Outdoor Art, la sculpture et ses lieux

Outdoor Art.

«  L’une des fonctions socialement très utiles des sculptures outdoor n’est pas qu’elles occupent des espaces «  sans histoire connue » mais à l’inverse, qu’elles interagissent avec un lieu existant et les histoires connues à son sujet d’une manière telle que le lieu, ainsi que les gens qui le fréquentent, en sont positivement affectés. » Voilà ce que pense de l’utilité de l’art hors les murs des musées Joëlle Zask et qu’elle partage avec nous dans son étude Outdoor Art.

 

Mais en art il n’y a rien d’aisé. On y découvre une discussion pointue sur la différence entre « art public », « land art » et « outdoor  art » entre autres. Et comme tout est politique, surtout lorsqu’on s’évertue à le nier, il faut faire la différence entre l’art de propagande, de l’esthétisme socialement accepté, patrimonial, historique et encore plus l’art servant à un devoir de mémoire.

 

L’auteure souligne à grands traits l’instrumentalisation de l’art au profit des pouvoirs en place. Ce qui n’empêche pas les éléments naturels de devenir complices de l’artiste, que ce soit au niveau des monuments ou des statues.

 

Comment l’art et la politique se croisent-ils ? Ce livre explore cette question en nous invitant à déambuler pour observer, comprendre, aimer ou détester les sculptures contemporaines situées en extérieur : l’Outdoor Art. On n’a pas d’hésitation sur les objectifs des statues au classicisme pompeux du XIXe siècle ou, pire, sur ceux des monuments fascistes ou staliniens : l’art est alors « public » au sens où il est situé au centre d’un « espace public » où le pouvoir s’exhibe et intimide ; les spectateurs lèvent la tête vers ce qui est puissant.
Ce livre explore un autre univers : celui de l’
Outdoor Art ; sans contraindre l’environnement, il ne s’y dissout pas. Il coopère avec lui tout en le modifiant. En accord avec nos principes démocratiques de liberté, d’individualité et de justice, il crée des lieux de promenade, de contemplation ou de jeu, qui rassemblent sans uniformiser. Nous n’y sommes ni spectateur ni consommateur mais visiteur.
La fontaine Stravinsky à Paris est un exemple connu. Il y en a beaucoup d’autres que Joëlle Zask convoque, d’Isamu Noguchi à Bruce Nauman, de George Segal à Rachel Whiteread, de Jean Dubuffet à Richard Serra, en finissant par les mémoriaux dédiés à la destruction des Juifs d’Europe. L’enjeu est esthétique, politique et social : voulons-nous dominer le monde, ou être en interaction avec les lieux où nous vivons ? Vous ne vous promènerez plus de la même manière après avoir lu ce livre.

 

Joëlle Zask

 

Joëlle Zask est philosophe. Elle a publiéArt et démocratie (2003), traduit et préfacé plusieurs ouvrages de John Dewey.

 

 

 

 

Nombre de pages : 320

Prix suggéré : 26 €

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