Kaas chante Piaf: Kaas réinvente Piaf

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Patricia Kass le 17 septembre à Montréal
© Jean-Fançois Frappier

Pour fêter les 50 ans de la disparition d’Édith Piaf décédée le 11 octobre 1963, la blonde interprète Patricia Kaas n’a pas lésiné sur les moyens en présentant Kaas chante Piaf, un spectacle concept de grande classe qu’elle fait tourner dans 45 pays depuis un an, d’Istambul à Tokyo en passant par l’Europe, à certains endroits à guichet fermé. Elle en était à sa deuxième visite à Montréal d’ailleurs en peu de temps alors qu’elle présentait ce même concert en avant-première en novembre 2012.

D’entrée de jeu au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts en ce mardi 17 septembre, un collage de photos de la Môme Piaf sur écran géant avec un générique des nombreux collaborateurs comme au cinéma, donne le ton à ce voyage dans l’univers de Piaf, totalement revisité par Patricia Kaas.

D’abord, la voix grave, ronde et envoûtante qu’on lui connaît, a donné tout ce grain de sensualité qu’il fallait pour séduire cette salle pleine à craquer … des babyboomers avant tout, curieux et prudents au départ. Son long manteau de plumes noires allait imprimer dans l’atmosphère tout le drame que le nom Piaf porte depuis les débuts de cette grande interprète de la chanson française.

Derrière la féminine Kaas, apparaîtra comme dans un songe, ce danseur, qui mettra à profit sa souplesse et sa musculature sur des arrangements contemporains et magnifiques d’Abel Korzienowski qui redonnent à cette oeuvre immense un souffle inespéré et une fraîcheur.

Élégante et agile, durant toute sa prestation, Patricia Kaas ponctuera chacune des 21 grandes chansons du répertoire, d’une chorégraphie gracieuse et harmonieuse. Mais c’est en chantant La vie en rose que son talent de danseuse se confirme. Enveloppée, soutenue, soulevée et lovée par son partenaire, la Kaas virevolte, glisse, s’abandonne à l’extase que provoque cette oeuvre intemporelle et sans frontière. La présence d’un homme sur scène évoque aussi sa vie entourée d’hommes qu’elle a aimés follement comme Marcel Cerdan et d’autres chez qui elle a détecté le grand talent comme chez Charles Aznavour et Georges Moustaki et à qui elle a montré le chemin.

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Kass chante Piaf au Théâtre Maisonneuve © Jean-François Frappier

Des surprises attendent aussi le public. Lorsqu’elle entonne Milord, on assiste à un moment très émouvant quand Alain Delon, la légende du cinéma français apparaît avec la créatrice de Mon mec à moi, sur grand écran. Au contraire de Piaf qui portait cette robe noire, Kaas passera à travers nombreux changements de costumes, du jupon rose, aux gants de boxe pour rappeler le boxeur qu’elle a tant adoré. En rappel, elle arborera cette robe blanche de taffetas en chantant Non je ne regrette rien avec en arrière-scène, une vidéo d’un majestueux cheval qui danse. Sublime!

Réglé au quart de tour, ce spectacle hommage est le résultat d’un travail minutieux qui pourrait aussi donner un choc aux inconditionnels de Piaf. Tandis que La voix de la France était plutôt pointue, celle de Kass est voluptueuse et enveloppante. Le spectacle est divertissant avec trois musiciens sur scène et une bande sonore du Royal Philharmonic Orchestra de Londres en accompagnement. Il est construit sur une formule cabaret avec multimédia qui n’est pas loin de rappeler la théâtralité de Marlene Dietrich; en fait, on est loin de la souffrance, de la révolte et des chansons écrites avec la chair et le sang que la grande Édith a voulu nous transmettre. Il y a un peu de froideur dans le spectacle de Kaas.

Mais 50 ans après la mort de Piaf, même si elle triche sur l’univers blessé, passionné, malingre de Piaf, même si elle travestit les motifs de cette artiste de la rue, la Mademoiselle qui chante le blues ouvre la voie à un nouveau public qui ne l’a pas connue. Elle adapte avec brio le répertoire d’une femme mythique pour une génération et une époque modernes qui de toutes façons ne connaît pas les affres de la rue.

Un album du spectacle Kaas chante Piaf est aussi disponible:

1 – MON DIEU (Michel Vaucaire / Charles Dumont)
2 – PADAM, PADAM (Henri Contet / Norbert Glanzberg)
3 – AVEC CE SOLEIL (Jacques Larue / Philippe Gerard)
4 – MILORD (Joseph Mustacchi / Marguerite Monnot)
5 – LA BELLE HISTOIRE D’AMOUR (Edith Piaf / Charles Dumont)
6 – LES AMANTS MERVEILLEUX (Florence Véran / Robert Gall) Editions Chappel
7 – T’ES BEAU TU SAIS (Henri Contet / Georges Moustaki) Editions Métropolitaines
8 – HYMNE A L’AMOUR (Edith Piaf / Marguerite Monnot) Editions Raoul Breton
9 – C’EST UN GARS (Pierre Roche / Charles Aznavour) Editions Raoul Breton
10 – SONG FOR THE LITTLE SPARROW (Abel Korzeniowski) Editions : Sugar Free Media (BMI)
11 – LA FOULE (Michel Rivgauche / Angel Cabral) Editions Métropolitaines
12 – MON MANEGE A MOI (Jean Constantin / Norbert Glanzberg) Editions : Les Nouvelles Editions Méridian
13 – LA VIE EN ROSE (Edith Piaf / Louiguy) Editions Beuscher Arpége
14 – NON, JE NE REGRETTE RIEN (Michel Vaucaire / Charles Dumont) Editions SEMI
15 – JE T’AI DANS LA PEAU (Jacques Pills / Gilbert Bécaud) Editions Raoul Breton

© photos: Jean-François Frappier