L’Homme Blanc est l’histoire d’un jeune Soviétique né en 1937, dans les camps de travail en Sibérie. Comme il va de soi dans les geôles de Staline, Kolia perd ses parents alors qu’il n’a que six ans. Il y survit, tant bien que mal, avec de maigres rations, des travaux dégradants et il n’a aucune notion de ce qui se passe à l’extérieur. Cet univers de peur, de froid et d’isolement semble définitivement son destin. Kolia n’a d’humain que son corps, habillé de sa peau sale et de ses vêtements troués.
Alors qu’il est âgé de 10 ans, Kolia fait la connaissance de Iossif, un jeune prisonnier adulte, qui le prend sous son aile et lui enseigne à lire. Ce mécène apporte un peu de baume au quotidien de l’enfant et il se développe entre eux, une certaine forme d’amitié. Un jour, Iossif disparait mystérieusement.
Libéré à 16 ans, Kolia découvre la Russie des années cinquante, un monde énigmatique pour un enfant du goulag. « La ville l’effrayait, il se sentait menacé et surveillé partout ». « Il lui arriva de penser que mourir serait plus simple »
Nous le suivrons, sur la ligne du temps, faire sa petite place dans un monde soviétique qu’il décrira finalement comme « juste un peu plus libre que le bagne ». Kolia demeure un être solitaire, un mésadapté. Au fur et à mesure de ses rencontres avec des individus tout aussi tordus que lui, il deviendra un clown (blanc) pour le cirque de Moscou.
Il restera pourtant, dans le souvenir de son passé, son ami Iossif, disparu mystérieusement. Sa quête pour le retrouver sera la trame de fond, le fil conducteur de ce roman.
Ce premier roman de Perrine Leblanc a remporté le grand prix du livre de Montréal 2010 ainsi que le combat des livres 2011.
Ce roman de 171 pages diffère de ce qu’une jeune auteure nous propose habituellement. Perrine Leblanc a choisi un chemin peu fréquenté pour une première œuvre. Quelle audace de sortir du Québec et nous transporter dans un contexte aussi déroutant que le milieu carcéral du bloc soviétique!
Perrine Leblanc entraine le lecteur dans un univers austère, qui donne froid dans le dos… Les personnages, brisés par la vie, sont dépouillés de sentiments. Ce roman surprend et captive tout à la fois. Il surprend par sa narration dénudée d’émotions et nous tient captif par l’énigme de la mystérieuse disparition de Iossif.
Perrine Leblanc est un nom à retenir et soyez assurés que je serai à la première loge pour lire sa prochaine parution.
Perrine Leblanc est née à Montréal en 1980, L’Homme blanc est son premier roman.
crédit photo: Frédérick Duchesne
Éditeur: Polygraphe Le Quartanier
www.lequartanier.com
170 pages
Prix suggéré: 21.95$
