C’est à un très grand moment de la chanson française auquel assistait jeudi soir au Centre Bell la foule d’irréductibles de l’artiste français Michel Sardou. En visite l’été dernier pour interpréter quelques chansons avec les candidats de Star Académie, le créateur de Le France, n’avait pas mis les pieds au Québec depuis 8 ans pour livrer un spectacle. À voir ce stade rempli à craquer de gens de tous âges dans un véritable mouvement d’amour, on se demande bien pourquoi il a mis tant de temps à revenir.
Artiste controversé
Dès les premières mesures de La Maladie d’amour, le temps soudainement s’est arrêté quand Michel Sardou nous a fait entrer dans son univers par la grande porte. Quatuor à cordes, six musiciens aux guitares, aux percussions et aux claviers sertis de cinq jolies choristes-danseuses battaient les rythmes très virils à l’unisson. L’interprète mise également sur des éclairages inventifs et éclatés comme ceux qui accompagnent les chansons Africa Dieu et Chanteur de jazz. On sait que Sardou, lui-même fils et petit-fils d’artistes, a été durant sa carrière de plus de 40 ans un artiste controversé, censuré, parfois malmené à cause du caractère social de ses chansons comme Les ricains, Rouge, Vladimir Ilitch, et combien d’autres.
Sourire
Au cours de sa prestation, Sardou nous rappellera fréquemment la mauvaise réputation qu’il a de râleur et de celui qui ne sourit jamais. Pourtant à la fin de chacune de ses chansons, les applaudissements nourris, lui décrochaient à tout coup ce sourire irrésistible. Il a déjà expliqué que la complexité de la tessiture de ses chansons le forçait à une telle concentration en spectacle qu’il se retenait de parler au public, que ça lui a donné cette mine de fonctionnaire sur scène. Ce n’est plus le cas. Puis, la voix du chanteur est toujours aussi puissante et la texture du spectacle très masculine.
En fait, Sardou est un homme attachant, presque mignon, qui a contribué tout au long de ses 28 chansons à séduire son public. L’homme au regard si dur et à la démarche quasi militaire mais parfois hésitante, a même confié aux gens de Montréal qu’il était en fait, une crème! On arrive à y croire même si on est très loin avec Sardou du romantisme savoureux de Charles Aznavour. Mais des chansons comme Les vieux mariés, Mourir de plaisir, Je vole, Putain de temps et surtout Je vais t’aimer ne mentent pas sur la sensibilité qui se trouve au fond de l’âme de cet artiste charismatique.
À 66 ans, le chanteur français a entamé cette tournée européenne Les Grands Moments pour plaire à son public qui lui demandait de chanter ses grands succès. Cet arrêt au Québec a de tout évidence plu au public. Un album double éponyme reprend d’ailleurs ces best of présentés en spectacle. Une captation du show du 6 mars à Marseille se traduirait en DVD, selon une entrevue entendue avec M. Sardou. Faut que dire qu’avec 95 000 000 d’albums vendus, 300 chansons sous la cravate, quelques prix Victoires de la musique, cet homme dont on retient la générosité en spectacle, comédien sur scène et au cinéma, et qui n’a jamais pensé faire carrière de chanteur, est devenu depuis longtemps un incontournable du répertoire français!
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© Véronyc Vachon
