Une vie pour deux

Une vie pour deux

 

De prime abord il faut mentionner que le roman d’Une vie pour deux de Marie Cardinal a été publié pour la première fois en 1978. Les éditons BQ en ont donc fait une réédition. Et c’est une excellente idée. Marie Cardinal aura été une auteure phare dans la littérature et son apport au féminisme n’est pas à négliger.

Ce qui rend ce roman intéressant c’est le grand nombre d’interrogations que l’auteure pose tout au long du récit. Interrogations qui sans en avoir l’air remet en question la condition féminine soit dans ce que la femme est essentiellement, culturellement ou dans sa relation de couple. Qu’importe la forme, le but est atteint. La femme tant au Québec que dans le monde occidental ne sera plus jamais la même après la révolution féministe.

Il est aussi fascinant de redécouvrir le genre d’écriture venant d’une époque où la lecture d’un ouvrage était considérée comme une activité noble. À l’époque d’avant l’ère du cent-cinquante caractères maximum.

Un roman qui incite à assumer sa différence.

Résumé

Des vacances à la mer. En Irlande. Enfin de bons moments ensemble. Du temps pour se retrouver. Mais, dès le premier matin, Jean-François découvre le cadavre d’une femme sur la plage. Simone est agacée de voir son mari obsédé par cette découverte. « Elle devait être belle » lui dit-elle. Car des femmes il en a eu dans sa vie. « Même mortes elles l’attirent. Le cadavre d’une femme sur la plage et c’en est fait de mes vacances. Elle vaut quand même moins que moi, puisqu’elle est morte». Simone revoit sa vie de couple, tente de deviner celle de Jean-François. Qui étaient ces femmes ? Elle cherche à percer l’énigme de cette Mary McLaughlin rejetée par la mer. Elle tente de se l’approprier en lui créant une vie à partir du peu de choses qu’elle sait d’elle, quitte à l’inventer. Jean-François conteste l’interprétation de sa femme et embarque dans le jeu : à eux deux ils réécriront l’histoire de cette inconnue. Très tôt deux visions s’affrontent. Leur vie de couple réel et leurs deux histoires agiront comme catalyseur qui permettra à Simone de se découvrir à travers le jeu de l’écriture. Elle passe de longs moments seule dans sa chambre à revisiter son enfance en Algérie, sa mère, le mariage, les enfants. Elle note tout dans des cahiers qu’elle noircit au fil des jours. Timidement elle osera les faire lire à son mari qui la découvre alors sous un jour nouveau.

 L’auteure

Née à Alger en 1928 dans une famille aisée, Marie Cardinal y entreprend ses études pour les continuer à Paris. Licenciée dela Sorbonne en philosophie en 1948, elle poursuit ses études jusqu’à son mariage avec Jean-Pierre Ronfard, en 1953, avec lequel elle a trois enfants, Alice, Benoît et Bénédicte. Elle enseigne dans plusieurs villes européennes, ainsi qu’à Montréal où elle s’installe en 1960. Elle se retire alors de l’enseignement et travaille comme pigiste pour les magazines l’Express et Elle, entre autres. Pendant près de 18 ans, elle travaille comme ‘’nègre’’. Loin de renier ce métier, elle s’en fit presqu’une gloire, à preuve son dernier grand succès populaire, Les Grands désordres publié en 1987 ayant pour narrateur un ‘’nègre’’. Elle publiera 14 romans qui auront un grand retentissement, son plus connu étant Les mots pour le dire, fiction autobiographique relatant sa libération par la psychanalyse. Féministe, elle a toutefois toujours refusée en être la figure de proue. Décédée dans le Vaucluse à l’âge de 72 ans, elle a laissé une œuvre vraie, jamais trafiquée, qui aura su toucher au cœur des choses et de plus d’une génération de femmes.

 

Nombre de pages : 328

Prix suggéré : 14,85 $

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