Les Femmes savantes de Molière

Nos comédiens en pleine action...
Nos comédiens en pleine action…

« Un Molière dont j’ai pris beaucoup de plaisir à mettre en jeu l’écriture jubilatoire, drôle et brillante. Un art d’écrire et de phraser où s’incarne une famille entière, cette petite société première qui est certainement un lieu fondamental pour l’exacerbation des caractères. »

Pour le metteur en scène, Denis Marleau, c’est bien ce que Molière a le génie de dépeindre ici. Aucun personnage n’échappe à son regard railleur.

C’est donc ce mardi 13 novembre 2012 que le théâtre du Nouveau Monde a présenté Les Femmes Savantes de Molière à la salle Albert-Rousseau.

Henriette (Muriel Legrand) ne s’y retrouve plus dans sa famille. Sa mère Philamentine (Christiane Pasquier) veut la marier à ce repoussant Trissotin (Carl Béchard). De plus, sa sœur Armande, (Noémie  Godin-Vigneau), et sa tante Bélise, l’éblouissante Sylvie Léonard qui ne veut pas entendre parler des hommes…sans parler de Chrysale, (Henri Chassé), son père, qui a lâché le morceau depuis longtemps et qui ne fait rien pour l’aider…

Nous avons ici tous les ingrédients pour passer une belle soirée. Denis Marleau semble s’être fait plaisir avec son premier Molière. « Lorsque Bélise se promène avec un verre de Martini à la main ou que Trissotin chevauche une Vespa, nous sommes loin des traditions de l’époque. » Pour Lorraine Pintal, directrice artistique, « c’est justement ce grand écart entre les siècles qui nous fait crouler de rire. »

Les comédiens évoluent sur scène, dans leurs costumes d’époque, autour d’un bassin d’eau.

En 1672, la carrière de Molière est à son apogée. Protégé du roi, reconnu et riche, l’auteur a 50 ans lorsqu’il présente les Femmes savantes, qu’il peaufine depuis 4 ans. Car, après avoir conçu plusieurs projets à la hâte afin de répondre à des commandes royales, Molière souhaite écrire une pièce « tout à fait achevée » une comédie en cinq actes et en vers et approfondir le sujet de son premier succès devant la cour en 1659, les Précieuses Ridicules, une comédie en un acte, mais cette fois en prose, dont le ton se rapprochait de la farce.

Carl Béchard en Trissotin
Carl Béchard en Trissotin

Le projet des Femmes savantes aurait d’ailleurs pour origine un compte à régler avec l’un de ses adversaires. Si cette pièce évoque la situation des femmes au 17e siècle et tourne en dérision les excès de la préciosité, il semble que Molière s’y moque autant des savantes que de l’abbé Cotin, qui lui a inspiré le rôle de Trissotin. L’affaire remonte à la représentation de L’École des femmes, en 1662. Cotin, homme savant et auteur de fades poésies galantes pourtant appréciées dans les salons, juge sévèrement la pièce de Molière qu’il considère immorale. Il en remet en 1666 dans La Critique désintéressée sur les satyres du temps, où il attaque les gens de théâtre et plus particulièrement Molière. Ce dernier riposte finalement dans Les Femmes savantes, où des bourgeoises précieuses, usant quantité de compliments hyperboliques, encensent les poèmes aux qualités discutables du sieur Trissotin, accentuant du coup la pauvreté de ses vers.

Rencontrés à la fin du spectacle, Denise et Michel  ont passé une belle soirée. « Il y avait, au début, peu d’action et beaucoup de texte…J’aurais aimé une adaptation un peu plus québécoise, plus actuelle, malgré l’apparition de la Vespa sur scène… Je trouve que c’était lent à partir, qu’il y avait quelques longueurs mais une fois bien partie, l’action se suivait bien. »

Si nous nous fions à l’ovation des spectateurs (jeunes et plus âgés…) à la fin du spectacle, nous pouvons affirmer que Marleau a fait mouche!

Distribution

 

Carl Béchard, Nicolas Boivin-Gravel, Henri Chassé, Estelle Clareton, François-Xavier Dufour, Noémie Godin-Vigneau, Denis Lavalou, Muriel Legrand, Sylvie Léonard, Bruno Marcil, Christiane Pasquier, Samuel Roy

http://www.sallealbertrousseau.com/

http://www.mercurecommunications.ca

Crédit photos : Yves Renaud