Entrevue avec les artisans du film La maison du pêcheur

Vincent-Guillaume Otis, Benoit Langlois et Charles-Alexandre Dubé
Vincent-Guillaume Otis, Benoit Langlois et Charles-Alexandre Dubé

J’ai vu, en grande première, le film québécois très attendu La maison du pêcheur d’Alain Chartrand, qui a été présenté en compétition officielle au FFM le 23 août 2013 dernier. Ce film met en vedette en autres Mikhail Ahooja, Vincent-Guillaume Otis, Benoît Langlais, Charles-Alexandre Dubé, Luc Picard et Kevin Parent. Ce film sortira en salles le 13 septembre prochain. Mon appréciation du film se trouvera dans la section cinéma à partir de cette date.

Synopsis

Campé à Percé à l’été 1969, La maison du pêcheur d’Alain Chartrand retrace la genèse de la cellule Chénier du Front de libération du Québec. Ainsi, c’est à l’été 1969, que Bernard (Ahooja), le fils d’un pêcheur gaspésien, débarque à Percé pour y trouver du travail. Il y fait la rencontre de Paul (Otis), de Jacques (Langlais) et de Francis (Dubé), des militants indépendantistes venus ouvrir la Maison du Pêcheur dans le but de faire de l’animation sociale et accueillir les jeunes voyageurs. Les frères Rose et Francis Simard se heurtent aux commerçants locaux qui partent en guerre contre eux. La situation dégénère. La violence éclate, incitant Bernard et ses nouveaux amis à renoncer au discours pacifique pour adhérer au Front de Libération du Québec (FLQ) et ils deviendront parmi les principaux acteurs de la crise d’Octobre.

 Voici mes entrevues avec les principaux artisans de ce magnifique film.

 

Vincent-Guillaume Otis (Paul Rose)

Vous aviez joué le rôle du jeune Paul Rose dans la série René Levesque, et maintenant vous récidivez dans le même rôle. Quel beau hasard non? « Effectivement, des fois tu te dis que t’es comme dû pour jouer un personnage. Dans le cas de la série René Levesque, c’est tout de même juste une journée de tournage, un deuxième rôle avec une seule phrase à dire. Ce qui est le fun dans ce cas-ci, c’est que j’ai plus de chair autour de l’os. »

Je sais que vous avez eu les cheveux frisés (permanente) spécifiquement pour ce rôle. Est-ce que la ressemblance entre votre personnage et le véritable Paul Rose est vraiment là dans le film? « Je ne suis pas le meilleur juge de mon propre rôle, mais je me suis fait dire par plusieurs personnes, que je lui ressemblais, dont sa propre femme Andrée et la sœur d’Andrée. Même Plume Latraverse qui a visionné le film, m’a dit que je lui ressemble. »  Cliquez sur ce lien la suite de sa ressemblance avec Paul Rose et sa rencontre avec lui avant le tournage : ressemblance_paul_rose

 « Quand j’ai rencontré Paul, je l’ai observé, pour trouver une chose sur laquelle je voulais me concentrer. Je ne voulais pas me perdre dans mille détails, mais plutôt une seule chose, une énergie, une couleur à reproduire. Et je me suis rendu compte à quel point il y a une sagesse et une bonté dans cet homme. Avec lui, on a l’impression que tout ce qu’il dit est mûri. Paul écoutait beaucoup et il réfléchissait avant de parler. Et ce qu’il disait semblait toujours important. C’est ce qui m’a frappé quand je l’ai rencontré et c’est ce que j’ai voulu reproduire… Naturellement, c’est Alain Chartrand, le réalisateur et capitaine du bateau qui avait le dernier mot sur mon personnage. C’est sûr qu’on aurait pu décider d’y aller avec l’accent très montréalais que Paul avait où il roulait ses R. Mais ensemble, on a convenu qu’il serait préférable de miser sur l’énergie du personnage à la place. »

De vous retrouver à Percé, comme lieu de tournage, à l’endroit même où se sont passés les évènements, cela doit être assez magique comme expérience?  Cliquez sur ce lien pour entendre parler du tournage à Percé : plateau_a_perce

De plus, vous avez eu des entretiens privilégiés avec Paul Rose avant sa mort. Que vous a-t-il raconté sur ces évènements et sur Percé? Cliquez sur ce lien pour entendre ce que Paul pensait aller faire à Percé? Paul_rose_et_perce

