How To Succeed In Business Without Really Trying: un classique de la comédie musicale à voir

How To Succeed in Business Without Trying
How To Succeed in Business Without Trying

Gagnant de 7 Tony awards dont celui de la meilleure comédie musicale et du prix Pullitzer en 1962, ce spectacle est un classique de Broadway après y avoir été joué 2438 fois. Basé sur le livre du même nom (en 1952), l’oeuvre a été écrite en 1961 et le livret de Abe Burrows, Jack Weinstock et Willie Gilbert. Les chansons sont de Frank Loesser qui a aussi écrit un autre classique, Guys And Dolls. Plus récemment en 2011, cette comédie musicale a été reprise sur Broadway avec l’interprète de Harry Potter (Daniel Radcliffe) dans le rôle principal. Les thèmes de cette pièce sont éternels, l’art de se faire une place et de gravir les échelons dans une grande entreprise en utilisant toutes sortes de subterfuges.

Phil Silverstein (J. Pierrepont Finch), Katja Teixeira (Rosemary Pilkington) et Chelsea Bayer (Smitty)
Phil Silverstein (J. Pierrepont Finch), Katja Teixeira (Rosemary Pilkington) et Chelsea Bayer (Smitty)

L’histoire tourne autour d’un jeune laveur de vitres de New York (J. Pierrepont Finch) qui décide de suivre les conseils du livre: How to succeed in business without really trying. En entrant dans la World Wide Wicket Company, il tombe par hasard sur le président de la compagnie (J.B.Biggley) qui l’envoie voir le gérant du personnel (Bratt). Il sera aidé par sa belle et jeune secrétaire (Rosemary Pilkington) qui l’aidera tout au long de son aventure. Smitty, secrétaire et amie de Rosemary, joue l’entremetteuse et une idylle amoureuse se développera entre Finch et Rosemary. Finch est engagé à la salle de courrier et rencontre Frump (l’arrogant et égocentrique neveu de Biggley). Quand le patron du courrier (Twimble) est promu, Finch qui est sur les rangs pour sa succession arrive à manigancer la promotion de Frump car le livre suggère de ne pas rester à la salle de courrier. Grâce à ses ruses, Finch va passer d’un département à l’autre en rencontrant tout une série de personnages qu’il utilise pour ses combines: Miss Jones la secrétaire de Biggley, Gatch le patron du département des plans, Hedy LaRue la maîtresse de Biggley, Ovington le chef de la publicité et plusieurs autres. Promu chef de la publicité, Finch organise un concours publicitaire suggéré par Frump. Malheureusement, la porte-parole à la télé de l’événement (LaRue) va faire échouer le concours. Le président du conseil d’administration (Womper) demandera la démission de Finch mais se ravisera quand il apprendra qu’il a débuté comme laveur de vitres comme ce dernier. Le tout se termine en beauté: Womper prend sa retraite et épouse LaRue, et Finch est promu président du conseil d’administration. Tout le monde sauf Frump… qui devient laveur de vitres.

Au centre Katja Teixeira (Rosemary Pilkington) et Chelsea Bayer (Smitty)
Au centre Katja Teixeira (Rosemary Pilkington) et Chelsea Bayer (Smitty)

Pour mettre en perspective le spectacle, WISTA (http://www.wista.ca) est un organisme qui a pour but d’éduquer les jeunes étudiants à la performance en théâtre musical. Tous les interprètes sont des étudiants de moins de 30 ans, souvent en musique ou en art. Sans être aussi expérimentés que plusieurs interprètes du théâtre professionnel, ils ont le talent vocalement pour présenter un bon spectacle divertissant. Ce sont eux qui nous ont présenté «Legally Blonde» l’an dernier.

La troupe de WISTA présente une belle version de ce classique même si le niveau de difficulté est élevé. Il y a des dizaines de changements de décors, beaucoup de personnages, des chorégraphies multiples, des mélodies complexes, etc. Ces jeunes y parviennent en simplifiant là où ils peuvent, pour pouvoir mettre l’effort sur le jeu et les chansons. Ils ont tous de belles voix, des premiers rôles jusqu’aux derniers. Sans compter que l’énergie et le dynamisme du groupe sont un cadeau pour raconter cette histoire sophistiquée. Les acteurs ont réussi à développer des personnages avec des traits particuliers à chacun pour qu’on puisse bien les reconnaître et ne pas s’emmêler dans le récit. Les décors sont de simples panneaux qu’on peut tourner ou déplacer et recréer les lieux. Chapeau au décor des ascenseurs qui est très ingénieux. Seul regret c’est le manque de couleur des décors et des costumes qui sont surtout noirs et blancs ou dans les teintes pastels et beiges.

En avant: Robin Kravitz (LaRue) et Craig Dalley (Frump)
En avant: Robin Kravitz (LaRue) et Craig Dalley (Frump)

Dans la production originale, on donne une place importante aux chorégraphies. Dans cette production, elles sont réduites pour les rendre plus accessibles et permettre de se concentrer plutôt sur le chant. Elles sont très simples mais bien exécutées. En particulier, la dernière scène avec la chanson Brotherhood dans une version qui ressemble beaucoup à celle de Broadway mais sans la danse à claquette (tap-dance). Le résultat de la scène finale est dynamique et très entraînant. Deux autres chorégraphies sont à souligner, Grand Old Ivy (avec des joueurs de football et cheerleaders) et A Secretary Is Not A Toy.

