Comme l’ont fait bien des artistes québécois ces dernières années, c’est au tour de Michèle Richard de nous présenter sa biographie, avec la collaboration de l’auteur Benoit Gignac. On pourrait croire, avec la vie publique qu’elle a eue, la couverture médiatique assidue autour de sa vie privée et les diverses téléréalités sur sa vie qu’il n’y a plus rien à apprendre avec ce livre, et pourtant…
Personnellement, j’adore lire des biographies de gens célèbres (autant québécois qu’américain) et je peux dire que celui de Michèle Richard est l’un des plus complets et captivants que j’ai lu. Trop souvent, les biographies s’éternisent sur les détails de la carrière de l’artiste et la vie privée est peu exploitée.
On y retrouve de tout dans ce livre : En plus de raconter son histoire dans le bon ordre, de son enfance, jusqu’à aujourd’hui, en pensant par un premier chapitre sur la carrière et la vie de son père, ce bouquin contient plusieurs photos, en noir et blanc et en couleurs, de Michèle puisées pour la plupart dans sa collection personnelle de clichés. À la fin du livre, on a aussi des copies de certaines lettres importantes pour Michèle, (de Doris Lussier et Michel Jasmin par exemple). Et on a aussi une liste impressionnante du parcours de Michèle (discographie, télévision, scène et filmographie). J’aime beaucoup aussi la façon dont sont disposés les chapitres, par bloc d’années chronologique, avec au tout début de chacun, une rétrospective en bref des évènements marquants les années de ce chapitre, au point de vue culturel québécois et un survol en bref de la carrière de Michèle durant ces années.
Avec ce livre, on peut dire que Michèle Richard se met vraiment à nu pour son public et décrit en détail tout ce qu’elle a vécu. On a droit à la version de Michèle Richard, sur les évènements de sa vie qui ont pour la plupart, été dans les médias. On a droit à sa vérité. À l’âge de 65 ans, elle ressent le besoin de raconter sa vie, avec ses mots, ses tripes et tout son cœur, sans fard, sans tricherie, sans faux-fuyants.
On y découvre la « fille à son père », la travailleuse autonome, la femme enfant, la voyageuse, l’amie, la combattante et bien d’autres. Mais, derrière son histoire peu banale, se cache aussi la réalité de son enfance, son combat dans la jungle du showbiz, son insécurité et la conscience aiguë du temps qui passe.
Comme le titre l’indique, Michèle a été élevée (dressée) avec amour, discipline, rigueur, force. Ainsi, on fait la rencontre de cette petite fille unique dressée par sa mère pour être une star, et son père musicien, le fameux Ti-blanc Richard. On comprend, à la fin de notre lecture, pourquoi sa vie c’est la scène, le public, la représentation. Elle n’a vécu que cela depuis sa tendre enfance et elle a été élevée là-dedans et valorisée là-dedans par son père, mais surtout sa mère qui a vécu son propre rêve à travers sa fille.
Tous les sujets de sa vie sont abordés dans ce livre, autant ses déboires avec Serge Laprade avec Garden Party, ses folies et écarts de conduite dans un motel de Sherbrooke, ses arrestations, parfois injustifiées pour état d’ébriété, cette période où elle est devenue la femme d’un prisonnier, son ex-mari Yvan Demers, son avortement, son cancer du sein, ses trois chirurgies plastiques, au ventre, aux jambes et au visage, pour demeurer impeccable pour son public, mais également les hommes de sa vie (Guy Cloutier, Claude F. Archambault, Yvan Demers, Jimmy, Nick, etc.), ses voyages autour du monde…
Elle parle aussi de ses maisons qu’elle a eu au fil des ans, et même de son île qu’elle a achetée en plein cœur du lac Achigan à Saint-Hippolyte, son refuge, son lieu de contemplation, son havre de paix. Michèle est ce qu’on peut qualifier de vraie contradiction ambulante. Elle a un besoin extrême d’être avec son public présentant ses plus beaux atours, mais a aussi besoin de se retrouver en jeans, sans maquillage, sur son île avec ses animaux. Un autre paradoxe pour Michèle, celui de sa relation avec les médias. Elle trouve que les paparazzis la poursuivent trop, mais elle ne peut pas vivre sans eux. On découvre ainsi, à travers ces 350 pages, une femme extravagante oui, mais sympathique, qui vit pour son public.
Elle n’a pas eu d’enfants justement à cause de sa vie publique « Je ne pouvais m’imaginer mener ma vie d’artiste avec un enfant. J’aurais voulu l’élever de manière traditionnelle, lui donner un cadre de vie équilibré. Tout le contraire de ce que j’avais reçu. Tout le contraire de ce qu’exigeait mon métier » même si, lors de sa relation avec Yvan Demers (qu’elle a épousée à 44 ans) elle a essayé à ce moment d’avoir un enfant. Ils n’ont pas pu en avoir.
On peut dire que Michèle est bien la fille de son père qui a tout sacrifié pour pouvoir jouer du violon, même sa fille. Il faut dire que Michèle et son père se ressemblent beaucoup : ils aiment tous les deux la vie, la fête et la scène. Dans le livre, Michèle résume ainsi sa vie : « Amours, voyages, métier. Voilà ce qu’a été l’essentiel de mon existence jusqu’ici. »
Pourquoi avoir écrit sa biographie, elle qui avait toujours juré qu’elle ne le ferait pas? En fait, cette biographie est un premier pas pour un projet de cinéma. Elle aimerait qu’un film soit produit à partir de cette bio. On verra bien si ce projet se concrétisera. Et si oui, je serai sûrement une des premières personnes à le regarder.
Après 55 années de carrière, je pense que ce fut une bonne idée que Michèle Richard partage sa biographie avec son public. Au fil des ans, beaucoup d’encre a coulé sur la vie de cette Star québécoise, mais il n’en demeure pas moins qu’elle est une de nos grandes artistes québécoises qui a su traverser les époques, les styles et a toujours eu plusieurs flèches à son arc, relevant tous les défis qui lui ont été proposés au fil du temps.
L’AUTEUR :
BENOÎT GIGNAC, homme de communications, de culture et de politique, nous offre ici don sixième livre. Après Le destin Johnson, Fernand Gignac, mon père, Lucien Rivard, le caïd au coeur du scandale, Québec 68 et Jean Drapeau, un homme et sa ville il nous présente ici le portrait d’une de nos grandes artistes du showbiz québécois, Michèle Richard.
352 pages et Photos
Prix 32,95 $
Les éditionsLA PRESSE
http://www.michele-richard.com/
