J’ai vu, en grande première, sur invitation de presse, la comédie économique L’Empire Bo$$é, un film de Claude Dérosiers et scénarisé par la même équipe que le film Camping Sauvage soit Yves Lapierre, Luc Dery et André Ducharme, mettant en vedette Guy A. Lepage, Valérie Blais et Claude Legault. Cette comédie sur la corruption à l’humour décalé prend l’affiche aujourd’hui, le 16 mars 2012. Mes entrevues avec les artisans du film se trouvent dans la section ENTREVUE de ce site.
Synopsis
Bernard Bossé a été l’un des plus puissants et des plus influents hommes d’affaires du Québec. Orphelin de père, le jeune Bossé fait rapidement preuve d’un entrepreneurship hors du commun et démontre que rien ne pourra l’arrêter! Il se hisse à la tête d’un gigantesque empire financier à une vitesse fulgurante. À travers ce récit, c’est son parcours en montagne russe, qui nous est raconté, alors que sa vie semble un perpétuel combat. Au fil des années, Bossé était de toutes les affaires financières, mais aussi de tous les scandales. Le portrait de Bernard Bossé n’est pas toujours flatteur… mais toujours drôle. L’argent achète tout, sauf l’amour, le respect et l’amitié.
Pour moi, ce film c’est du vrai bonbon. D’abord, on y retrouve une histoire complexe, mais innovatrice et intéressante, sur la corruption dans le milieu des affaires. Puis, on se permet de faire une rétrospective de 40 ans de l’économie du Québec, en se promenant dans 4 époques différentes. Aussi, par le biais d’un humour cynique, sarcastique et décalé, ce film dénonce et surtout dresse un portrait plutôt réaliste du monde des affaires, de la politique et de notre société québécoise. Le public se défoule en rigolant de voir ces malfrats à cravates monter les échelons de la richesse en multipliant les magouilles et en trouvant les failles dans le système. Mais le public rit parfois jaune, puisque le tout se fait au détriment du reste de la population qui n’y voit que du feu ou se laisse trop facilement berner. Une satire de notre société, dont les personnages sont exagérés à l’extrême, il faut le dire et le ton de jeu demeure complètement déjanté, ce qui en fait son charme. On peut dire tellement de choses par le biais de l’humour qui ne passerait pas autrement.
Bien que la bande-annonce du film laisse présager que ce sera une comédie caricaturale et simpliste, bien au contraire, ce long métrage a plusieurs couches de raffinement. Il a été peaufiné et subtilement, on y retrouve beaucoup plus qu’on y laisse paraitre au premier coup d’œil. À mon avis, il faut voir ce film plus d’une fois pour en comprendre toutes les subtilités, pour en voir aussi toutes les références à des moments réels, des personnalités connus, mais aussi, et surtout pour en comprendre toutes les blagues et en apprécier les revirements de situations.
Au niveau de la réalisation, Claude Desrosiers (Dans une galaxie près de chez vous, Aveux, Rescapés) fait un travail colossal et ingénieux. Tout d’abord, il reproduit à la perfection les diverses époques (entre les années 60 à 2000), autant par les costumes, les coiffures, le décor, mais aussi, par la façon dont il fait la transition entre les années qui passent. Pour demeurer dans le ton humoristique et farfelu, il a choisi de représenter chaque époque par une couleur distinctive pour chacune d’elle. Ainsi, l’habillement et les meubles sont majoritairement tous d’inspiration de vert, puis on passe à l’orangé, le bleu et on termine avec le noir et blanc. Une belle diversion efficace et cocasse. Mais le plus grand défi que Claude Desrosiers surmonte et celui de réussir à rendre accessible et séduisante une histoire sur la corruption dans le milieu des affaires. Faire une comédie sur des sujets aussi ardus que les actions à la bourse, les commissions d’enquête, les magouilles politiques, ce n’est pas de tout repos. Et à mon avis, il a très bien réussi, puisque personnellement, je m’y connais peu en termes économiques et j’ai pu apprécier tout de même cette histoire rocambolesque et complexe.
