Eugène Onéguine : Un torrent de romantisme…un grand opéra à découvrir

Choeur de l’Opéra de Québec

C’est avec un immense plaisir que j’ai assisté jeudi le 20 octobre dernier à la présentation générale de l’opéra Eugène Onéguine de Tchaïkovski.  Opéra inspiré de l’œuvre écrite d’Alexandre Pouchkine.

En guise d’introduction je dois vous avouer humblement que je suis plutôt amateur d’opéra…amoureuse d’opéra…je dirais même… « en quête de découverte » au niveau de cet art.  Donc, bien loin de moi d’avoir la prétention d’être érudite en la matière et d’en faire une chronique des plus étoffée au niveau technique.

Mon appréciation s’adresse à un public élargi.  Donc n’ayez crainte, je peux d’emblée vous dire que cet opéra est accessible à tous.  Grâce à sa générosité, l’Opéra de Québec permet aux étudiants de la région d’assister gratuitement aux représentations lors des générales.  On pouvait donc noter que dans l’assistance, plus de 1200 étudiants étaient présents.  Ils étaient très attentifs à ce spectacle grandiose et applaudissaient très chaleureusement les artistes durant leur prestation.  On ressentait très bien leur enthousiasme et leur appréciation de l’oeuvre.

L’opéra nous est présenté en version originale russe avec surtitres français.  Cela permet de très bien comprendre l’œuvre dans son ensemble.

C’est dans un décor des plus minimaliste, mais efficace, sur un fond d’arbres sombres dénudés, que nous est présenté le premier acte.  Arrive en scène Olga et Tatiana, deux jeunes filles bien à l’opposées l’une de l’autre, vivant dans une campagne paisible.  Insouciante et enjouée, Olga est des plus terre à terre, tandis que Tatiana, plus timide et réservée, vit dans son univers romantique inspirée de par ses lectures.

Olga est courtisée par le poète Lenski, son voisin et ami de toujours.  On aperçoit ce dernier arriver en scène accompagné du charmant dandy Eugène Onéguine, en visite chez son ami.

Tandis que Lenski fait la cour à sa dulcinée, Onéguine fait la conversation àla timide Tatianaet cette dernière découvre en Onéguine celui quelle attendait depuis toujours.  Bang !.  Son cœur s’enflamme pour lui, et elle décide donc de lui écrire une lettre lui avouant ses sentiments.  Et c’est dans ce tableau qu’on peut entendre la merveilleuse prestation lyrique de Tatiana, écrivant sa lettre avec tout son cœur.  Cette interprétation  sublime de cette soprano lui a valu des applaudissements des plus chaleureux.

Une petite parenthèse en ce qui concernela soprano Tatiana Larina : elle porte exactement le même nom que le rôle qu’elle interprète dans cet opéra !… Coup du Destin…?

Onéguine reçoit la lettre de Tatiana, et tel un dandy de son époque, fait savoir à Tatiana qu’il n’est vraiment pas fait pour le mariage et la remercie froidement de ses aveux.  Fin du premier acte.

Le deuxième acte débute par un bal donné chez les Larina à l’occasion de l’anniversaire de Tatiana.  Le décor se métamorphose pour devenir un peu plus flamboyant, de même que les costumes des membres du chœur de l’opéra, qui deviennent somptueux, très élégants.  De belles robes de bal pour les dames et de très beaux habits pour ces messieurs.  Un plaisir pour l’œil.  On nous en met pleinla vue.  On apprécie de voir les membres du chœur de l’opéra valser au son d’une musique des plus enlevante.  C’est la fête.

Ombre au tableau : tout le monde s’aperçoit du traitement qu’Onéguine réserve à Tatiana, cette dernière, laissée finalement pour compte par son beau dandy.  Ça jase… des remarques des plus négatives fusent de partout et Onéguine, honteux et en colère contre son ami de l’avoir amené à ce bal, décide de se venger de Lenski en courtisant sa fiancée,la belle Olga, qui, elle, accepte d’emblée ce petit jeu et s’amuse follement aux bras de ce dernier.  C’est la guerre entre les anciens amis.  S’en suit un duel mortel entre les deux soupirants et Lenski meurt.

