From the Ground up du Circus Oz redonne magie et poésie au monde de la construction!

trapeze masonshane © photo: courtoisie
trapeze masonshane © photo: courtoisie

Depuis ce soir et jusqu’au 9 mars le Circus Oz est pour la première fois de son histoire à Montréal, à la Tohu. Le plus grand cirque australien, qui a déjà tourné dans 26 pays et plus de 189 villes sur les cinq continents n’était en effet, bizarrement, jamais venu à Montréal. Question d’organisation des agendas. La troupe a choisi comme support à son spectacle From the Ground up créé à Melbourne il y a deux ans, le monde de la construction urbaine. La puissance créatrice a été de voir toute la potentialité de cet univers fait de verticalité, échafaudages, poulies, caisses lumières bruits…

Ainsi, tous ces outils, machinerie lourde, matériaux, gros bras et gros muscles qui peuplent l’univers impitoyable et souvent bien peu poétique de la construction deviennent, sous la magie de cette troupe, une bulle de poésie de drôlerie d’élégance, d’exubérance… Une bulle rythmée de rock, jazz Ska, Dubstep façon spectacle de Broadway. Autant de créations par les musiciens de la troupe. Mais une musique qui n’est pas qu’un fond sonore mais bien une partie intégrante du spectacle et même de certains numéros et dans laquelle, musiciens comme acrobates interviennent tous, à un moment ou à un autre. Une bulle merveilleusement mise en ombres et lumières ce qui ajoute encore un peu plus à la magie et à la poésie du spectacle tels ces numéro de perche et de jonglerie qui se projettent sur le décor et se dédoublent.

Rock'n' Dale 1 © photo: courtoisie
Rock’n’ Dale 1 © photo: courtoisie

Ainsi, tous les acteurs du cirque sont au rendez-vous : clowns, trapézistes, équilibristes, jongleurs, musiciens, et même un magicien mais tellement renouvelés par cette thématique loin des sentiers battus et surtout toujours maîtrisée et déclinée jusque dans les intermèdes, la gestion des accessoires ou l’animation de la scène. Tout s’enchaîne avec fluidité et les temps techniques deviennent eux-mêmes des éléments du spectacle entre chorégraphies et mimes. On sent qu’il y a du plaisir à être sur scène pour cette troupe, et pas seulement pour jouer dans une production des personnages techniquement interchangeables mais simplement et peut-être donc plus fortement pour être ensemble, pour que chacun puisse exprimer sa propre personnalité à travers sa prestation comme le grossissement d’un miroir. Aussi a-t-on la sensation que bien que parfaitement maîtrisé, avec des numéros de haute performance, le spectacle laisse la place à la spontanéité, à l’esprit de débrouillardise de leurs débuts quand ils faisaient tout et réparaient tout eux-mêmes, faites d’humour et d’autodérision. Un défi et une prouesse dans un univers artistique où ceci peut parfois être une prise de risque aux conséquences tragiques.

En regardant le spectacle les yeux rivés sur les prouesses de ces artistes on ne peut pas ne pas penser à l’univers de Chaplin mais aussi aux photographies en noir et blanc de Charles Ebbets, dont la fameuse, connue universellement, des ouvriers mangeant leur lunch en haut d’une grue. Une source d’inspiration qu’Ed Boyle, le Directeur de tournée revendique. On sait depuis peu que cette photographie fut dans la réalité non pas une photo prise sur le vif mais une composition. Comme le cirque est lui aussi une composition. Pourtant cela n’enlève rien à la puissance artistique et poétique de la construction que cirque et photographie nous font ainsi découvrir et partager.

Mais From the Ground up est plus que l’illustration, la description de cet univers. Il est une aussi une recomposition, une réinterprétation symbolique et poétique de la diversion, de la compassion et de la chaleur humaine auxquelles le spectacle est dédié. Et pas seulement de l’Australie même si celle ci est évidement au cœur et à la base de sa réflexion. Un spectacle à l’image de ce pays fait de plusieurs origines et qui ensemble construisent un monde tout en gardant en tête la nécessaire autodérision.

Le Circus Oz est souvent défini comme «drôle, irrévérencieux et spectaculaire». Une définition qui donne la pleine puissance créatrice de cette troupe de 36 ans une des plus importantes au monde pour l’art circassien contemporain et qui ce soir nous a enchanté. Pour une fois que le monde de la construction ne rime pas ici, à Montréal, avec cônes orange, congestion, corruption et Commission Charbonneau ne boudons surtout pas notre bonheur!!!

Circus OZ
From the Ground up

Distribution:
Artistes : Hazel Bock, Jeremy Davies, Kai Johnson-Peady, Flip Kammerer, Stevee Mills, Mark Sheppard, Mason West, Shane Witt, Dale Woodbridge.
Musiciens : Bec Matthews, Ania Reynolds

Directeur artistique : Mike Finch
Co-directeur artistique: Ed Boyle
Directeur musical : Carl Polke
Directeur de tournée : Betty Siemers
Directeur de production : Margaret Murray
Directeur des opérations : Mel Fyfe
Conception sonore : Joe Ferguson
Conception d’éclairage : Jenny Hector
Conception des costumes : Laurel Frank
Conception des décors : Darryl Cordell
Éclairagiste : Tristan Bourke
Gréeurs : Beau Dudding et Helen Clifford

Durée : 2 heures, avec entracte
Horaire :
27 février : 19 h 30
1, 5, 6, 7, 8 mars : 19 h 30
2, 6, 8, 9 mars : 14 h
Rencontre avec les artistes : 5 mars, 19 h 30

LA TOHU
La cité des Arts du Cirque
http://tohu.ca
2345, rue Jarry Est (angle d’Iberville)
Montréal (Québec) H1Z 4P3
Billetterie : 514 376-TOHU (8648)

Adultes 45 $ et moins selon réductions
Stationnement payant :8$ comptant ou avec votre carte Mordu activée

© photo: courtoisie