Décès d’une grande dame: Huguette Oligny s’éteint à l’âge 91 ans

Huguette Oligny
Huguette Oligny

Ce matin, le 10 mai, nous avons appris que la comédienne Huguette Oligny est décédée à l’âge de 91 ans. Elle était la conjointe Gratien Gélinas. Voici un petit résumé de sa carrière. Plus de détails plus tard.

Huguette Oligny a habité le petit comme le grand écran, en plus de défendre de nombreux rôles au théâtre, au cours d’une carrière s’étendant sur plus de 60 ans grâce à son talent de comédienne et à sa beauté remarquable.

Récemment, son beau-fils Pascal Gélinas, fils du regretté Gratien Gélinas, a d’ailleurs réalisé le documentaire Huguette Oligny, le goût de vivre, un portait en hommage à la comédienne.

Avant de mourir, la dame n’avait plus de mémoire à court terme, bien qu’elle ne souffrait pas de la maladie d’Alzheimer. Par contre, ses souvenirs et sa philosophie de vie étaient toujours intacts, selon son beau-fils.

«Je trouvais ça important de saisir cette mémoire et de donner la parole à ses amis avec qui elle a créé des liens profonds, a-t-il commenté. Je suis privilégié d’avoir pu documenter sa vie, c’est un testament moral ce film.»

Née en 1922 à Montréal, c’est au début des années 40 qu’elle a débuté sa carrière au théâtre. Rapidement, sa soif de théâtre l’a amenée à se rendre à Hollywood. En 1945, elle s’est aussi produite avec d’autres Québécois sur Broadway, à New York, dans la pièce St-Lazare’s Pharmacy.

Comme elle pouvait jouer autant en français qu’en anglais, Huguette Oligny est montée sur les principales scènes au pays ainsi qu’à New York, Chicago, Paris, Bruxelles et dans plusieurs autres villes européennes.

Durant les années 1950, elle est rentrée à Montréal où elle est devenue une comédienne régulière du Théâtre du Nouveau Monde. La même année, elle a joué dans un premier film, Les lumières de ma ville de Jean-Yves Bigras, à cette époque où le cinéma québécois en était à ses balbutiements.

En 1953, elle a épousé son premier mari, Marcel Alexandre, avec qui elle a eu deux enfants, Jean et Anne. Trois ans plus tard, elle défendait sur les planches l’un de ses rôles marquants, celui de Toinette dans Le malade imaginaire de Molière.

Parmi les grands rôles du répertoire classique qu’elle a tenus au cours de sa longue carrière, on compte également Célimène dans Le misanthrope de Molière, Marguerite dans La dame aux camélias de Dumas fils, ainsi que les rôles-titres dans Marie Stuart de Schiller et Bérénice de Racine.

C’est en 1959 qu’elle a fait son entrée au petit écran en jouant dans le téléroman Joie de vivre. Elle y a tenu le rôle d’Hélène Labelle jusqu’en 1963. C’est durant cette décennie qu’elle et son mari ont choisi de divorcer, ce qui l’a empêchée de voir ses enfants pendant une dizaine d’années. Un drame qu’elle a d’ailleurs évoqué avec beaucoup de douleur dans le documentaire Huguette Oligny, le goût de vivre.

De 1966 à 1977, elle a tenu le rôle de la mère de la famille Jarry dans Rue des pignons. Au moment où elle s’est lancée dans ce nouveau projet au petit écran, elle a fait la connaissance du comédien Gratien Gélinas, avec qui elle a partagé la scène dans la pièce Hier les enfants dansaient.

Les deux comédiens avaient déjà travaillé ensemble à l’époque de Ti-Coq, dans les années 1950, mais ce n’est qu’au milieu des années 1960 que leur histoire d’amour a débuté. Ils se sont mariés en 1973, formant l’un des couples de personnalités mythiques au Québec pendant une trentaine d’années, jusqu’à la mort de Gratien Gélinas, en 1999.

L’année de son mariage, la comédienne avait connu également l’effervescence au point de vue professionnel alors qu’elle tourne avec le cinéaste Claude Jutra, qui lui confie le rôle de la mère dansKamouraska.

Au cours des années 1980, elle a joué à la télévision dans Le clan Beaulieu, puis au théâtre dans Albertine en cinq temps et, avec son mari, dans La passion de Narcisse Mondoux.

Durant la décennie 1990, elle a offert une prestation mémorable dans le rôle de la tante Aline dans le téléroman Cormoran. Elle a également personnifié Marie-Rose Julien dans une version revisitée du téléroman Sous le signe du lion. Son interprétation lui a d’ailleurs valu un trophée au Gala des prix Gémeaux.

Elle a été promue Compagnon de l’Ordre du Canada en 1997 et nommée Chevalier de l’Ordre national du Québec en 1999. Elle a continué de jouer au théâtre, à la télé et au cinéma jusqu’en 2007, avant de se retirer graduellement de la vie publique.

 

1950 : Les Lumières de ma ville : Hélène Clément

1953 : La Famille Plouffe

1955 : L’Avocat de la défense
1963 : Amanita Pestilens : Louise Martin
1972 : La Demoiselle d’Avignon (série TV) : Kiki
1973 : Kamouraska : La mère d’Élisabeth
1975 : Pousse mais pousse égal : Mme Gagnon
1977 : Duplessis (feuilleton TV) : Sœur Saint-Rémy
1977 : Le soleil se lève en retard : Marie Lapointe
1978 : Le Clan Beaulieu (série TV) : Laura Beaulieu
1982 : Métro-boulot-dodo (série TV) : Irène Chevalier
1986 : L’Or du temps (série TV) : Tante Hélène
1987 : Bonjour docteur (série TV) : Mme Caron
1988 : Belle Rive (série TV) : Martine Giraud
1990 : Cormoran (série TV) : Tante Aline-Marie (1992-1993)
1993 : Maria des Eaux-Vives (feuilleton TV)
1997 : Sous le signe du lion (série TV) : Marie-Rose Julien
1997 : Le Masque (série TV) : Mme Aubry
1998 : Réseaux (série TV) : Maman Rancourt
1998 : Pendant ce temps… : Belle Dame
2003 : Nuts
2004 : Premier juillet, le film : Mme Biron
2005 : Louise (TV)
2005 : Aurore : Vieille dame
2007 : La Capture : Lucille
2013 : Huguette Oligny, le goût de vivre (documentaire biographique) réalisé par Pascal Gélinas.

© photo; Pascal Gélinas