Phil Silverstein (Finch) réussit à doser l’humanité et l’égocentrisme de son personnage pour nous le faire aimer. Il est énergique et on se demande s’il s’est inspiré de Daniel Radcliffe de Broadway par ses expressions faciales. Sa voix est juste et puissante, avec un beau vibrato contrôlé. Il peut jouer avec les nuances et son falsetto est agréable. Il sait raconter une histoire en chantant. La voix de Katja Teixeira (Rosemary) se prête bien aux chansons de Broadway. Elle utilise une voix de poitrine et mixte avec beaucoup de caractère dans sa voix et un vibrato naturel. Sa voix de tête est peu utilisée mais lorsqu’elle le fait c’est plaisant à entendre, surtout quand elle chante I Believe In You tout en douceur. Bryan Libero (J.B.Biggley) est crédible en patron, même s’il est très jeune. Ce qui n’est pas le cas de tous les autres qui jouent des personnages plus vieux. Sa force est son jeu même si ses chansons sont aussi bien exécutées.

Angela Marino (Miss Jones) et Bryan Libero (J.B.Biggley)
Angela Marino (Miss Jones) et Bryan Libero (J.B.Biggley)

Craig Dalley (Frump) livre une performance ingénieuse. Il est juste assez diabolique mais toujours crétin à souhait. On croit sentir une inspiration de l’Oncle Arthur dans la série Bewitched (Ma sorcière bien aimée), ce qui fait de lui un personnage coloré et drôle. Il chante avec une voix puissante et bouge bien sur scène. Celle qui surprend beaucoup, c’est Chelsea Bayer (Smitty) dans un rôle moins important. À chaque chanson, elle nous ravit avec les nuances de sa voix chaude. Elle sait raconter l’histoire avec sa chanson tout en étant juste et puissante, avec des aigües claires et un vibrato parfaitement contrôlé. Robin Kravitz (LaRue) nous donne de beaux moments comme lors de la chanson Love From A Heart Of Gold. Angela Marino (Miss Jones) nous surprend agréablement dans la chanson à succès Brotherhood avec sa voix puissante dans les aigues, ce qui lui permet de nous livrer une performance épatante. Sa voix réussit à percer par-dessus tout le groupe qui chante avec elle.

Grand Old Ivy
Grand Old Ivy

Du côté de la sonorisation c’est de niveau professionnel. Mis à part un problème avec un micro le soir de la première (ce qui arrive aux meilleurs!), le son était clair et naturel ce qui permet d’apprécier leurs voix. Les partitions complexes ont donné du fil à retordre aux 15 musiciens de l’orchestre qui accompagne les chanteurs. Mais ce qu’on apprécie le plus c’est que la musique n’a jamais couvert les chanteurs et les a toujours mis en valeur.

Les bons coups: excellentes voix des chanteurs, dynamisme et énergie de la troupe, sonorisation qui met en valeur les voix, fluidité du texte

Les moins bons coups: moyens réduits pour une telle production, manque de couleurs, personnages âgés joués par des jeunes

Équipe de création: Producteurs Claude Despatie et Craig Berger pour WISTA. Mis en scène par Rebecca Hallquist assisté de Stuart Fink. Direction musicale par Joy Kertland et direction d’orchestre par Kiel Howden. Choréographie par Coralie Heiler assistée de Robin Kravitz. Éclairages par Alex Smith, décors de Sheldon Kravitz, accessoires par Rose Despatie. Costumes par Elena Grivas et Morgan Burke, coiffures et maquillages par Caroline Shunbo. Équipe technique composé de Joey Savattiere (régisseur), Evan Brown (son), Nour Malek (stage manager) et Benjamin Steinberg-Zwirek (chef machiniste).

How to Succeed in Business Without Really Trying
How to Succeed in Business Without Really Trying

Distribution: Maya Johnson (Book Voice), Phil Silverstein (J. Pierrepont Finch), Katja Teixeira (Rosemary Pilkington), Bryan Libero (J.B.Biggley), Craig Dalley (Bud Frump), Robin Kravitz (Hedy LaRue), Chelsea Bayer (Smitty), Angela Marino (Miss Jones), Joel Bernstein (Bert Bratt), Daniel Wilkenfeld (Twimble/Wally Womper), Jeffrey Gibbons Lewis (Gatch), Selin Genç (Miss Krumholtz), Alexandre Iannuzzi (Ovington), Nicholas Gallant (Jenkins), Zachary Sykes (Tackaberry), Ian MacLaren, Charlene Bayer, Jennifer Shewan, Ashley Frankel, Vanessa Morin, Anne Bergeron, Aimee Poulin, Kyanna Mendezie, Laura Coulter-Low, Amanda Coochey, Morgan Burke.

Présenté en anglais du 31 janvier au 8 février 2014 au Steve Murphy Theatre (Pierrefonds Comprehensive High School) au 13800 boulevard Pierrefonds, à Pierrefonds. Les représentations sont à 20h les vendredis et samedis avec une matinée à 14h le 8 février. Les billets sont disponibles (28$ ou 22$ étudiant/âge d’or) sur le web au http://www.WISTA.ca/tickets ou au 514-998-7229.

Photos: Daniel Ouimet