Avez-vous des anecdotes à raconter sur ce tournage à Percé justement?  Cliquez sur ce lien pour entendre l’anecdote, le jour où Paul Rose est venu assister au tournage du film : Anecdote_avec_paul_rose

Est-ce qu’on peut dire que cet été-là, à Percé, cela a été l’un des éléments déclencheurs de ce qui suivra en octobre 70? « Cet été-là, c’est plus d’un an avant les évènements d’octobre. Les gars sont revenus à Montréal, puis, ils ont ouvert une deuxième maison du pêcheur qui n’a encore pas fonctionné. Puis, sont survenus les évènements que l’on sait. En fait, ce film pose cette question : Est-ce un acte manqué avec l’histoire? Si les gars avaient eu leur permis, qu’est-ce qui se serait passé? Est-ce que leur maison du pêcheur aurait marché comme ils voulaient?Sans grabuge et ils auraient ensuite ouvert leurs autres maisons ailleurs et tout aurait été correct?Et tout serait resté pacifique? On ne le saura jamais.  »

Benoit Langlais (Jacques)

Est-ce que vous connaissiez la Maison du pêcheur avant de recevoir ce scénario? « Non, je ne connaissais pas du tout cette histoire. Je connaissais les évènements d’octobre, en gros. C’est un peut le but du film aussi, de la faire connaitre,  car il y a peu de gens qui la connaît cette histoire. » 

Et vous avez eu la chance de rencontrer Jacques Rose. J’imagine que cela vous a aidé à vous préparer pour ce rôle? Cliquez sur ce lien pour l’impact de Jacques Rose sur Benoit pour ce rôle : jouer_jacques_rose

Et qu’est-ce qu’il en a pensé Jacques Rose, du film, après le tournage, car il l’a vu n’est-ce pas? Cliquez sur ce lien pour la réaction de Jacques Rose : reaction_de_jacques_rose

Ce film n’est pas un documentaire, mais bien une fiction basée sur des faits et personnages réels. Il y a donc des personnages et des situations qui n’ont jamais existé, n’est-ce pas? « Oui, les romances de Bernard Lortie n’ont pas vraiment existé à ce moment-là. La romance, pour moi, je pense que c’était pour représenter ce qu’était cette époque-là, les années fin 60, début 70, créer une atmosphère. Sinon, le côté violence avec les autorités locales, ça, c’est véridique. » Pour écouter la description de la scène d’arrosage, versus la réalité, cliquez sur ce lien : scene_arrosage

Pensez-vous que tous les déboires qui sont arrivés à ces jeunes de Montréal pendant leur séjour à Percé ont contribué aux évènements qui sont survenus en octobre de l’année suivante? « Je ne sais pas vraiment, mais ce qui est un peu incroyable, c’est que ces gars allaient à Percé en pacifistes. Ils ne voulaient pas faire de troubles ou avoir des altercations avec les autorités locales. Au contraire, ils étaient pacifiques, mais incapables de passer leur message. » Écoutez la suite de son commentaire sur le sujet avec ce lien : contexte_de_lepoque.

On vous connait surtout pour des rôles d’adolescents et maintenant ce sont des rôles d’adultes qu’on vous offre. Comment voyez-vous cette transition enfin vers des rôles plus importants et plus matures? « C’est sûr que dans ce film, je joue quand même un jeune, de 24 ans environ, mais effectivement, c’est une belle transition vers des rôles plus sérieux, plus mature.»Cliquez sur ce lien pour entendre Benoit parler de cette transition et son âge réel de 30 ans : benoit_30ans

Charles-Alexandre Dubé (Francis Simard)

Après avoir joué dans Liverpool, un rôle plus doux, plus gentil, on vous voit ici dans ce film, dans un tout autre registre, dans le rôle de Francis Simard, le volcan tranquille. Comment avez-vous obtenu ce rôle? Cliquez sur ce lien qui parle du rôle de Francis : role_francis

Qui était vraiment Francis Simard? Est-ce qu’il a participé au projet, comme les deux frères Rose? « Non, il n’a pas voulu participer au projet. » Cliquez sur ce lien pour en savoir plus sur le vrai Francis Simard, et comment Charles-Alexandre s’est préparé pour le rôle, pour le rendre crédible : qui_etait_Francis

