La Verità : première mondiale au Théâtre Maisonneuve

La Verità par la Compagnia Finzi Pasca © Viviana Cangialosi
La Verità par la Compagnia Finzi Pasca © Viviana Cangialosi

La Verità, création de cirque théâtral et acrobatique est présentée en première mondiale à partir de jeudi à la Place des Arts à Montréal. Ce spectacle est né d’un atypique parcours qui en fait toute sa particularité. En effet, le metteur en scène Daniele Finzi Pasca s’est vu  offrir par un de ses amis, collectionneur d’art, un tulle, rideau de scène 9m par 15, restauré, intitulé Tristan fou et peint par Salvador Dali pour la représentation d’un ballet inspiré de l’opéra de Wagner Tristan et Iseult à New-York en 1944 alors que l’artiste avait du fuir l’Espagne franquiste . Ce spectacle connut un échec ce qui provoqua une longue errance de la toile jusqu’à qu’elle soit acquise et restaurée. Rappelons que Tristan et Iseult est une légende celtique qui raconte les amours contrariés de Tristan chevalier qui tombe amoureux, amour partagé, avec Iseult la femme de son oncle roi de Cornouailles. Mais ne nous y trompons pas si la toile est bien présente et est au cœur du spectacle,  l’histoire de Tristan et Iseult elle-même, s’efface  au profit d’un travail de réflexion sur l’univers du peintre surréaliste Dali et à travers elle sur notre perception de ce qui est vrai et ne l’est pas. Plus particulièrement, ce rideau, représente le moment des retrouvailles du couple en de tragiques circonstances : C’est quand les amants devaient se retrouver qu’ils se perdent. Dali transpose ce malentendu tragique pour nous entretenir de la mort qui guette toute personne amoureuse et pour démontrer que l’amour rend fou… Aussi lugubre le rideau soit-il dans ses tons, la suspension tragique qu’il met et scène et le mouvement vers le haut de ce couple tendu l’un vers l’autre par delà de la mort semble donner quelque espoir de vie.

Daniele Finzi Pasca et sa compagnia Fanzie Pasca étaient les artistes tout désignés pour créer un tel spectacle. Déjà avec leur travail autour de Tchekov, la pièce Donka, une lettre à Tchekhov en 2010 à l’Usine C à Montréal à l’occasion du 150ème  anniversaire de naissance de cet auteur russe ils avaient démontré leur sensibilité et l’inspiration pour restituer par les arts du cirque acrobatique l’univers d’un artiste. «Créer des images qui viennent du monde du rêve, c’est une idée qui va très bien avec nous» déclaraient les deux directeurs Daniele Finzi Pasca et Julie Hamelin venue du cirque Éloize dont elle fut la co-fondatrice, lors de la présentation du spectacle à la presse en 2010. Évidemment le spectacle n’est pas un cours didactique sur le peintre surréaliste mais plutôt un dialogue ou comme le dit encore Daniele Finzi Pasca : Le surréalisme nous fait voir le monde autrement. On va lui envoyer de petits tableaux, comme si c’était une façon de lui répondre. Maintenant, nous avons le poisson, la surprise ce sera de voir comment nous le cuisinerons. Le « geste acrobatique » se marie parfaitement au « discours surréaliste »….  Le langage de l’acrobatie, le théâtre physique, peut facilement s’emparer de ce territoire, le territoire où ce n’est ni jour ni nuit, où la lumière ne touche pas la réalité mais la dessine, l’invente la réinvente. Le langage des acrobates titille notre inconscient, nous fait voir des paysages intérieurs plus vrais que vrais.

Pour mener à bien ce projet le metteur en scène a mené les recherches, constituant leur documentation, leurs repères et construisant un univers fait de gestes acrobatiques, d’ambiance sonores et de visuels en cohérence avec l’œuvre de Dali, ses problématiques, son message, sa vision du monde. Plus encore, pour répondre à l’intérêt toujours manifesté par Dali pour la science, le metteur en scène a créé de nouveaux appareils de cirque en même temps qu’il a fait une large part aux technologies de l’image et de la projection video notamment sur le support de la fameuse toile de scène la faisant être partie prenante de la création tel un 14ème artiste sur scène. «Ce sont des projections qui font ressentir la fluidité de la peinture de Dalí, qui fait contrepoids à ses formes plus sculpturales, plus figées. C’est une façon de mieux sentir les mouvements qu’il y a dans le rideau. Il y a aussi le jeu des ombres de Dalí dans sa toile, précise Julie Hamelin. Certains objets ont des ombres, d’autres non. C’est un terrain de jeu intéressant dans notre travail sur les éclairages.» précisent  Daniele Finzi Pasca et Julie Hamelin.

Le résultat est à la hauteur de la force créatrice mise en œuvre. Les 19 numéros qui alternent contorsionnistes, acrobates, jongleurs danseurs chanteurs, nous entrainent dans un univers qui allie excellence technique, prouesse physique en même temps que poésie. Un seul regret c’est que le décor ne fasse pas plus appel, grâce aux effets visuels de projection, aux couleurs de la palette de Dali et à  ses graphismes. Ainsi parfois, l’omniprésence du plancher de scène noir et l’intensité de l’éclairage en aplat blanc, apurés à l’extrême, donnent l’impression d’assister à une répétition technique alors que les moments de pure beauté sont atteints quand éclairages, décors, accessoires et majesté des artistes nous emportent dans un monde surréaliste et poétique.

