Le théâtre niveau parking propose La pièce de Neil Labute, Tombé du ciel, mise en scène par Hugues Frenette. Huis clos sur le moment charnière d’une vie d’amants en détresse.
New York, 12 Septembre 2001, Ben, qui devait se trouver dans l’une des tours jumelles du World Trade Center la journée du 9/11, est bien en vie chez sa maitresse, Abby. Il a la vie sauve, et se questionne sur l’opportunité qui se présente à lui et sa maitresse de se faire passer pour mort, et refaire sa vie elle. Il laisserait ainsi sa femme et ses deux filles dans le deuil de sa disparition. Caché dans l’appartement depuis la tragédie, il réfléchit sur sa destinée, et ses réflexions sont constamment dérangées par son téléphone qui sonne sans arrêt, et qui nous fait entendre le désespoir de sa famille qui cherche à reprendre contact avec lui, craignant le pire.
La mise en scène d’Hugues Frenette est efficace. Les éléments de décor et d’éclairage sont minimalistes, et toute notre attention est tournée vers les dialogues caustiques et incisifs des deux personnages du drame. Sur la corde raide, les deux comédiens se lancent des répliques cinglantes et d’une densité troublante de réalisme. Les personnage sont sur la corde raide: l’équilibre est bien mince et la tension verbale et émotive est palpable.
Nous nous retrouvons donc dans un huis clos post apocalyptique où la survie de Ben devient une planche de salut, une ouverture possible vers une nouvelle vie avec sa maitresse, lui qui depuis plusieurs mois s’est engagé dans une relation adultère. Pour lui, c’est une chance tombée du ciel de refaire sa vie. Mais sa disparition a un coût.
La traduction québécoise rend bien les émotions des personnages, et le rythme ahurissant des dialogues ajoute à la scène un réalisme troublant. Pendant presque toute la durée du spectacle, les deux comédiens, Sophie Dion et Christian Michaud, parlent constamment, et sont d’une incroyable efficacité à vivre chaque variation émotive. Nous vivons ces montagnes russes avec attention.
Les spectateurs arrivent à échapper un rire d’inconfort de temps à autre, malgré la tension dramatique qui transpire de propos de la pièce jusqu’à son dénouement.
La pièce se veut une réflexion sur les relations extra-maritales, 90 minutes ininterrompues et savoureuses de claques sur la gueule grâce à un texte acéré. Tombé du ciel, à voir avec votre amoureuse, mais pas avec votre maitresse…
Surveillez les heures variables des représentations du 5 au 15 février, au studio Marc-Doré du Périscope.
Tombé du ciel, présenté par le Théâtre Niveau Parking
Au Périscope
Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
