lorsqu’il me l’a présenté. Je ne savais pas trop de quoi il était question au juste, mais on en a parlé avec Kevin et mon personnage s’est mieux défini et j’ai été très contente de le jouer et faire partie de ce beau film. On s’est bien amusé sur place avec l’équipe, et Kevin est très encourageant. Il soutient les personnages et il nous apporte la confiance pour les jouer. » 

Et pour vous? Ce rôle avec cette voix qui surprend à chaque fois. Est-ce que c’est vous qui avez amené cette idée au personnage? 

Yves : « J’ai composé ce personnage à partir des frères de l’école chrétienne que j’ai connue à l’époque. Au primaire on avait un frère qui s’appelait M. Caron, mais il était tellement sévère qu’on se disait qu’il était surement allemand et on lui avait donné le surnom FritzVonCaron. Donc, j’ai donné cette voix à mon personnage qui est le surveillant de la salle d’étude. Au départ, Kevin voulait que je fasse quelqu’un avec une queue de cheval. Mais moi, comme il est un péquiste très mordu, je ne disais que ce serait drôle qu’il ait la tête comme Yves Bérubé et Denis Lazure à l’époque de René Lévesque, avec la ligne de barbe en-dessous du menton. Et tout le côté un peu scout dans le costume, une idée de Mario Davignon aux costumes. » 

Question : Ce sont tous des personnages très caricaturaux. 

Yves : « Il y a tellement de monde dans ce film, qu’il faut que chacun se distingue par un trait très typique. C’est ce qui permet à chacun d’exister. C’est un film choral. C’est comme un film à relais. On est tous là pour les autres. » 

Question : Dans ce film, vous jouez la grand-mère dans la famille jouée par les comédiens Leboeuf (Marcel, Laurence et Diane Lavallée), comment c’était sur le plateau de tournage? 

Rita : « Je pense que c’était la première fois que les trois de la même famille jouaient ensemble… C’est difficile à décrire l’atmosphère qui règne sur un plateau de tournage. On a du plaisir, tout en étant sérieux. En fait, on est très sérieux lorsqu’on fait de la comédie. Et à l’inverse, on a besoin de beaucoup rire lorsqu’on joue du drame pour pouvoir évacuer le trop-plein. Tandis que là, c’est simplement une joie, intérieure. On rit en dedans.» 

Yves Jacques

Le tournage a eu lieu dans le village de Saint-Césaire? Pourquoi là? 

Yves : « Cela s’est tourné dans un vieux couvent de sœur, avec des sœurs à cornettes. Cela fait peur ces photos de sœurs sévères…On trouvait de tout à cet endroit. Il y avait le village à côté du couvent, où on a utilisé une des rues pour tourner. Ce n’était pas trop loin de Montréal et cela recréait bien l’atmosphère et tous les décors se retrouvaient dans un même lieu. » 

Comment les gens du village vous ont-ils accueillis? 

Yves : « Ils ont été très gentils, sauf qu’on a eu un petit problème avec une dame qui sortait sur son balcon et nous montrait plus qu’il n’en fallait. Et parfois, elle sortait et nous engueulait et elle rentrait chez elle à nouveau. C’est arrivé quand on tournait la bataille de hockey… Dès qu’il y a une caméra, il y a toujours des gens rébarbatifs ou qui veulent s’exprimer et en profitent pour gueuler deux trois affaires qui n’ont pas du tout rapport avec le film bien souvent. Ils veulent juste se faire entendre j’imagine. » 

 

Il y a le tapis rouge ce soir et c’est présenté à notre premier festival du film de Québec.

 Yves : « Il y a déjà eu un festival du film à Québec avant.  Il y a eu un premier festival du film de Québec, puis Serge Losique voulait avoir tous les festivals et il est venu damer le pion à ce festival et il a créé son propre festival. C’était ridicule et cela a tué l’autre festival. Mais quand Losique en a eu assez, il est parti et il y a eu le festival des trois Amériques. Et maintenant il y a celui-là et je suis très content. Si j’étais la personne de la SODEQ qui veut faire un autre festival de film à Montréal, ce qui sera très difficile. Il serait mieux d’investir dans Québec, c’est une belle ville. Les gens vont aimer venir ici. C’est une ville cinématographique, Hitchcock a tourné ici et Robert Lepage aussi.  » 

Le film a été présenté à Angoulême aussi. Y étiez-vous? 