La compagnia Fanzie Pasca constituée par Antonio Vergamini, Daniele Finzi Pasca, Hugo Gargiulo, Julie Hamelin et Maria Bonzanigo pour ce spectacle est née de la réunion de Inlevitas et Teatro Sunil et a pu s’appuyer sur l’expérience de ces deux compagnies qui ont à leur actif de nombreux spectacles ou évènements plusieurs menés en commun comme la cérémonie de clôture des jeux olympiques de Turin ou des créations avec le Cirque du Soleil ou le cirque Éloize.

La compagnie se définit comme issue du désir de continuer à développer des projets artistiques qui approfondissent le « Théâtre de la caresse », technique du geste invisible et de l’état de légèreté. Des concepts qui aux dires même des fondateurs de la compagnie ont engendré une esthétique particulière qui se reflète à travers un style de création et de mise en scène, une façon particulière de concevoir la production, une philosophie d’entraînement pour l’acteur, l’acrobate, le musicien, le danseur et le technicien, ainsi qu’une approche quant à la façon d’habiter l’espace et d´accéder à la mémoire qui fait surgir la nostalgie et peut émouvoir. Le geste poétique du clown se retrouve autant dans un monologue pour un seul spectateur que dans une cérémonie olympique, le théâtre, la danse, le cirque, l’opéra et le cinéma

Avec la Vérità, la Compagnia Fanzie Pasca a relevé le défi qu’elle s’était fixée. Paris, début décembre 2010, beaucoup d’enthousiasme après le lancement du spectacle Rain…Julie souhaiterait un spectacle où l’acrobatie prendrait son envol. Elle me lit une note qu’elle a conservé dans un de ses cahiers : « la vérité est tout ce qu’on a rêvé, qu’on a vécu, qu’on a inventé, tout ce qui fait partie de notre mémoire. » La Vérità met ainsi en scène 13 artistes dont plusieurs Québécois diplômés de l’école nationale de cirque de Montréal.

Saluons aussi la Place des Arts, qui s’est associée au projet au point d’en devenir le coproducteur dans sa volonté affirmée de soutenir la création et plus spécifiquement les artistes québécois. La compagnie au-delà même de la coproduction de la Place des Arts a pu bénéficier d’une résidence de création. Cette première mondiale était d’ailleurs soulignée par la présence du Ministre de la Culture du Québec, Monsieur Maka Kotto, du Maire de Montréal, Monsieur Michael Applebaum et de la responsable de la Culture au Comité exécutif de Montréal, Madame Élaine Ayotte.

La Verità
Écrit et mis en scène par Daniele Finzi Pasca
Partenaires à la création : Cornercard; Parmigiani Fleurier; Grand hotel Villa Castagnola; La Place des Arts Montréal;
Maison de la Culture de Nevers et de la Nièvre; OSI; RSI; Citta di Lugano; Cantone Ticino; ProHelvetia; Fidinam; Ernst Ghöner
Auteur, metteur en scène, co-conception des éclairages et des chorégraphies : Daniele Finzi Pasca
Directrice de création, productrice et participation à l’écriture : Julie Hamelin
Musique, co-conception des chorégraphies et conception sonore : Maria Bonzanigo
Conception de la scénographie, des accessoires, Hugojo et L’hugo : Hugo Gargiulo
Producteur délégué et consultant artistique : Antonio Vergamini
Conception des costumes : Giovanna Buzzi
Co-conception de l’éclairage : Alexis Bowles
Conception de la vidéo : Roberto Vitalini pour bashiba.com
Assistante à la mise en scène : Geneviève Dupéré
Conception des maquillages et coiffure : Chiqui Barbé
Directeur de production : Marc Laliberté
Consultant artistique : Fabrizio Arigoni
Recherchiste : Facundo Ponce de Leon
Concepteur de la Zig : Toni Vighetto
Directeur technique: Alexis Bowles
Développement des appareils acrobatiques:Marc Laliberté, Francois Lemieux, Guy St-Amour, Antoine Mercure Gagnon
Production musicale de RSI Radio télévision suisse, exécutée par l’Orchestre de la Suisse Italienne
Interprètes : Moira Albertalli, Jean-Philippe Cuerrier, Annie-Kim Déry, Stéphane Gentilini, Andrée Anne Gingras-Roy, Catherine Girard, James Kingsford-Smith, Evelyne Laforest, David Menes, Marco Paoletti, Felix Salas, Beatriz Sayad, Rolando Tarquini :

Théâtre Maisonneuve
La Place Des Arts
175, rue Sainte-Catherine Ouest
Montréal, QC H2X 1Z8
Téléphone : 514 285-4200

17 janvier au 3 février 2013 à 20h,
Tarif régulier de 67.75$ à 37.75$
Billetterie Place des Arts
Service téléphonique : Du lundi au samedi : de 9 à 20 h; Tel. 514 842-2112 ou sans frais au 1 866 842-2112
Service aux guichets : Du lundi au samedi : de midi à 20h30 ou 30 minutes après le début de la dernière représentation.
Réservation en ligne : http://laplacedesarts.com

la création partira ensuite en tournée en Colombie, en Uruguay, en Argentine, au Chili et au Brésil. Puis en Europe à partir de 2014 :  Suisse, Italie, Espagne et  France.

 Les extraits sont tirés du site internet de compagnia Fanzie Pasca finzipasca.com , et du livret du spectacle.
facebook.com/finzipasca

crédit photo © Viviana Cangialosi