Semblance: Quand le théâtre se mêle à la réalité!

Semblance
Semblance

Du 19 mars au 7 avril 2013, le Périscope vous convie au lancement du site Internet de Paul et Patricia, conférenciers sur les relations conjugales. Dès votre arrivée au Périscope, venez rencontrer les jeunes conseillers en relation de couple et toute l’équipe de l’agence Orion communication, prétexte liminaire de la pièce Semblance. Cette entrée en matière des jeunes comédiens suscite déjà l’intérêt et la curiosité du public, qui flaire la mise en scène…mais jusqu’à quel point?

Semblance brosse un portrait quasi essayistique des verbes d’état (être, devenir, paraître, sembler, devenir, demeurer, rester, avoir l’air et passer pour) par des tableaux diamétralement opposés et des situations qui convergent tous vers la même question : comment exister dans l’absence de l’autre?  L’exploitation de ce thème aussi riche et intéressant tend vers l’audace. En effet, le scénario presse le citron jusqu’à plus soif. Les scènes sont nombreuses, chargées de réflexion, très courtes ou très longues, mais campées dans une mise en scène techniquement recherchée et innovatrice. Bref, le spectateur est hyper stimulé, mais le thème qui aurait eu avantage à être approfondi se perd dans un tourbillon de personnages et de procédés théâtraux, malgré tout absorbants. Entre autres, Simon Lepage, un acteur qui joue son propre rôle, escorte brillamment l’auditoire par la distanciation dans l’univers brechtien en interagissant avec lui. C’est par ce personnage que se crée le doute. Il se tient droit debout sur la mince ligne entre la fiction et la réalité, entre le rôle et l’existence. C’est sa dialectique qui guide l’interprétation des autres scènes. À quoi bon être acteur s’il n’y a pas de public? Sommes-nous des acteurs dans notre propre vie? N’existons-nous que par le regard des autres?

Enfin, pour que le spectateur nage encore plus entre vérité et mensonge, chaque personnage existe réellement sur les réseaux sociaux comme Facebook et Tumblr. Un projet multiplateforme comme Semblance se plante au beau milieu des enjeux sociaux que cause l’engouement de la Toile : Comment nous définir entièrement par un profil virtuel? Jusqu’où nos photos, nos commentaires décontextualisés et un collage de nos informations personnelles prouvent que nous existons ou témoignent de qui nous sommes réellement?

Semblance, c’est neuf personnages, neuf vies, neuf tableaux, neuf prisons. Chacun croise le chemin de l’autre dans le contexte du lancement du site Internet de Paul et Patricia, qui fait le pont entre chaque histoire.

Sophie : Directrice de l’agence de communication, elle s’enivre par le travail pour oublier la mort de son conjoint, Vincent, dans un accident. Pour survivre, elle s’illusionne de souvenirs et ne vit que dans le passé, le présent étant devenu impossible dans l’absence de l’autre.

Exister dans le regard de l'autre
Exister dans le regard de l’autre

Paul et Patricia : Jeunes conférenciers ambitieux, ils sont absorbés par leurs trucs et astuces qu’ils offrent au public pour une vie conjugale saine, mais ils se sont emprisonnés dans le rôle professionnel qu’ils incarnent. Le couple a oublié d’exister dans leur intimité et n’existe que par les problèmes des autres couples.

Fannie : Jeune blogueuse timide, réservée et seule, elle choisit de renaître dans la peau et le corps d’une autre, beaucoup plus aguichante qu’elle ne l’était avant. Son histoire nous raconte l’hypocrisie de notre enveloppe corporelle dans laquelle la société se leurre.

Thomas : Personnage principal et photographe pour l’agence, il souhaite faire une exposition sur ce que les gens sont et non sur ce qu’ils semblent être. Comment montrer toute la complexité d’une personnalité en une seule image? Un défi qu’il relève au fur et à mesure que la pièce avance; il tapisse les six murs de son studio avec des photos inspirées d’artistes comme  Gillian Wearing, Doyon-Rivest, Miroslav Tichý et Bettina von Zwehl.

Benoît : Sous une carapace de bon vivant et dynamique, il cache une solitude envahissante. Sur un ton faussement léger, il tend des perches à ses amis pour se fabriquer une famille, mais personne ne prend au sérieux son appel à l’aide.

Emma : Voisine de Thomas, elle n’existe que par leurs conversations à travers les murs de son studio de photo. Elle apparaît à la fin : elle est non-voyante. Toute une réflexion s’installe à la suite de son arrivée. Si le paraître est un concept inconnu, est-ce que l’individu existe quand même pleinement et sa nature est-elle diminuée par le fait même?

À l’avant-plan de toute la réflexion que suscite cette pièce s’improvise une mise en scène innovatrice où les décors et la maîtrise des échanges virtuels jouent un grand rôle. Le spectateur assiste en direct à la création d’une expo-photo, à la publication d’un blogue, à la bonification d’un profil sur Facebook et à un clavardage. La technique a très bien soutenu les comédiens; les procédés théâtraux traditionnels ont pris un coup de vieux! La scène s’est même étendue jusque sur le toit du Périscope, dans un tableau qui tendait plus vers le cinéma (caméra épaule) que vers le théâtre. Quelques longueurs et bafouillages plus tard, le théâtre devient la salle d’exposition de Thomas et le public, les visiteurs. Rideau. Ovation.

Apprenez-en plus sur les personnages et sur le projet Semblance en visitant leur site Internet :

http://www.projetsemblance.com/index.html

Auteurs : Équipe de création

Mise en scène : Jean-Philippe Joubert

Assistance à la mise en scène : Caroline Martin

Conception : Gabrielle Arsenault, Charles-Étienne Beaulne, Mario Croteau, Dominique Giguère  et Noémie O’Farrell

Production : Nuages en pantalon – compagnie de création et Théâtre Argentique
Distribution: Charles-Étienne Beaulne, Guylaine Jacob, Simon Lepage, Danielle Le Saux-Farmer  Mélissa Merlo, André Robillard, Maxime Robin, Carl Vincent et Alexandrine Warren

Crédit photos : Théâtre Périscope