Scalpée au théâtre de La Bordée

Steve Gagnon et Anne-Marie Olivier
Steve Gagnon et Anne-Marie Olivier

«Nous portons des douleurs immémoriales. Elles sont tapies au-dedans, et rougeoient parfois, dans la nuit, au sortir d’un rêve mauvais, ou au bout d’une fatigue trop longue. Nous les devinons sans vouloir les regarder. Nous voulons croire qu’il n’y a rien de vrai là où nous pressentons des gouffres sans fond. Mais, un beau jour, sans que nous ne sachions bien pourquoi, quelques chose  en nous se lève et se met à hurler. »

Pour Véronique Côté, metteure en scène, ce spectacle est un cri,  est une peine, est un coeur saignant!!!

C’est tout un spectacle que le théâtre de La Bordée a présenté à son public ce mercredi 6 mars. Et personne n’est sorti du théâtre indifférent. Plusieurs essayaient de comprendre ce qui venait de se passer.

L’écriture de Scalpée a démarré à l’issue d’une rencontre entre l’auteure, Anne-Marie Olivier, et un gardien de prison. Ce dernier lui fait le récit d’une émeute particulièrement violente et elle est frappée : comment peut-on en arriver à tel niveau de barbarie, aujourd’hui, dans un état de droit, et sans que le public en soit informé ?

Scalpée, nous plonge au coeur de la crise identitaire. Récit morcelé fait d’histoires qui s’enchevêtrent, se croisent et se décroisent, Scalpée, est un amalgame de dialogues réalistes et d’envolées poétiques. À travers le parcours singulier d’une femme gardienne de prison, (Anne-Marie Olivier) la pièce témoigne de la difficulté de parler de façon continue et limpide de sujets aussi durs que la violence et la cruauté.

Outre Anne-Marie Olivier, qui incarne avec intensité son personnage et provoque des frissons lorsqu’elle raconte le soulèvement en prison,  Son fils Charles, incarné par Steve Gagnon, tient à connaître l’identité de son père, ce qui lui confirmera ses origines amérindiennes. La scène avec Dorothée, incarnée par Édith Patenaude, sur le lit, est une scène d’amour où le lit est éventré. Dorothée enseigne alors à Charles comment éventrer un orignal. Les entrailles sont sorties, dans un bain se sang, dans un murmure horrifié du public, et la scène d’amour se poursuit…Amour, querelle, sang…un cri une peine, un cœur saignant…

Steve Gagnon
Steve Gagnon

Le décor sert bien les messages qui sont véhiculés…La corde, l’envolée des oiseaux, la neige qui tombe sous ce faisceau de lumière rendent bien les différentes émotions vécues. Le spectacle aborde aussi la crise d’Oka dont les véritables enjeux restent encore obscurs, autant que les questions polémiques soulevées à l’époque, qui demeurent pour la plupart irrésolues.

Rencontré à la fin du spectacle, le directeur artistique, Jacques Leblanc, était très fier de la réaction du public et de la prestation des comédiens : « La plume d’Anne-Marie Olivier, acérée comme une flèche, est allé droit à notre cœur, à notre âme et à notre esprit… »

 

Scalpée

Texte : Anne-Marie Olivier

Mise en scène : Véronique Côté

Assistance à la mise en scène : Jean-Philippe Côté

Distribution : Steve Gagnon, Anne-Marie Olivier, Edith Patenaude

La pièce est présentée du 5 au 30 mars 2013 au théâtre de La Bordée.

Lundi : 9 h – 12 h et 13 h – 17 h
Mardi au vendredi : 9 h – 19 h 30
Samedi :
13 h – 19 h 30
Dimanche : fermé

Pour réservation:  418 694-9721 poste 1

 

http://www.bordee.qc.ca/

Crédit photos: Nicola-Frank Vachon