Depuis votre sortie du conservatoire en 2010, vous avez joué dans 19-2, et O’ et autres séries puis au cinéma dans Liverpool dans un rôle principal… Vous trouvez-vous choyé d’avoir autant de travail dès votre sortie de l’École quand plusieurs ont de la difficulté à travailler? « Oui, je suis vraiment choyé et content. Je fais très peu de théâtre. Je fais beaucoup de télé et de cinéma, alors je réussis à gagner ma vie. Mais c’est sûr que ces tournages télé ou cinéma, ce sont des projets sur deux ou trois mois, puis après il y a une période où il n’y a rien. Mais je suis chanceux, car ces moments où il n’y a rien, ne durent pas trop longtemps et il y a quelque chose qui se pointe le bout du nez par la suite. J’ai même tourné deux autres films depuis La Maison du pêcheur, Qu’est-ce qu’on fait ici de Julie Hivon et Furie d’Émile Gaudreault. »

Et l’histoire de la maison du pêcheur, est-ce que vous la connaissiez avant de tourner ce film? Cliquez sur ce lien pour en savoir plus : historique_maison_pecheur

Charles-Alexandre poursuit en expliquant sa vision de Percé aujourd’hui, ses impressions lors du tournage : perce_aujourdhui

Et travailler avec Alain Chartrand, tu décrirais cela comment? Cliquez sur ce lien pour le savoir : alain_realisateur

Mikhail Ahooja (Bernard Lortie)

Tu es sorti du conservatoire en 2010 et tu joues le rôle de Bernard Lortie, un des rôles principaux de ce film. Comment as-tu obtenu ce rôle et pourquoi penses-tu qu’ils t’ont choisi? « J’ai passé une audition pour ce rôle. À savoir pourquoi ils m’ont choisi, je ne sais pas trop, il faudrait poser la question à Alain. Je ne ressemble pas tellement au physique de Bernard vraiment. Mais de la manière que c’était présenté, on disait qu’il était un gars avec beaucoup d’innocence dans les yeux et c’est sûrement un des facteurs qui a été en ma faveur.»

Est-ce que tu connaissais l’histoire de la maison du pêcheur avant le tournage? « Non, je n’étais vraiment pas au courant. Je connaissais les évènements de la crise d’octobre, mais pas tout l’épisode à Percé. Et en faisant des recherches pour le film, je me suis intéressé à plein d’autres épisodes de la vie de ces gars-là et des autres cellules aussi. Et c’est là que je me suis rendu compte que c’est un mouvement important qu’on ne m’a pourtant pas parlé, dans mes cours d’histoires disons. Et comme notre histoire du Québec n’est pas tellement longue en fait, c’est dommage d’en laisser échapper des bouts qui sont tout de même assez importants à savoir.»

Il y a une des scènes dans le film qui m’a donné des frissons, tellement elle était forte et puissante en terme d’impact. Je pense à la scène à la radio, où tu es particulièrement impliqué. Est-ce que cela a été ton grand défi dans ce film, de réussir cette scène ? Cliquez sur ce lien pour le savoir : scene_radio

Et c’est comment de travailler avec Alain? « C’est le fun. Il est tellement passionné par le cinéma et par l’histoire du Québec. Sa passion devient contagieuse. Il nous transmet toute son énergie, et son goût de faire ce film. Donc, assurément on est tous devenus super allumés par le projet et on a pris cela vraiment au sérieux et à coeur. » 

Et de tourner à Percé, entouré de gens qui ont vécu les évènements de la maison du pêcheur, cela devait être un moment privilégié? Cliquez sur le lien pour entendre parler des gens de Percé : figurants_perce

Donc, on disait au début de l’entrevue que Bernard Lortie n’était pas intéressé à faire partie du projet et donc, tu ne l’as pas rencontré. Sur quoi alors t’es-tu basé pour ton personnage? « Je me suis basé sur le scénario.» Cliquez ici pour écouter la suite : bernard_lortie

À part ce film, quels sont vos prochains projets en cours? « Je vais être dans la nouvelle série Jeunes Loups à TVA cet hiver. Sinon, je joue au théâtre au Rideau Vert avec Germain Houde dans une mise en scène de Serge Denoncourt. Et j’ai d’autres apparitions télés dans Mémoires Vives et Destinés. »

