La vie Parisienne: Un tourbillon de joie !

Solistes La vie Parisienne
Solistes La vie Parisienne

Pour clôturer sa saison 2012-2013, l’Opéra de Québec présente l’opéra-bouffe « La vie Parisienne » de Jacques Offenbach.  J’ai eu le plaisir d’assister à la générale,  présentée jeudi le 9 mai dernier.

Cet oeuvre, la plus célèbre d’Offenbach, est une caricature de la vie Parisienne.  On nous plonge au coeur de la ville lumière à la belle époque, ou tous les  plaisirs sont permis…ou presque.

 

En 1866, Paris s’éclate.  On assiste à l’effervescence d’une ville qui se modernise.  On y vient de partout pour pouvoir y vivre l’expérience de cette vie pétillante.

La vie Parisienne c’est l’histoire de deux touristes suédois, le baron et la baronne de Gondremarck, qui débarquent dans ce Paris mondain dans l’espoir de profiter au maximum de toutes les festivités, plaisirs et frivolités qui leur sont offertes.

Parmi eux, à la gare de l’Ouest, Raoul de Gardefeu et Bobinet, deux dandys Parisiens sans le sous, attendent impatiemment le retour de leur maîtresse Métella. Découvrant qu’ils ont la même maîtresse et que celle-ci n’en a décidément pas que pour eux, car elle arrive au bras de son nouvel amant Gontran, ils décident donc de se venger d’elle.   Ils élaborent toute une supercherie. Profitant du fait que le Baron et la Baronne veulent expérimenter « chacun de leur côté »  les plaisirs effervescents de la ville, nos deux dandys se servent d’eux pour arriver à leur fins.  Ils mettent tout en exécution pour que Métella tombe dans les bras du Baron, et qu’ainsi, Mme la Baronne puisse se libérer pour que Gardefeu la courtise.

Pas chose facile pour ces deux protagonistes d’amadouer le baron et la baronne.  Ils amènent ces derniers chez Gardefeu, en leur laissant croire qu’ils sont dans une annexe d’un très grand hôtel.  Mais qui dit grand hôtel,  dit opulence, luxe, domestiques, repas gargantuesques… ce qui n’est aucunement le reflet de la réalité pour ces deux personnages loufoques.

Le Baron, très clair dans ses intentions de frivolités, veux éviter à tout prix de se retrouver en tête à tête avec la baronne et exige un repas table d’hôte avec d’autres convives. Gardefeu n’ayant pas prévu le coup, profite de la visite de la très jolie gantière Gabrielle et de Frick, le bottier allemand, venus tous deux effectuer une livraison, et leur demande de se déguiser et de se joindre à eux pour le dîner.  La gantière devient, l’instant du dîner, la veuve d’un colonel et Frick devient un major.

Bobinet quant à lui, profite de l’absence de sa tante, la propriétaire de l’hôtel Quimper-Karadec et s’accapare du grand salon pour y tenir le lendemain une réception des plus mondaines en l’honneur du baron. Il y invitera le baron de Gondremark, seul, et tentera de le tenir ainsi occupé durant toute la soirée.  Ce qui donne le champs libre a la baronne…

Et c’est ainsi que se déroule une série de faits cocasses, de scènes hilarantes et de sous-entendus coquins.  On tombe littéralement dans la satire et la comédie.

Un mélange de vaudeville et d’opéra, le tout réglé au quart de tour.

Au premier acte, le rideau se lève sur un décor représentant la gare de l’Ouest.  En arrière plan on y voit la structure du bâtiment de la gare, devant laquelle sont suspendus des horloges et des lampes.  Le décor est épuré mais très efficace. Les employés du chemin de fer, brillamment représentés par l’ensemble du choeur de l’opéra, donnent le ton au spectacle.

Le Brésilien (Marc Hervieux)
Le Brésilien (Marc Hervieux)

C’est dans cette même gare qu’entrent en scène les personnages principaux tel que Raoul de Gardefeu (Patrick Mallette), Bobinet (Éric Thériault), Métella (Nathalie Paulin), le baron de Gondremark(Robert Huard), la très élégante baronne (Monique Pagé) ainsi que le dernier et non le moindre, le loufoque Brésilien (Marc Hervieux).  Ce dernier nous fait rire en interprétant avec brio la pièce « Le Rondo du Brésilien » en prenant un accent des plus rigolo.    Tous les personnages sont fébriles, joyeux.  Que la fête commence !

 

C’est dans le décor d’un salon très épuré que se poursuit le deuxième acte.  Entrent en scène le bottier Frick, interprété par le ténor Hugues Saint-Gelais accompagné de Gabrielle  la belle gantière (Pascale Beaudin).  Ils nous interprètent le très beau duo « Entrez ! entrez, jeune fille à l’oeil bleu ! « . Hugues Saint-Gelais démontre une très grande aisance,  autant dans son art lyrique que dans son jeu.