Après ce triste drame, Onéguine disparaît pendant plusieurs années, pour ensuite revenir à St-Pétersbourg.  C’est le début du troisième acte.  C’est à ce moment que le destin le mets face à face avecla belle Tatiana, devenue une grande dame de la société.  « Elle brille comme une étoile dans la nuit » peut on lire dans les sur titres.  Et oui, vous devinez qu’après toutes ces années, celle qu’il a laissée pour compte, celle pour qui il n’avait aucun sentiment, celle qu’il a rejetée, devient la flamme de ses désirs.   Onéguine devient éperduement amoureux d’elle.  Il est prêt à tout pour reconquérir sa belle d’autrefois.  Im implore sa belle de lui pardonner.  Sa déclaration d’amour à Tatiana laisse cette dernière en pleurs.  Elle aime encore Onéguine, lui avoue même son amour pour lui,  mais malgré tout, décide de demeurer fidèle à son mari et abandonne Onéguine seul face à lui-même.  Onéguine est dévasté et s’effondre en larmes car il réalise finalement qu’il a perdu l’amour de sa vie.

 

Jean-François Lapointe

C’est dans cette finale, ce dernier tableau, que Jean-François Lapointe, artiste de renommée internationale originaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean,  nous démontre encore et encore son immense talent.  Ce dernier nous livre une puissante interprétation de son personnage, une sublime performance, nous laissant voir un Onéguine anéanti.  Il sait rendre plus vrai que vrai son personnage, il l’interprète corps et âme avec brio.   Un moment mémorable du spectacle.   Sa prestation finale lui a valu une ovation spontanée immédiate de la part du public !.

L’histoire en soi n’est pas des plus complexes.  C’est une histoire d’amour telle qu’on peut en vivre à notre époque.  Les siècles ont beau défiler années après année, les gens évoluent, nous n’avons qu’à changer les noms et les lieux de cet œuvre et on s’y reconnait tous … l’amour demeure toujours l’amour.

Les sur titres sont très agréables à suivre et sont d’un romantisme à faire fondre le cœur de toutes les dames.  (ps : Messieur, prenez des notes !)…

Je me dois de noter que les couplets de M. Triquet, chantés pourla belle Tatiana, m’ont bien amusé.  En prime, ceux-ci sont interprétés en français car le personnage est français.  Une très belle interprétation de la part de Hugues Saint-Gelais, un ténor à la voix très puissante.

Bien évidemment je ne peux passer sous silence l’excellente prestation de l’orchestre symphonique de Québec sous la direction musicale de Daniel Lipton.

Présenté les 22,25,27 et 29 novembre 2011 àla Salle LouisFréchette du Grand Théatre de Québec

Chef d’orchestre : Daniel LIPTON

Metteur en scène : François RACINE

 

Eugène Onéguine
Lenski
Tatiana
Olga
Le Prince Grémine
Madame Larina
Filipievna
Monsieur Triquet
Zaretski
Un Capitaine
Jean-François LAPOINTE, baryton
Dmitry TRUNOV, ténor
Tatiana LARINA, soprano
Margarita GRITSKOVA, mezzo-soprano
Alexander SAVTCHENKO, basse
Sonia RACINE, mezzo-soprano
Emilia BOTEVA, mezzo-soprano
Hugues SAINT-GELAIS, ténor
Pierre-Étienne BERGERON, baryton
Michel CERVANT, basse

 

Le Chœur de l’Opéra de Québec

L’Orchestre symphonique de Québec

Version originale russe avec surtitres

www.operadequebec.qc.ca

Crédit photos : Louise Leblanc