Où tu vas quand tu dors en marchant…2 sous le signe du carré rouge!

Spectacle déambulatoire

Pour l’ouverture du 13e carrefour international de théâtre, jeudi le 24 mai dernier, il ne pouvait pas y avoir de plus belle soirée pour aller voir ou revoir OÙ TU VAS QUAND TU DORS EN MARCHANT… 2, le grand spectacle déambulatoire extérieur présenté dans le quartier Saint-Roch. Un parcours dans les rues de la basse-ville tant attendu chaque année, et qui cette fois-ci, prend les couleurs du carré rouge, en signe d’appui aux étudiants et contre la loi 78. Une autre belle preuve de soutien et de visibilité de la solidarité d’un peuple uni pour une cause, soit sa liberté d’expression et sa démocratie.

Présenté gratuitement dans les rues de Québec, cet évènement, est une reprise du spectacle de l’an passé, à l’exception du dernier tableau, qui, au lieu d’être un spectacle d’adolescents, convie plutôt cette fois-ci les gens à retourner au point d’accueil et de rassemblement à Place de l’Université-du-Québec, à 23 h pour regarder ou participer au grand bal silencieux, signé Frédéric Dubois et Karine Ledoyen.

Donc, cet évènement se déploie en cinq vastes tableaux qui rassemblent plus de 130 artistes et artisans. Dès 20 h une foule s’agglutine devant les deux endroits où il est possible de débuter cette visite. Il y a d’abord au point d’accueil et de rassemblement à Place de l’Université-du-Québec, dans les jardins Saint-Roch ou bien pour la vente de garage, juste à côté des jardins, situé sur la rue Fleurie, entre les rues du Parvis et de la chapelle.

Personnellement, afin de ne pas attendre deux fois de suite dans une file, je suggère aux gens de venir attendre dans la file pour la vente de nuit, qui prend environ 1 heure à faire le tour, si vous voulez écouter toutes les histoires, et elles valent toutes la peine d’être écoutées. Par la suite, vous poursuivez vers les trois autres tableaux et vous revenez aux Jardins intérieurs vers 22 h 30, où la file est devenue inexistante. De là, vous en faites le tour et vous êtes ainsi sur place pour participer au bal silencieux de 23 h, lorsque le parcours se termine.

 

Un tableau des Jardins intérieurs

Jardins intérieurs

Un parterre animé de scènes d’intimité quotidienne livrées au regard des curieux.

Situé au point d’accueil et de rassemblement à Place de l’Université-du-Québec, dans les jardins Saint-Roch, ce parc enchanteur est transformé, le temps d’une soirée, en un endroit où le public devient voyeur et épie, devant 11 tableaux différents, des gens dans leurs gestes quotidiens. Que ce soit une femme accoudée à sa table à langer qui est perdue dans ses réflexions, ou quatre jeunes filles qui s’ennuient à la bibliothèque, ou de vieilles dames qui fabriquent une courte pointe, ou bien à une table de poker où on entend ce qui se trame dans la tête de ces joueurs invétérés le public est convié à écouter ces gens penser. Ceux qui ont suscité le plus mon intérêt, est sans contredit, ce couple au restaurant qui s’ignore en lisant le menu pendant que le public est complice de leurs pensées intimes ou encore cette petite famille au déjeuner, où la mère, le père et l’adolescente se laissent aller à leurs rêveries.

Chorégraphie de ces acrobates

Après une dizaine de minutes de ces chuchotements réguliers, un interlude survient et tous ces gens s’animent, dansent et crient au plus grand étonnement et ravissement du public. Il est intéressant de vouloir voir toutes les chorégraphies, par contre, comme c’est impossible, je vous suggère de regarder celle de ces jeunes en veston-cravate qui s’animent à la suite d’une réunion fort ennuyante. Ce sont de belles chorégraphies d’Harold Rhéaume avec la collaboration de deux jeunes hommes qui maitrisent l’art de l’acrobatie.
Conception Nancy Bernier comédienne et metteure en scène.

 

 

 

 

 

 

Vente de nuit, portion festive du marché aux puces

Vente de nuit

Un marché aux puces libérateur qui incite à se départir de souvenirs oppressants. Ce tableau est le cœur même de ce parcours.

