Jiri Kylian ouvre la nouvelle saison aux Grands Ballets Canadiens

Kaguyahime facon Jiri KylianSi  la saison annoncée par les Grands Ballets de Montréal est à l’image de leur spectacle d’ouverture, il est fort à parier que celle-ci sera étincelante! Les danseurs des Grands Ballets ont décidé de sortir de leur zone de confort pour relever le défi en interprétant le ballet éponyme de Jiri Kylian Kaguyahime princesse de la lune. Il sera joué du 11 au 27 octobre 2012. Hier soir nous avons pu assister à la première donnée dans la salle Wilfried Pelletier et  ce fut sans conteste un grand moment.

Crée par le chorégraphe à la demande du musicien Maki Ishii, le spectacle lie drôlement l’orient et l’occident. Il confronte les cultures et les rassemble autour de leurs attirances et de leurs faiblesses et de leur envie de contrôle.

Le spectacle est une grande réussite autant par l’intensité du propos fidèle à Jiri Kylian que par la forme. Il casse les barrières ou crée des ponts, comme il le dit lui-même, entre les cultures,  en présentant ici, de manière transparente et profonde, un trait humain universel. Il invite à rompre avec nos attentes et nos cloisonnements. Il transcende le conte déjà universel et lui inculque une portée supérieure.

La danse occupe une place aussi importante que la musique ou la mise en scène. Le son du Kogo et du Gagaku inhabituels se poursuivent dans le spectacle. La chorégraphie est occidentale bien que très imprégnée d’orient. Jiri Kylian demeure fidèle aussi à sa vision du corps comme outil d’expression intense et infini. Il joue avec les gestes pour tirer sur les cordes sensibles, donnant a chaque artiste, tantôt une précision exacerbée, tantôt une liberté presque violente. L’alternance est bien de mise encore dans le rythme. On ressent des parties pleines de langueur avec les solos et les duos du prince et de la princesse céleste et des parties plus pressantes, rythmées et colorées ou les danseurs se multiplient et tourbillonnent sur scène.

Kaguyahime, princesse de la luneOn pourrait aussi avoir envie de découvrir le spectacle uniquement par sa mise en scène et son éclairage qui jouent aussi un rôle primordial. Les décors mouvants qui placent le spectateur dans l’attente, l’illusion sont impressionnants alors que la lumière tantôt accompagne les corps, tantôt se fige ou se reflète pour accompagner leur rythme, leur élévation et leur émotion. On vit ce va et vient avec délice.

L’œuvre se détache de son chemin pour atteindre un symbolisme dans lequel se retrouve chaque culture. Cela est exprimé avec une extrême sensibilité lorsque l’on retrouve au sein du même temps, le ballet contemporain, classique, la danse hindoue et le tango entre autres. L’approche est typique du chorégraphe et c’est autant de pas par lesquels il nous fait partager ses voyages et ses influences.

Avis à tous les amoureux de la danse !

Salle Wilfrid-Pelletier, Métro place des Arts
T: 514 849-0269 ou info@grandsballets.com
Prix a partir de 46.04$ la place de spectacle

Crédit photos : Pda et Richard Champagne