Entrevue avec les Trois Accords pour leur nouvel album J’aime ta grand-mère

Les Trois Accords

Dans le cadre du lancement de leur tout dernier album, J’aime ta grand-mère, j’ai rencontré en entrevue les Trois Accords au grand Théâtre de Québec, jeudi le 24 octobre dernier. Pour l’occasion, j’ai surtout parlé à Charles Dubreuil (batterie) et Alexandre Parr (guitare et voix).

Avec les Trois Accords, on ne sait jamais à quoi s’attendre, alors pour l’occasion j’avais préparé deux séries de questions, dont quelques-unes plus absurdes et d’autres plus sérieuses. Je leur ai laissé le choix des questions. Ils ont décidé d’aborder l’entrevue de manière sérieuse :

Le premier extrait de votre album qui joue présentement dans les radios c’est Bamboula. (Définition : Un bamboula est à la fois une variété de tambours africains, une danse effectuée sur le son de cet instrument à percussion et une œuvre musicale.) Est-ce que vous jouez du Bamboula sur la chanson bamboula?

Charles : « Ah oui! Ça aurait pu être ça un tambour africain! Mais, non, ce sont plutôt des timbales orchestrales qu’on entend. »

Alexandre Parr (guitare et voix)

Est-ce qu’en spectacle nous pourrons vous entendre en jouer, ou bien faire la danse du bamboula, durant la chanson?

Alexandre :« Peut-être bien. On n’y a pas pensé encore, mais là tu nous donnes l’idée. Peut-être qu’on pourrait avoir un danseur africain qui joue du tambour… (Rires) On prend ça en note.»

C’est quoi la bamboula pour vous dans cette chanson alors?

« C’est l’histoire d’un gars qui se retrouve dans une caverne, en bedaine autour d’un feu. Il revient au stade primal de sa vie, où il doit communiquer avec le reste de l’humanité en faisant des diagrammes sur les murs de la caverne. Un homme des cavernes, moderne qui se fait un party en dansant autour de son feu et en faisant des dessins sur sa grotte, il appelle ça faire la bamboula

Musicalement, je pense que c’est votre album le plus réussi. Saveur rétro…Avec des instruments très variés (guitares, violons, sax ou trompette) des styles complètement différents très innovateurs que ce soit la balade, rock endiablé, le pop, le rétro, le country… Avez-vous un style préféré? Ou bien un style que vous n’essayerez jamais, comme le rap ou le hip-hop ?  

« Je ne pense pas qu’on n’a jamais vraiment eu de limite. On ouvre toujours des portes vers quelque chose d’autre, avec chaque album. On y va parfois avec des arrangements plus classiques, ou plus pop, Beatlesque, ou encore plus du style Frank Sinatra, dans des endroits en fait où les gens nous attendaient moins. Il y a aussi notre idée d’une chanson hip-hop avec le Dalaï-Lama qu’on attend toujours… Au bout du compte, on ne se limite pas. On fait notre style, soit du rock francophone, puis ce sont les arrangements autour qui viennent teinter le truc plus à gauche, plus à droite. Quand on fait une chanson, on ne part pas avec un style ou un genre déjà défini. Au fil du temps elle évolue, on y met les arrangements, on ajoute des cordes, ensuite les backvocals et ensuite ça se dessine vers quelque chose, pour devenir la chanson sur l’album.» 

Simon Proulx (chanteur et auteur des textes et mélodies)

Quand vous composez une chanson, est-ce que vous composez les textes ou les mélodies en premier?

« On ne le sait pas. C’est Simon qui arrive avec les textes et les mélodies et nous on essaie de pas scraper la chanson par après… En fait, Simon travaille seul pendant plusieurs mois à mettre des idées ensemble, des lignes de chansons, avec des bouts de mélodies. Puis, il amène les chansons sous forme guitare sèche et voix puis, nous, on travaille sur la forme. Alex se trouve des lignes de guitare pour aller avec la mélodie de base que Simon a amenée. On ajoute les lignes de basse, la section rythmique, pour que la chanson lève et ait une bonne dynamique. Donc, on s’occupe de la finition. Simon c’est l’architecte, puis ça passe dans le filtre du band. C’est sûr que des fois, on a des idées qui vont modifier complètement la chanson. Des fois aussi la chanson n’a qu’un couplet ou deux, mais lorsqu’on ajoute les vocals, on peaufine et la chanson peut subir plusieurs modifications en cours de route.»

Vous avez une chanson sur l’album Sur le bord du lac en duo avec René Martel. Comment est venue cette collaboration avec Renée Martel? 

« Simon avait un rêve de faire une chanson pour elle. La chanson ne devait pas nécessairement être sur l’album. Mais étant donné qu’on avait un fil conducteur sur les amours intergénérationnels sur l’album, on a décidé de l’appeler pour savoir si Renée serait intéressée. Si elle n’avait pas voulu le faire, je ne pense pas que la chanson aurait été sur l’album. Et Rénée a accepté avec joie. Elle tripait sur l’idée de faire cette chanson. Et en plus, elle vient de Drummondville alors… ».