Situé sur la rue Fleurie, entre les rues du Parvis et de la chapelle, ce marché aux puces est accessible seulement à partir de la rue du Parvis en sens unique. Aux premières tables d’objets fictifs à vendre, c’est le chaos, les gens s’interpellent d’une table à l’autre et font participer le public à leurs discussions, tel un marché aux puces animé. Puis, après la table de ce jeune homme qui vend des 33 tours et des cassettes VHS, le public s’amasse en petits groupes restreints devant les tables, pour se faire raconter les histoires de ces gens et de leurs objets à vendre qui ont un lien avec ceux qu’ils ont aimés et sont disparus.

Il est bien important de ne pas interagir avec ces gens qui racontent leur histoire en boucle. Bien qu’ils soient extrêmement crédibles et qu’on a vraiment l’impression qu’ils nous font des confidences, il est important de ne pas entamer une discussion, mais simplement les écouter et se laisser imprégner de leurs souvenirs, de leurs douleurs face à l’être cher disparu.

Chacun d’eux s’accroche à des objets de la personne chère, en espérant garder contact avec elle, par le biais de ces babioles.

Édith Patenaude

Je n’ai pu m’empêcher de vouloir connaître chacune de leurs histoires (qui durent environ 3 minutes), racontées par ces comédiens très talentueux de Québec. Que ce soit cette femme qui n’a jamais connu son frère, mais qui le voit dans ses rêves sans savoir ce qu’il veut lui dire, ou de cette femme qui joue encore avec sa maison de poupée, en nostalgie du temps où sa mère était vivante, ou bien encore cet homme qui a perdu son frère, dont l’idole était supposément Elvis le roi du rock. Une de mes histoires préférées est celle de ce jeune homme qui a répandu les cendres de sa bien-aimée un peu partout autour de chez lui, dans l’espoir qu’elle soit toujours avec lui, malgré tout. Mais l’histoire la plus touchante pour moi, est celle racontée par cette mère (Édith Patenaude) dont l’accouchement lui a laissé un bébé mort-né sur le ventre. Quels récits émouvants que ces gens nous racontent, les yeux dans les yeux et l’émotion dans l’âme! Ouf!

 

 

 

 

Chapelle

Ensuite, on continue dans notre cheminement du deuil, car c’est vraiment le thème de cette vente de nuit. On débute par la fête au marché aux puces, puis les souvenirs des êtres aimés avec un brin de nostalgie, pour ensuite se recueillir un moment àla Chapelle, où on entend de la musique de méditation, et y déposer, si on le veut bien, un objet que l’on désire laisser comme trace de notre passage, ou en hommage à quelqu’un, notre lâcher-prise sur un deuil que l’on désire faire.

 

 

 

 

Dans le cimetière, une jeune fille et son être cher disparu!

Et le périple se poursuit dans ce qui ressemble à un cimetière où cette fois-ci ce sont des tables blanches éparses, où à chaque station, on assiste à une rencontre entre une personne en communion avec un être cher disparu, tout de blanc vêtu, tel un ange. Et dans cette rencontre, la personne parle à cet être cher qu’elle a perdu dont elle essaie de se détacher ou d’en accepter sa mort.   Le public assiste alors à des moments de détresse, de désespoir, de tendresse, de tristesse infinie. Les gens sont respectueusement voyeurs de ces étreintes, de ces pleurs, de ces lamentations. Ce sont de véritables tours de force que ces acteurs déploient pour nous émouvoir. Le public est extrêmement choyé d’être aux premières loges pour voir des performances magistrales et ressentir toutes les émotions reliées à la perte d’un être cher. 

Encore une fois, le talent des acteurs de Québec et la sensibilité du concepteur de ce tableau, font de ce lieu l’endroit à ne pas manquer dans ce parcours.

Conception Steve Gagnon, en collaboration avec Dominic Thibault et Marco Morin 

Les gens nichés sur le mur

Nichés

Une murale de petits balcons où vivent des personnages en apparence seuls et pourtant connectés sur le monde.

Situé sur la Rue de la Chapelle, entre les rues Fleurie et Sainte-Marguerite, ce tableau plaira assurément aux adeptes des textos. C’est un concept unique et original que de voir ces personnes, telles des statues, nichées sur de petites plateformes sur le mur qui murmurent, fredonnent mais surtout, qui répondent au public qui leur écrit, au moyen de textos. Les numéros de téléphone et autres informations s’inscrivent sur le mur sous forme de projections vidéos pour permettre aux gens de communiquer avec eux sur le mur. Comme je ne suis pas une adepte de ce moyen de communication, j’ai rapidement passé au prochain tableau.

