L’Énéide au Cégep Garneau

L'énéideSept étudiants du Cégep Garneau interprètent du 10 au 13 avril la pièce L’Énéide (non pas celle de Virgile), mais bien d’Olivier Kemeid, auteur québécois de nombreuses pièces et directeur artistique de la compagnie « Trois Tristes Tigres ». La pièce raconte l’exil d’une famille de réfugiés fuyant l’oppression de leur pays d’origine. La tragédie porte sur l’enfer que vivent les réfugiés dits illégaux dans leur périple pour l’obtention d’un statut et d’une certaine paix.  De ce printemps qui tarde à verdir, l’auditorium du Cégep Garneau est l’endroit tout désigné d’ici là. Il n’y a plus de prétextes qui tient, juste du bon théâtre collégien. La troupe a su, sous la supervision de Véronique Côté, offrir tout le travail que demande l’exigence d’une telle tragédie en terme de jeu d’acteur et d’interprétation sentimentale.

Feu, Flot, Flamme, Fils, quatre mots qui appellent à de multitudes d’images, dont l’allitération vous laisse de marbre, mais qui portent en eux un éventail de symboles et d’évènements. Peut-être vous faudra-t-il voir la pièce pour comprendre l’étendue de ces quatre mots. Ce quel l’on peut tout de même identifier : dans la pièce l’Énéide, ils sont un contingent de difficultés pour les personnages traversant multiples difficultés. La chaleur d’un feu après le naufrage sur une île (ou des îles) est le réconfort que cherche à retrouver cette famille désespérée. Toutefois le feu est aussi le souvenir douloureux que vêtent les âmes en porte-à-faux d’un exil sans borne et d’une indifférence des autres sans pareil. La seule saleté, une noire suie, restante d’un univers de beauté devient le maquillage de leurs tributs et les tatouages de leurs fatigues. La route semble interminable et les embuches se succèdent. L’écho de la poésie de Virgile se mêle à un sujet de plus en plus sensible tant ici au Québec qu’ailleurs. Depuis le succès de la publication du livre de Kim Tuy « Ru » racontant sa fuite de Saïgon et son adaptation à la vie nord-américaine de Montréal, l’exil semble avoir de plus en plus sa place sur les territoires de la création.

La mise en scène et l’éclairage ont été très bien organisés par Véronique Côté, les accessoires sont rudimentaires, mais la polyvalence avec laquelle ils sont utilisés démontre bien que tout était réfléchi, de la barque de Charon au rafiot des réfugiés. Les troupes amateurs au collégial comme L’Énéide ont parfois tendance à refermer le jeu entre les personnages lésinant de se fait l’auditoire. Mais pour l’Énéide, les acteurs et actrices n’ont jamais flanché la voix ni l’attention au public. Les actes défilaient irrémédiablement face au public.

Pour tout dire, le jeu des acteurs était vraiment bien orchestré. La présence scénique était forte et l’assurance que dégageait les acteurs et actrices de la pièce soulignait leurs heures de pratiques acharnées. Ils avaient une contrainte importante comme troupe de théâtre. Ils étaient un nombre restreint d’étudiants pour jouer les nombreux personnages de la pièce. Le défi consistait à alterner d’une identité à une autre sans que le public y perde l’intérêt. Il faut souligner que Sébastien Émond et son verbe saccadé animaient la scène comme nul autre. Alice Guéricolas savait nous faire rire aux moments opportuns.  La colère de la matriarche et de l’amante interprétée par Léane Garon possédait la puissance et le souffle de plusieurs femmes. Chapeau, particulièrement à Christina Brisson  pour son adaptation. Elle s’est jointe à la pièce au milieu de l’année afin de remplacer un désistement inopportun. Bravo aux autres : Samuel Perreault, Ariane Roberge, Alexandra Saint-Laurent et Joany Garant pour l’émotion qu’ils transmettent à l’auditoire.

Chapeau à mes amiEs cégépiens

Évènement facebook :

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Distribution :

Sébastien Émond
Samuel Perreault
Ariane Roberge
Alexandra Saint-Laurent
Léane Garon
Joany Garant
Alice Guéricolas
Christina Brisson