Yves : « En fait, c’est grâce à Robert Charlebois que le film a été présenté à Angoulême. Car un jour, il a eu les clés de la ville. Il est connu comme Barabas dans la passion. Et donc, Robert a été invité et c’est lui qui a parlé du film. Donc, ils ont voulu voir le film. Alors seulement Kevin est allé avec Robert pour présenter le film. Pour voir la réaction des Français un peu. » 

Rita, Yves et Kevin

Pour apprécier ce film, il faut avoir un bel esprit d’autodérision envers notre langue, notre culture, non? 

Yves « C’est ce qu’on demande au public avec un film comme celui-là. Il faut être capable de rire de nos travers et de nos convictions. On a souvent de grandes convictions, et l’autre à côté vient détruire ce qu’on pensait. Il faut accepter de ne pas toujours avoir raison, mais ce n’est pas facile. Mais tout cela est fait dans le rire. Il n’y a pas vraiment de message dans ce film. » 

Rita : « S’il y a un message sous-jacent, il passe bien ce message,sans qu’il soit trop souligné.  Quand cela passe dans le rire, c’est toujours plus facile. Et en fait, c’est comme un conte ce film. Et on a bien hâte de voir ce que les gens vont en penser.» 

Le film a été présenté au festival du film de Québec, mercredi le 28 septembre, puis il prendra l’affiche dans les cinémas, le 7 octobre prochain. 

FRENCH IMMERSION
(c’est la faute à Trudeau)

UN FILM DE PARK EX PICTURES 

Fiche Technique

Réalisé par Kevin TIERNEY

Produit par Claude BONIN et Kevin TIERNEY

Scénarisé par Jefferson Lewis et Kevin TIERNEY

Idée originale de Jefferson LEWIS

Casting : Rosina BUCCI

Directrice de la photographie : Nathalie MOLIAVKO-VISOTZKY

Directeur artistique : Jean BÉCOTTE

Costumes : Mario DAVIGNON

Coiffure : Martin LAPOINTE

Maquillage : Colleen QUINTON

Monteur : Arthur TARNOWSKI

Son : Claude HAZANAVICIUS, Pierre-Jules AUDET, Bernard GARIEPY STROBL

Musique :  Laurent EYQUEM

Directrice de production : Hélène ROSS

Première assistante, réalisation : Anne SIROIS

Scripte : Milena POPOVIC

Directeur de postproduction :Pierre THERIAULT

Relations de presse : IXION Communications

Distribution TVA Films

 

Distribution :

Aretha Marley : Olunike ADELIYI

Thérèse Tremblay : Dorothée BERRYMAN

Euclide Tremblay : Jean-Guy BOUCHARD

Cathy O’Reilly : Martha BURNS

Sylvie Tremblay : Pascale BUSSIÈRES

Denise Tremblay : Julie CARON

Sénateur O.O. Tremblay : Robert CHARLEBOIS

Bobby « Smith » Sexton : Gavin CRAWFORD

Colin MacGonagle : Fred EWANUICK

Michael Pontifikator : Colm FEORE

Pat Tremblay : Amélie GRENIER

Kumar Dalbeer : Ali HASSAN

Pierre-Émile Dagenais : Yves JACQUES

Rhéauna « Grand-mère » Tremblay : Rita LAFONTAINE

Ghislaine Tremblay : Diane LAVALLEE

Chantale Tremblay : Laurence LEBOEUF

Mario Tremblay : Marcel LEBOEUF

Denis Tremblay : Peter MACLEOD

Prêtre (Père Tremblay) :Sylvain MARCEL

Ginette Tremblay : Monique SPAZIANI

Jonathan Hornstein : Jacob TIERNEY

Julie Tremblay : Karine VANASSE

Jennifer Yates : Emmanuelle VAUGIER

Michel ‘Mike’ Tremblay : Christopher WILLIAMS 

Festival du Cinéma de Québec

 

Crédit photos : Benoit Roy 

www.frenchimmersionlefilm.com 

Festival de cinéma de la ville de Québec :

www.fcvq.ca