Le baron, qui avoue avoir eu une jeunesse bien que trop « sage », affirme haut et fort qu’il est venu à Paris pour « s’en fourrer jusque-là ».  Il affirme avoir en sa possession une lettre de « recommandation » écrite par un ancien amant de Métella.  Lettre de recommandation en sa faveur pour que Métella lui accorde quelques moments de volupté. Malheureusement, Métella ne tombe pas  dans le piège et repousse momentanément les avances du baron et lui propose plutôt de lui donner sa réponse dans quelques jours.  Le baron attristé par le refus de la belle Métella tombe finalement sous le charme de la belle Gabrielle, la fausse veuve Saint-Amaranthe, lorsque celle-ci interprète la très belle tyrolienne « On n’est v’nu m’inviter ». Le tout se termine de façon très humoristique avec le jeu des convives affamés qui ont très hâte de se mettre à table…

Baron Gondremark (Robert Huard)
Baron Gondremark (Robert Huard)

Et comme dans un crescendo, l’humour effervescent monte encore d’un cran au cours du troisième acte. On retrouve nos personnages dans le grand salon de l’hôtel de Quimper-Karadec. C’est dans ce lieu que les domestiques deviennent des nobles et que les pauvres deviennent les riches.   Pauline la femme de chambre a le mandat de séduire le baron, ce qu’elle réussit de façon superbe en lui chantant « Allons au pays des amours ».  Elle réussit donc à retenir le plus longtemps possible le baron occupé…Ce qui laisse du temps libre pour Madame la baronne…   Dans cet acte, c’est la dérision totale, tout est permis.  Gabrielle, qui doit pourtant jouer le rôle d’une veuve éplorée, a plutôt l’air d’une jeune Parisienne enjoleuse se pavanant avec une robe à affriolante.

On donne des titres temporaires aux domestiques tels: « La marquise de Lévis », « La marquise de Limoilou », « La marquise de Sillery ».  Un clin d’oeil rigolo à notre ville.

Bobinet qui veut se déguiser en amiral ne réussit pas à entrer dans son habit car il est devenu trop petit et celui-ci se fend.  S’en suit l’interprétation de « Votre habit a craqué dans le dos ».

On renvoit les domestiques car « quand il y a des domestiques, on est obligé de se tenir… « .  Et comme on est plus obligé de « se tenir », tout le monde boit à s’enivre.     Le baron de Gondremark, interprété avec brio par Robert Huard nous fait vraiment rire.  Le pauvre se retrouve complètement ivre, couché de tout son long sur la table à la fin du repas. Robert Huard livre une excellente performance dans son rôle du baron.

Le décor est superbement réussi à la fin de cet acte.  Tout tourne, même le mur en arrière plan qui vacille de part et d’autres réussi à nous mettre de la partie.

Et c’est dans un restaurant italien que se déroule le dernier acte.  Un dîner y est offert gracieusement par le Brésilien. Le baron, espérant toujours obtenir les faveurs coquines de Métella, se réserve un dîner en tête à tête avec elle.

Cette dernière décline encore les avances du baron et lui suggère plutôt de partager son dîner avec une de ses amies.  Cette amie s’avère en fait être nulle autre que Mme la baronne.

Furieux le baron s’en prends à Gardefeu qui n’a pas tenu sa promesse de « divertir » le baron.  C’est la querelle.  Mais compte tenu que tous se sont tout de même bien amusés, ces derniers se réconcilient.

Et c’est à cet instant qu’un nous réserve une belle surprise.  On nous en mets plein la vue lors de la finale.  Une finale totalement pétillante.

C’est l’apothéose ! Que la fête continue !

Présenté par l’Opéra de Québec les 11 (19h), 14, 16 et 18 (20h) mai 2013  à la salle Louis-Fréchette du Grand Théatre de Québec

Chef d’orchestre : Jean-François RIVEST

Metteur en scène : Alain GAUTHIER

Baron de Gondremarck Robert HUARD

baryton-basse Baronne de Gondremarck Monique PAGÉ,

soprano Le Brésilien  Marc HERVIEUX,

ténor Métella   Nathalie PAULIN,

soprano Gabrielle  Pascale BEAUDIN,

soprano Bobinet   Éric THÉRIAULT,

ténor Frick et Prosper Hugues SAINT-GELAIS,

ténor Gardefeu  Patrick MALLETTE,

baryton Pauline   Judith BOUCHARD,

soprano Urbain   Patrick BROWN,

ténor Clara   Carole CYR,

soprano Léonie   Marie-Michèle ROBERGE,

soprano Louise   Claire PASCOT,

soprano Alfred   Bertrand ALAIN, rôle parlé

Décors   Opéra de Québec

Costumes  Judith Fortin

Éclairages  Serge Gingras

Direction des choeurs Réal Toupin

Le Choeur de l’Opéra de Québec

L’Orchestre symphonique de Québec

Version originale française avec surtitres

© Louise Leblanc