Livre biographique : Pourquoi moi? Ma vie chez les juifs hassidiques

Pourquoi moi? Ma vie chez les juifs hassidiques - Lise Ravary (photo : courtoisie)
Pourquoi moi? Ma vie chez les juifs hassidiques - Lise Ravary (photo : courtoisie)
Pourquoi moi? Ma vie chez les juifs hassidiques - éd. Libre Expression (photo : courtoisie)
Pourquoi moi? Ma vie chez les juifs hassidiques – éd. Libre Expression (photo : courtoisie)

«Mais, et c’est un gros mais, et vous serez sans doute surpris de l’apprendre même si c’est la plus stricte vérité, la majorité des hassidim, hommes et femmes, sont heureux. Ils aiment leurs vies [sic]. Même si plusieurs vivent dans la pauvreté, en raison des grosses familles et de la difficulté pour eux de travailler dans le monde non Juif. Plusieurs connaissent notre monde mieux qu’on pourrait le croire, surtout parmi les élites. Ils sont au courant de nos taux de divorces [sic]. Ils savent que beaucoup de jeunes se droguent. Ils craignent la violence du monde extérieur. Ils sont sidérés de voir comment on traite nos aînés. Ils vivent en retrait depuis des siècles et ne comprennent par pourquoi nous estimons important qu’ils s’ouvrent à notre monde. «Nous ne faisons de mal à personne. Nous ne voulons pas nous faire dire que nos croyances sont fausses, disent-ils. Nous ne volons pas, ne tuons pas, ne vendons pas de drogue à vos enfants. Nous ne faisons pas jouer de la musique à tue-tête le soir. Notre seul crime, c’est d’être réservés. Mais nous n’avons rien contre vous.» Au pire, ils méprisent le monde extérieur et ses habitants. La plupart du temps, en public, ils ne nous voient tout simplement pas.»

Les juifs hassidiques ne nous voient peut-être pas mais nous, nous les voyons et pouvons ressentir la présence de leurs communautés comme des corps étrangers à la nôtre. Leur réserve poussée à l’extrême, l’application qu’ils mettent à éviter de se mêler aux «Gentils», nom qu’ils donnent aux non-juifs, les rendent intriguants pour les uns, suspects pour les autres et leur hermétisme laisse la porte ouverte à toutes sortes d’élucubrations inquiètes. Lise Ravary n’était pas différente de ceux pour qui la foi juive est étrangère. Elle a été élevée dans le catholicisme et n’était pas une femme croyante ni intéressée aux sujets religieux. Elle, mère de deux adolescentes. Elle, rompue au journalisme, à orienter son esprit vers les faits vérifiables. Elle, habituée à valider la solidité de ses sources et qui mène une carrière stimulante et enviable. Elle, elle était loin de se douter qu’un jour elle se sentirait touchée par la grâce divine lors d’un voyage en Israël, encore moins par une religion qui lui est totalement inconnue et, qui plus est, lui est rebutante. C’est pourtant un appel auquel elle ne peut résister et le début d’un long et difficile chemin durant lequel elle devra faire preuve d’abnégation et de persévérance pour accéder à la conversion. Car ne devient pas juif qui veut. Mais pourquoi elle?

À mi-chemin entre le rapport et le documentaire, Lise Ravary livre le récit de sa conversion et de son immersion dans la communauté hassidique des Loubavitch de Montréal, encore aujourd’hui étonnée de cet irrésistible besoin de joindre la foi juive. C’est sous sa plume journalistique qu’elle nous ouvre les portes de ce monde situé à quelques pâtés de maisons du nôtre et pourtant à mille lieues de notre connaissance.  Par le biais de son histoire, elle fait la lumière sur l’inconnu et la rencontre qu’elle permet au lecteur avec le peuple juif est étonnante et plus qu’intéressante : elle ouvre l’esprit à la compréhension et abat tous les préjugés. Le livre regorge d’informations qui, bien que présentées pêle-mêle dans une chronologie confuse, ne seraient accessibles autrement. Elle nous décrit un monde contraignant, la vie d’un juif devant être entièrement vouée à sa relation avec Dieu, mais un monde des plus chaleureux et uni. Tout en racontant sa propre histoire, elle survole l’histoire juive, raconte leur réalité d’aujourd’hui. De ce qu’ils mangent, de leurs objets rituels et leur signification spirituelle, leurs prières, les règles qui régissent les relations familiales et sociales desquelles découlent leur mentalité qui peut rappeler le principe bouddhiste du «ici et maintenant». On en vient qu’à comprendre leur besoin de s’isoler de «notre monde» et à accepter le leur. Et c’est toujours avec bienveillance qu’elle parle de ces années passées au sein de la communauté qui lui a permis d’acquérir la spiritualité dont elle avait besoin, communauté qu’elle a quitté aujourd’hui, et avec une nostalgie évidente qu’elle se remémore Dina, Greta, Sara, ces femmes qui ont changé sa vie.

Dans Pourquoi Moi? Ma vie chez les juifs hassidiques, Ravary invite à passer le seuil des portes closes de ces mystérieuses maisons juives. Et c’est avec une curiosité qui sera satisfaite que le lecteur le fait.

Lise Ravary - Auteure et journaliste (photo : courtoisie)
Lise Ravary – Auteure et journaliste (photo : courtoisie)

Lise Ravary est née à Montréal et a été éduquée en grande partie par des religieuses qui lui ont fait lire Racine plutôt que des romans pour jeunes filles en fleurs. Très vite, sa curiosité l’emporte sur les études. Longtemps rédactrice en chef de magazines, elle est retournée au journalisme indépendant pour se consacrer à l’écriture à plein temps. Elle a écrit pour  L’actualité, Châtelaine, Coup de Pouce, Commerce, Affaires Plus, La Presse, Le Devoir et plusieurs autres. Pourquoi moi? est son premier livre.

 

 

 

Pourquoi moi? Ma vie chez les juifs hassidiques
Auteure : Lise Ravary
Éditeur : Libre Expression
ISBN : 9782764808214
Parution : 6 mars 2013
248 pages
Prix suggéré : 24.95$

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