Vous avez jusqu’au 23 mars 2013 pour aller vous rafraîchir à Québec à la Salle Multi de Méduse devant une création de Cas Public, une compagnie dirigée par la chorégraphe de renommée internationale, Hélène Blackburn. En scène, sept jeunes danseurs professionnels qui suent sang et eau à pousser les limites du mouvement devant un public dynamisé. Destiné principalement à un auditoire jeune, Variations S se panache de rythmes endiablés techno, de scratching, de percussions, de negro spiritual et d’un échantillonnage de Stravinsky, un compositeur russe.
Pour ce spectacle, Hélène Blackburn s’est essentiellement inspirée (jusqu’à en teinter le titre de sa création) du Sacre du printemps, une œuvre chorégraphique signée Vaslav Nijinsky pour les Ballets Russes au début du 20e siècle sous le sceau musical de Igor Stravinsky, qui incarne un rôle majeur dans la réécriture de cette œuvre, cent ans plus tard. Avec le rythme et l’harmonie au cœur de son univers musical, Stravinsky a dérogé de la tradition artistique de l’époque et a provoqué tout un tollé en France. La chorégraphe, fascinée par cette œuvre révolutionnaire, la module au goût du jour en y ajoutant un platiniste. Le résultat est magnifiquement anachronique et grise le public de nouveauté. Parfois rituelle et primitive, la musique de Variations S se veut accessible et harmonieuse. Elle invite à la liberté, au défoulement par l’expression et, hybride, appelle à la sensibilité et à la grâce.
Variations S interpelle beaucoup le jeune public, au cœur du concept créatif de Blackburn. Le thème principal, la verte jeunesse, émane directement de la métaphore du printemps. L’adolescence tel le printemps de la vie. Renaissance. Éveil. Saison des amours. Fleur de l’âge. Ce désir d’ébranler un auditoire nouveau amène une école de pensée différente : la danse doit être rythmée, impétueuse, stimulante et ancrée dans un univers contemporain. Aux citations tirées du début du 19e à la suite du scandale qu’a provoqué le Sacre du printemps, elle ajoute des images filmées sur le vif du moment et projetées sur un écran. La chorégraphe relève le défi brillamment car elle et toute son équipe artistique se valent une ovation délirante dès que les lumières se ferment.
La chorégraphie, principalement exécutée en groupe ou en duo, aussi hétérogène soit-elle, réunit plusieurs genres pour en faire un tout équilibré et achevé. Les couples presque osmotiques s’emboîtent, leur peau glisse l’une sur l’autre, les corps se mélangent, s’utilisent. Aérienne plus que jamais, cette œuvre chorégraphique met l’accent sur les portées techniques et émouvantes. Les femmes, comme les fleurs du printemps, exposent toute leur élégance et leur souplesse tandis que les hommes, par leur force et leur contrôle, les accompagnent dans leur éclosion. Les danseuses revêtent ensuite leurs chaussons à pointe de ballerine, les corps se raidissent, les courbes se changent en lignes droites; elles exécutent, entre autres, une série de pirouettes fouettées des plus gracieuses. Coup de théâtre : la douceur du classique devient un son itératif, leitmotiv qui suggère le rite, moins tendre et des espadrilles volent la vedette aux chaussons délicats. Les interprètes se groupent et versent dans un mélange de danse aérobique, de hip-hop et de danse africaine, pour le plus grand plaisir des yeux.
Variations S, dont le titre évoque probablement l’adaptation de l’œuvre musicale de Stravinsky, est un spectacle vivifiant et essoufflant à la fois. Il est le mariage parfait entre la danse technique, la beauté et la cadence. À la fois complexe et accessible à un public de tous les âges, la création d’Hélène Blackburn saura convertir les néophytes de la danse contemporaine en passionnés des corps dansants.
La Rotonde et le complexe Le Cercle ont également développée une idée originale avec la collaboration de l’agence d’importation Symbiose vins et cie pour la présentation de ce spectacle. Ils nous suggèrent donc un corps accord, un accord vin-spectacle, et un après-spectacle au Cercle, un concept intéressant afin de réunir les passionnés des bonnes choses de la vie.
Chorégraphie : Hélène Blackburn
Interprétation : Alexandre Carlos, Sébastien Cossette-Masse, Roxane Duchesne-Roy, Jean-Philippe Bouchard, Merryn Kritzinger, Daphnée Laurendeau, Cai Glover et IsaBelle Paquette
Assistant à la direction artistique : Pierre Lecours
Musique : Martin Tétreault
Scratching en direct : Samuel Thériault
Lumières : Andréanne Deschênes
Vidéo : Dorian Nuskind-Oder
Costumes : Hélène Blackburn, en collaboration avec les danseurs
Scénographie : Hélène Blackburn
Réalisation de la scénographie : Samuel Thériault
Crédit photos : Damian Siqueiros
Site Internet : Cas Public
Site Internet : La Rotonde
