Trabouler de Colette Bazinet

 

Trabouler

Rahab, propriétaire de l’hôtel d’un village dela Côte-du-Sud, recueille chez elle une jeune femme amnésique curieusement apparue sur le bord du fleuve. Surnommée Mara, l’inconnue entreprend, avec l’aide de sa bienfaitrice et d’un entourage de spécialistes, la reconquête de son identité. Parmi eux,  se trouvent la psychologue du CLSC, Jonathan le pasteur et l’inspectrice Deloncourt dela Policeprovinciale. Ils ne seront pas de trop.  Au fil du temps, Mara crée de nouveaux liens, de nouvelles attaches tout en tentant d’intégrer le passé qui émerge parfois douloureusement. Complice en dehors du temps,la Ra’abdes anciens peuples sémites vient légitimer l’attirance trouble et incontournable que peut exercer sur elle une autre femme. 

Avec un titre comme celui-ci « Trabouler », je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre comme livre, par contre, l’image de la page couverture du livre me semblait attirante de même que la description de l’histoire. Donc, tout d’abord, TRABOULER, vient du latin et cela signifie passer au travers. Voici un extrait du livre qui l’explique : « L’important, ce n’est pas de se presser, mais de connaître le chemin. Bien des obstacles qui semblent insurmontables offrent pourtant leur propre réponse…On ne passe pas par-dessus, les contourner est long. Lorsqu’on sait, on va, simplement au travers. On traboule. Il faut observer, chercher, demander… » 

En résumé, je dirais qu’on nous raconte une histoire d’amnésie, de religion et d’homosexualité. Une quête d’identité, autant chez Mara, qui cherche à se souvenir, que Rahab qui tente de refaire sa vie et de s’aimer telle qu’elle est, après un passé trouble rempli, de drogue, de sexe et d’abandon. 

Colette Bazinet a une très belle plume, poétique par moment, mais surtout fluide et inspirante. L’auteure, diplômée en sociologie et en sciences religieuses, sait de quoi elle parle, lorsqu’elle nous entraine dans les passages de la bible et reprend librement des réflexions sur les propos souvent utilisés contre les gais, les lesbiennes et autres marginalisés sexuels. Elle revisite l’histoire de Sodome et Gomorrhe,  Ra’ab de Jéricho, Tamar, Ruth et Noémie, et tisse des liens avec l’histoire de Mara et de ceux qui tentent de l’aider à se souvenir. 

Cette histoire est captivante, puisqu’elle nous entraine avec Mara dans la recherche de son passé, tout en rendant les autres personnages très attachants. Je pense ici à Rahab, qui refait graduellement sa vie et qui décide d’héberger Mara, avec l’aide de son amie Lyne. Et à Jonathan le pasteur qui, malgré sa maladie, fera tout pour l’aider aussi. De page en page, on en apprend un peu plus sur leurs vies diverses, leurs passés respectifs, et graduellement, on découvre ce qui a rendu Mara amnésique. 

Mais ce livre, c’est surtout une belle leçon de vie. On y apprend à ne pas juger les gens, à les aimer tels quels et à aimer la vie qui nous est prêtée… Il y a beaucoup de spiritualité dans ce livre, mais on n’a pas besoin de croire en Dieu pour le lire. Il suffit de croire en la vie. Voici un extrait du livre que j’ai apprécié énormément, alors que Rahab apprend que Jonathan le pasteur est séropositif : « Ce n’est pas juste… pourquoi pas moi? Je me suis piquée, prostituée, tout pour me droguer et en finir… » Jonathan s’emporte et lui répond « Personne mérite ou ne mérite pas une maladie. Elles sont là, c’est tout. Il faut apprendre à vivre. J’ai de la chance d’avoir accès à des médicaments, je suis heureux… j’aime mon travail, je peux vivre en harmonie avec mes croyances et mes valeurs…En même temps, une petite voix lui dit (à Rahab) que la vie est la vie. Paraphrasant l’Écclésiaste, Rahab se dit que le soleil brille pour les bons et pour les méchants. Jouis du soleil quand il est là… » 

Colette Bazinet

Originaire de Montréal, Colette Bazinet vit actuellement à Québec, Diplômé en sociologie et en sciences religieuses de l’UQUAM, elle a côtoyé de nombreux exclus ou marginalisés de la société dans sa vie personnelle et professionnelle, et s’y est reconnue. Elle a travaillé comme agente de probation, en réinsertion sociale, en enseignement Choix de carrières et FPS ainsi que dans le communautaire. La montée de l’intolérance et le galvaudage des discours religieux ont déclenché chez elle un acte d’écriture intitulé Jalons bibliques pour une sexualité plurielle (colloque tenu en 1998 à l’Université de Montréal), qui est resté un acte inachevé pendant près de 10 ans et a finalement pris forme dans ce roman.  

 

Éditions : Éditions du Mécène

220 pages 

Pour se procurer le livre :

Uniquement disponible auprès de l’auteure :

colettebazinet@gmail.com 

À Québec, il est possible de le remettre en mains propres. Pour Montréal ou ailleurs, vérifiez en écrivant à l’adresse courriel. Le paiement se fait par chèque ou dépôt direct. 

Il peut être commandé chez votre libraire préféré et… n’hésitez pas à demander à votre bibliothèque de le commander, si elle ne l’a pas. 

 http://www.colettebazinet.com

Son blog : http://colettebazinet.blogspot.ca/