Réalisateur et co-scénariste Alain Chartrand
Réalisateur et co-scénariste Alain Chartrand

Réalisateur Alain Chartrand

J’ai posé la question aux 4 gars dans votre film, et aucun d’eux ne connaissait l’histoire de la maison du pêcheur. Alors, comment avez-vous reconstitué les évènements de cet été 1969 à Percé? Quelles ont été vos recherches sur le sujet? Des rencontres, des écrits divers? Cliquez sur le lien pour connaitre la genèse du scénario : scenario

Est-ce qu’il y a eu des gens qui se sont opposés à ce que ces évènements soient racontés? « Pas vraiment. On a eu une bonne écoute de la part de la SODEC. Avec Téléfilm Canada, cela a été plus difficile pour le financement. Avec un film politique, c’est toujours très compliqué de faire ce genre de film.» 

Et pour quelle raison teniez-vous tant à faire ce film, à raconter cette histoire? Cliquez sur ce lien pour en savoir les raisons : but_film

Et pour le choix de vos acteurs principaux, ce n’était pas important qu’ils ressemblent physiquement aux personnages réels qu’ont été ces membres du FLQ. Vous cherchiez plutôt à prendre l’essence de ces personnages-là n’est-ce pas? « Oui c’est exactement ça. C’est le tempérament qui compte pour un acteur. C’est ce qu’il doit exprimer pour passer à travers un personnage. Ce n’est vraiment pas de la ressemblance physique. On ne fait pas de la caricature. On trouve l’acteur dont on pense qu’il va dégager l’âme et le cœur du personnage et qui comprend son tempérament ou qui a un tempérament qui peut ressembler à celui du personnage qu’il doit interpréter. »

Justement, pour le rôle de Paul Rose, cela fait deux fois que Vincent-Guillaume Otis est choisi pour le jouer. On dirait vraiment qu’il a de la graine de Paul Rose en lui? « C’est vraiment drôle effectivement. Je ne le savais pas qu’il avait déjà joué ce rôle. Il est venu en audition avec 15 autres acteurs pour le rôle de Paul Rose et pour moi, cela a été lui automatiquement. Mais par la suite, en parlant à Vincent, j’ai appris que son père aimait Paul Rose, qu’il parlait de lui et avait même des photos de lui à la maison. Donc, on peut penser qu’il était prédestiné à le jouer on dirait.»

Le budget de La Maison du Pêcheur s’élève à 4,3 millions de dollars.

La maison du pêcheur sortira en salle le 13 septembre.

Pour voir la bande-annonce, allez sur ce site : http://lamaisondupecheur.telequebec.tv/

Distribution

Bernard Lortie Mikhail Ahooja

Paul Rose Vincent-Guillaume Otis

Jacques Rose Benoit Langlais

Francis Simard Charles-Alexandre Dubé

Geneviève Richer Geneviève Boivin-Roussy

André Duguay Luc Picard

Gabriel Boudreau Kevin Parent

Le maire Roland Bujold Raymond Bouchard

Lison Hébert Ariane-Li Simard-Côté

Docteur Jean-François Poulin

Ti-Loup Jocelyn Bérubé

Le journaliste Robert Doyon Francis Cantin

Proprio de l’hôtel Albert Anctil Nicolas Canuel

 

FICHE TECHNIQUE

Réalisateur Alain Chartrand

Scénaristes Jacques Bérubé, Alain Chartrand, Mario Bolduc

Directeur de la photographie Pierre Mignot

Concepteur des décors Normand Sarrazin

Premier assistant-réalisateur Normand Bourgie

Costumes Michèle Hamel

Maquillage Clair Blondel Van Der Elst

Coiffure Denis Parent

Preneur de son Dominique Chartrand

Musique Michel Cusson

Chanson du film (Une vague de fond) Richard Séguin

Marc Chabot

Musique Richard Séguin

Arrangements Hugo Perreault

Concepteur sonore Jean-François Sauvé

Superviseur sonore Marcel Pothier

Distribution des rôles Catherine Didelot, Marie-Jan Seille

Directrice de production Carole Vaillancourt

Directeur de postproduction Érik Daniel

Distribué par Les films Christal et Les films Séville

Produit par : Vic Pelletier, Jean-Roch Marcotte et Vincent Leroux

Groupe PVP : WWW.PVP.CA

Crédit photos : Lise Breton