Conception Christian Fontaine, en collaboration avec Philippe Lessard-Drolet

 

La pêche miraculeuse

La Pêche miraculeuse

Un ciel de leurres composé d’objets insolites et séduisants qui attisent la convoitise.

Situé sur la Rue Sainte-Marguerite, entre les rues dela Chapelle et du Pont, cet endroit est magique à regarder. C’est un endroit bien vivant et coloré avec des objets plus grands que nature. Encore une fois, les gens sont appelés à former de petits groupes devant les divers comédiens qui leur racontent des histoires, parfois farfelues, drôles, surprenantes. Ces personnages sont, pour la plupart, suspendus dans les airs et nous font bien rigoler. Cela nous permet de transformer nos états d’âme plutôt tristounette, suite au tableau sur le deuil, en une joie festive.

Conception Cooke-Sasseville. (Pierre Sasseville et Jean-François Cooke), en collaboration avec Fabien Cloutier pour les textes.

 

Danse des chaises roulantes

Pour de vrai

Une rue autrefois cachée derrière les murs d’un mail qui dévoile sa diversité sociale, artistique et commerciale.

Situé sur la Rue du Pont, entre les rues Saint-Joseph et De La Salle, cet endroit permet de découvrir les divers commerces, boutiques, bars et organismes communautaires, artistiques et sociaux qui peuplent cette rue. À l’aide de photos et de vidéos documentaires projetés sur les murs ou à l’intérieur des bâtisses, le public en apprend un peu plus sur par exemple le Fanamanga, boutique de manga japonais, la Maison Gilles Kègle, l’épicerie André Rouleau et le carrefour familial des handicapés, pour les personnes à mobilité réduite. C’est à cet endroit justement, qu’a lieu, aux 25 ou 30 minutes, un ballet sur roue, (chorégraphié par Chantale Bonneville) où des personnes à mobilité réduites vont danser avec leurs triporteurs ou chaises roulantes. C’est vraiment un moment magique où l’on voit ces personnes s’en donner à cœur joie dans cette belle danse inusitée.

Conception Marie Gignac et Alexandre Fecteau, en collaboration avec Chantal Bonneville, Marie-Renée Bourget-Harvey, Catherine Guay et Marilyn Laflamme

 

Bal silencieux

Le Bal silencieux.

Et, de retour à Place de l’Université-du-Québec à 23 h, pour ce Bal silencieux dont la prémisse est très simple : au signal de quatre comédiens (Marjorie Audet, Charles-Étienne Beaulne, Frédérick Bouffard, Fabien Piché) qui partent pour ainsi dire le bal, au son du battement d’un métronome, les gens, de manière spontanée et volontaire, s’attroupent autour d’eux et répète avec eux les mouvements simples de cette belle chorégraphie. Pas de danger de se tromper ou de ne pas être capable de faire les mouvements, l’important c’est l’énergie de cette foule qui embarque dans cette euphorie de fin de soirée. Et ceux qui préfèrent simplement regarder, sont également les bienvenus. Ils assistent alors à une belle complicité de foule, une véritable communion de danse semi-improvisée… qui vient clore de manière bien festive cette soirée merveilleuse.

Conception Frédéric Dubois et Karine Ledoyen et la chorégraphie est signé Karine Ledoyen.

Pour ceux qui le désirent, vous pouvez aller voir un avant-goût de cette chorégraphie. Apprenez-la et venez danser dès ce soir : http://www.youtube.com/watch?v=UTDnc5OiIzc&feature=youtu.be

Où tu vas quand tu dors en marchant…2
spectacle déambulatoire les 24, 25, 26 mai / 21 h à 23 h en continu
activité gratuite dans le Quartier Saint-Roch

Pour voir plus de photos de cet évènement, voici la galerie photos de Lise Breton : http://espace.canoe.ca/breton2010/album/view/861022
Plus de détails sur le spectacle Où tu vas quand tu dors en marchant…2 : http://www.carrefourtheatre.qc.ca/fr/les-spectacles/ou-vas-quand-tu-dors-en-marchant

http://www.carrefourtheatre.qc.ca/

 crédit photos : Lise Breton