Claude Desrosiers a également utilisé plusieurs précédés inventifs pour nous présenter ce faux documentaire, avec narration sur cet homme d’affaires corrompu. Par exemple, durant le film, il y a des gens célèbres qui sont interviewés par le narrateur et on les voit toujours dehors, avec une bibliothèque derrière eux et des objets personnels à eux. C’est un détail que peu de gens remarquent, mais cela s’avère en fait, être une blague pour rire des clichés que l’on retrouve souvent dans les documentaires où les gens sont filmés devant une bibliothèque. C’est le genre de détail que l’on retrouve dans le film et si on s’y attarde un peu, on découvre de belles petites merveilles.
Naturellement, la performance des acteurs se devait d’être impeccable pour réussir un film comme celui-ci, car la ligne est mince entre le cabotinage et l’humour. Je pense ici surtout à Claude Legault qui donne une performance digne d’être récompensée aux Oscars (ou aux Jutra). Il est méconnaissable. Quand on sait que cet acteur a, depuis quelques années, varié énormément ses rôles, il nous démontre à nouveau qu’il est un caméléon qui peut interpréter n’importe quel rôle. Claude Legault se glisse dans le rôle de Coco, un peu déficient (à cause d’un accident quand il était jeune), naïf, qui ne ferait pas de mal à une mouche. Le meilleur ami de l’homme corrompu que joue Guy A. Lepage. Ses répliques sont délicieuses. Sa démarche naturelle a été savamment modifiée pour s’adapter à son personnage. Ses mimiques sont subtiles et efficaces. Bref, on oublie que c’est Claude Legault devant nous.
Je me dois aussi de souligner le jeu des autres acteurs qui performent dans des rôles de contre-emploi. Je pense ici à James Hyndman (avec des cheveux), Yves P. Pelletier dans un rôle dramatique, et surtout, quel bonheur de revoir Gabriel Arcand (que l’on voit peu à l’écran, par son choix bien personnel) qui crève l’écran par sa présence.
En résumé, ce film vaut la peine d’être vu, deux fois plutôt qu’une. C’est un véritable divertissement, dont certaines blagues, situations ou personnages, peuvent faire penser à de l’humour à la RBO. Un film qui fait rire beaucoup les gens, mais pas toujours au même endroit pour tout le monde. Personnellement, j’ai éclaté de rire maintes et maintes fois et comme il y a aussi une bonne dose de drame, je trouve qu’ils ont su trouver un bon dosage entre les deux.
Le film L’Empire Bo$$é prend l’affiche dès maintenant dans les salles de cinéma du Québec.
Distribution
BERNARD BOSSÉ Guy A. Lepage
JACQUES « COCO » LACASSE Claude Legault
LISE FILION BOSSÉ Valérie Blais
ANGÉLINA BOSSÉ Élise Guilbault
MICHEL DE CARUFEL James Hyndman
ANTOINE DE CARUFEL Gabriel Arcand
SIMON DE CARUFEL Magalie Lépine-Blondeau
JADE BOSSÉ Cynthia Wu-Maheux
FRANÇOIS-JUSTIN BOSSÉ Benoît McGinnis
GERVAIS MORRISSETTE Yves Pelletier
RÉALISATEUR / NARRATEUR Jean-François Casabonne
Équipe technique
UN FILM DE Claude Desrosiers
PRODUIT PAR Lyla Films : Lyse Lafontaine, François Tremblay, Guy A. Lepage
SCÉNARIO DE Yves Lapierre, Luc Déry, André Ducharme
DIRECTION DELA PHOTOGRAPHIE MartinFalardeau
DIRECTION ARTISTIQUE Jean Babin
CRÉATION DES COSTUMES Josée Castonguay
MAQUILLAGE Kathryn Casault
COIFFURE Ann-Louise Landry
MONTAGE Dominique Champagne
MUSIQUE ORIGINALE Christian Clermont
SON Martin C. Desmarais, Robert Labrosse, Martin M. Messier
DISTRIBUTION DES RÔLES Marie-Jan Seille
1ER ASSISTANT RÉALISATEUR Bernard Chabot
DIRECTION DE PRODUCTION François Tremblay
DIRECTION DE POST-PRODUCTION Pierre Thériault
Alliance VivaFilm
Crédit photos : Courtoisie Alliance Vivafilm