Les conjoints… quand l’amour ne suffit plus!

René Gagnon et Myriam Poirier
René Gagnon et Myriam Poirier

Présentée en version originale en France en 2011, la pièce Les conjoints, écrite par l’auteur prolifique Éric Assous, a été adaptée pour le Québec par notre plus grand dramaturge québécois Michel Tremblay et a connu un fort succès l’été dernier au théâtre de Rougemont.

Maintenant en tournée à travers le Québec, voilà que la pièce s’est arrêtée le temps d’un soir, à la salle Albert-Rousseau le lundi 25 mars dernier.

Mettant en vedette Anne Casabonne, René Gagnon, Alexandre Goyette et Myriam Poirier, Les conjoints raconte l’histoire du quinquagénaire Bob (René Gagnon) qui, après n’avoir remporté rien de moins que 20 millions $ à la loterie, divorce de son épouse et se met en couple avec une jeune femme de 20 ans sa cadette. Une union qui ne laisse personne indifférent, surtout pas Maud (Anne Casabonne), la conjointe d’Olivier (Alexandre Goyette), le meilleur ami de Bob, qui trouve la chose tout à fait scandaleuse.

Cette comédie burlesque contemporaine gravite autour du pouvoir de l’argent, mais aussi des ravages de l’infidélité et du mensonge dans un couple. On découvre dans cette pièce que le romantisme dans un couple est mis à rude épreuve au fil des ans et bien souvent on se rend compte qu’un couple demeure ensemble après tant d’années pas seulement par amour, mais pour d’autres raisons souvent plus pragmatiques.

Remplie d’intrigues et de rebondissements que l’on ne voit pas toujours venir, cette pièce alterne entre le présent et le passé, sous forme de flash-back pour nous démontrer comment ces couples ont transgressé, au fil des ans, leurs valeurs et leurs éthiques malgré toute leur bonne volonté.

Anne Casabonne et Alexandre Goyette
Anne Casabonne et Alexandre Goyette

Michel Tremblay a adapté le texte d’Éric Assous avec brio, permettant à chacun des spectateurs de croire qu’elle a été écrite par et pour des Québécois. Le texte est fluide, punché et fort bien amené dans la bouche des divers personnages. Bien que la psychologie des personnages n’est qu’à peine effleurée et qu’on ne connait rien des raisons profondes qui ont poussé ces couples au départ à être ensemble, on peut facilement croire en chacun d’eux et se créer une empathie pour ce qui leur arrive.

Mais l’ingrédient majeur de cette pièce est naturellement le jeu fort réussi des divers comédiens. Anne Casabonne donne sans contredit la saveur et l’épice de ce plat fort bien apprêté. Avec son caractère bouillant, ses gestuelles toujours très à-propos, et un sens du timing inouï, Anne génère la majorité des rires dans la salle, ainsi que toutes les émotions extrêmes à travers lesquelles le public peut passer. Assurément, elle est le personnage le plus coloré et le plus exalté du groupe et c’est exactement ce qu’il faut à cette pièce. À chacune de ses interventions, elle ajoute de l’ampleur et de la crédibilité au texte d’Éric Assous. À l’opposé, Alexandre Goyette s’en tire très bien dans un rôle plus effacé, de cet homme soumis à sa femme, qui n’ose jamais prendre de décision, mais se laisse plutôt embarquer bien malgré lui dans les idées des autres. Un homme qui ne prend pas sa place et qui laisse les autres décider pour lui, voilà un rôle bien ingrat, mais dont Alexandre réussit fort bien à rendre sans qu’on le trouve trop pathétique. Anne et Alexandre forment un couple très crédible et tout au long de la pièce, on espère que cela fonctionne pour eux…

L’autre élément majeur de cette pièce est sans aucun doute le rôle délicieux de Bob joué avec extrême brio par René Gagnon. Lors de la première scène, son personnage est plutôt vu comme antipathique, snob, trop sûr de lui et carrément baveux avec ses airs de grand Seigneur. Mais bizarrement notre perception de lui change du tout au tout, lors des retours en arrières dans son passé pas si lointain, avant l’acquisition de sa fortune et qu’on le retrouve en vieux jeans et la démarche courbée d’un vieil homme un peu dépassé par sa vie aussi moche que son t-shirt.  C’est là que l’on se rend compte de l’étendue de la qualité de son jeu d’acteur.

À cela s’ajoute le personnage de Kristel (Myriam Poirier), qui, bien que son rôle soit plutôt accessoire, elle le défend bien et le rend fort crédible.

Les conjoints!
Les conjoints!

La mise en scène de Michel-Maxime Legault est fort bien menée. Avec un décor d’une cuisine/salon moderne, tout en gris foncé, qui contraste avec le premier couple tout de noir vêtu, versus l’autre couple tout de blanc vêtu. On sent bien dès le départ qu’on veut nous montrer que ces deux couples sont totalement à l’opposé l’un de l’autre. Puis, au fil de l’histoire, on découvrira qu’ils ne sont pas si différents finalement.

Durée 1 h 30 sans entracte 

Date des prochains arrêts de la tournée :

29 mars Théâtre des deux rives à Saint-Jean-sur-Richelieu

2 avril Salle J-Antonio-Thompson Trois-Rivières

3 Avril Salle Maurice-O-Bready Sherbrooke

4 avril Théâtre Lionel-Groulx Sainte-Thérèse

5 avril Salle Philippe-Filion Shawinigan

6 avril Salle André-Prévost Saint-Jérôme

9 avril Maison des arts Desjardins Drummondville… etc.. 

 

Production : Jean-Bernard Hébert inc.

Mise en scène : Michel-Maxime Legault

Texte : Éric Assous

Adaptation québécoise : Michel Tremblay

Distribution : Anne Casabonne, René Gagnon, Alexandre Goyette et Myriam Poirier 

http://sallealbertrousseau.com/evenements/les-conjoints 

www.theatrederougement.com

crédit photos : Courtoisie