Charles Dubreuil (batterie)

Est-ce que vous ferez cette chanson avec Renée Martel dans vos spectacles? Sinon qui chantera sa portion du duo?

Charles :« Je pense que les gens comprennent qu’on ne peut pas faire nos spectacles avec tout ce qui se retrouve sur l’album. On ne traine pas non plus de section de corde, ni de claviériste, ni de section de brass. Alors, ce sera Alex qui chantera la partie de Renée. »

Alex : « Je vais chanter avec toute ma fougue! »

Qu’est-ce qui fait votre succès, vos paroles déroutantes et absurdes, votre musique très élaborée de tous les styles aux notes accrocheuses? Ou le fait que vous êtes 4 beaux gars?

Tous : « Ben parce qu’on est 4 beaux gars. (rires) Pour vrai, c’est un mixte de tout cela, mais aussi un peu de chance, je pense. »

Alex : « Oui notre musique, mais aussi les vers d’oreille (ces ritournelles qui nous restent dans le cerveau comme de véritables virus). C’est la force de Simon de créer des chansons qui s’imprègnent dans la mémoire sans même les avoir beaucoup écoutés. Des bouts de chansons qui te restent dans la tête dès la première écoute. »

Charles :« Il y a plein de super bons bands sur la terre qui ont de bonnes paroles de bonnes mélodies, et dont les gars sont des chums. Pourtant, il y a des bands qui ont plus de succès et d’autres qui en ont moins. Donc, il y a aussi un contexte culturel, ou un contexte qu’on ne s’explique pas nécessairement et qu’on ne veut pas non plus trop s’expliquer, qui fait qu’on a du succès. Mais c’est sûr que ça aide d’avoir de bonnes tounes, d’être une gang de chums, et qu’on est gentils avec le monde. »

Pierre-Luc Boisvert (basse)

Est-ce de plus en plus difficile de surprendre, d’étonner votre public, vos fans  d’un album à l’autre?

Alex : « Je pense que oui. Avec le dernier album, je pensais qu’on était au top de notre qualité musicale. Mais finalement, on s’est rendu compte qu’on réussit toujours à franchir d’autres étapes. Je ne veux pas me comparer à Picasso, mais je pense que lui aussi devait se faire demander si sa prochaine œuvre serait un autre chef d’œuvre…»

Charles : « C’est sûr qu’on aime cela se faire comparer à Picasso et autres Dieux du genre. On aime bien graviter dans ces univers-là. Moi, par exemple j’aime me faire appeler le Michel-Ange de la batterie, Pierre-Luc, c’est le De Vinci de la Basse, et Alex est la statue d’Apollon. Malgré tout, on essaie de rester humble quand même… » 

Voyant que le sérieux vient de quitter le quatuor, j’en profite pour continuer dans les questions rigolotes.

Après tout nu sur la plage, maintenant vous revenez avec Je me touche dans le parc… Qui est l’exhibitionniste dans le groupe ?

Tous en chœur : « Simon!!! »

D’où est venue l’idée d’une grand-mère et d’être au poste de police pour un crime? Est-ce que c’est en regardant un épisode de l’émission Les détestables?

« Non! Disons que c’est un concept qui est fort. Il y a deux lignes fortes sur l’album. L’histoire de la grand-mère (l’amour intergénérationnel) et l’histoire de l’institut (la folie). Donc, on a une grand-mère qui s’est fait prendre pour un crime ou bien si c’est une erreur sur la personne? Mystère! »

Dans vos remerciements sur la pochette de l’album, vous terminez par Pour Abigaël… c’est qui?

«Abigaël est une grande amie de Simon… très grande amie!»

Les Trois Accords

Comment voyez-vous que cet album est différent des autres que vous avez faits et est-ce qu’il y a des limites aux sujets que vous pouvez aborder?

« Honnêtement, avec cet album, le corridor dans lequel on évolue s’élargit sans cesse. Disons que l’absurde brut est de moins en moins absurde. L’absurde est moins dense, disons, que sur les albums précédents. Les chansons sont plus surprenantes dans l’angle dans lequel le sujet est abordé. Et les sujets abordés et la manière dont ils le sont abordés, est toujours en évolution. J’ai l’impression que Simon se donne le droit d’aller ailleurs dans son écriture. Et je ne vois pas la limite, car il y a un million de sujets sur la terre et Simon aura toujours ce talent d’aborder les sujets d’une manière que les autres ne font pas.»

Le lancement de l’album J’aime ta Grand-mère a eu lieu officiellement le 23 octobre dernier, journée où l’album a été rendu disponible en magasin, tandis que la version numérique est disponible depuis le 22 octobre sur Itunes

Les Trois Accords vont débuter leur tournée de spectacle en janvier 2013, avec un arrêt à Trois-Rivières le 21 mars 2013 et une prestation au Grand Théâtre de Québec le 5 avril 2013 et plusieurs dates à Montréal dont les 2-3-4 mai 2013 viennent d’être ajoutés.

http://www.lestroisaccords.com

 

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crédit photo : Roland de Québec