Hommage à Claude Gagnon, premier récipiendaire de la Bourse de carrière Michel-Brault du Conseil des arts et des lettres du Québec

Claude Gagnon
Claude Gagnon

C’est lors d’une cérémonie hommage organisée par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) dans le cadre des 32e Rendez-vous du cinéma québécois que Stéphan La Roche, président-directeur général du CALQ, a remis la première Bourse de carrière Michel-Brault destinée aux scénaristes et aux réalisateurs de cinéma à Claude Gagnon pour la réalisation de son projet Will James.

« C’est un double honneur pour moi de remettre cette première Bourse de carrière Michel-Brault au scénariste, réalisateur, monteur et producteur Claude Gagnon. D’abord en commémorant la mémoire d’un créateur que j’admire pour la sensibilité et l’intelligence qu’il a apportées au cinéma. Je remercie d’ailleurs chaleureusement la famille Brault de sa collaboration. Ensuite, en offrant cette bourse à un cinéaste émérite ayant consacré plus de 40 ans à son art pour lui permettre de travailler à son premier film d’action. Le projet de Claude Gagnon est fascinant. Il porte sur les origines et le parcours du célèbre cowboy et auteur Will James, alias Ernest Dufault, un artiste du Québec qui est au cœur du mythe américain par excellence : le western », a déclaré monsieur La Roche.

En consacrant une bourse de carrière aux scénaristes et aux réalisateurs de cinéma d’une valeur de 100 000 $, le CALQ souligne annuellement leur remarquable contribution à la vitalité de la culture québécoise en offrant aux récipiendaires des ressources pour entreprendre un projet original qui leur tient à cœur.

La filmographie de Claude Gagnon compte neuf longs métrages. Précurseur, ses films retiennent l’attention et obtiennent la faveur du public, de la critique et des membres de l’industrie. Quatre d’entre eux sont présentés au Festival international des films de Berlin. Il remporte le seul Grand Prix des Amériques décerné à un Québécois en 37 ans au Festival des films du monde de Montréal (FFM), et est le seul étranger à avoir remporté le Prix du jeune réalisateur décerné par l’Association des réalisateurs du Japon. En 1986, il est assis aux côtés de Claude Jutra (La Dame en couleurs) à la cérémonie de remise des César où son film Visage Pâle est en nomination. Il foule le tapis rouge des plus grands festivals en s’intéressant à des sujets tabous comme la différence, la marginalité, l’homosexualité, le racisme, la cause autochtone ou encore le suicide.

« Ma cinématographie a traité de l’apprentissage de la vie en cherchant à comprendre la condition humaine, en fouillant dans nos contradictions, nos peurs, nos désirs comme nos excès. Toute ma vie j’ai rêvé de tourner un film d’action. J’y ai toujours renoncé parce que je n’arrivais pas à trouver un sujet qui me permette d’éviter la violence et le premier degré du film d’action conventionnel. Mais Will James m’offre cette possibilité. Tout, ou presque, reste à faire pour restaurer la vérité sur ce Québécois sans pareil. Will James est devenu une mission dans ma vie ; une tâche que je me dois d’accomplir maintenant, avec l’aide du CALQ, pour la mémoire de ce Québécois remarquable », a souligné Claude Gagnon.

Des bourses de prestige

Créées en 1998, les bourses de carrière du CALQ sont destinées aux créateurs ayant plus de vingt ans de pratique professionnelle et visent à reconnaître leur remarquable contribution à la culture québécoise. En accordant ces bourses, le CALQ souhaite permettre à ces artistes et ces écrivains de poursuivre leurs activités artistiques en comptant sur une aide financière substantielle. À ce jour, le CALQ a décerné quatorze bourses de carrière dans le secteur du cinéma.

Pour connaître tous les lauréats : www.calq.gouv.qc.ca/bcarriere/hommages.htm

CLAUDE GAGNON
Notes biographiques

Le plus japonais des cinéastes « Québecjin »
En quittant le cours classique à la fin des années 1960, Claude Gagnon s’élance à la découverte du monde, à la recherche de sujets qu’il pourra explorer à travers l’objectif de sa caméra. Après quelques mois au Mexique, il se retrouve dans les mines de Sudbury qui lui permettront de se diriger par la suite vers le Japon où, pendant près d’une décennie, il fera une partie importante de son apprentissage cinématographique et rencontrera sa partenaire dans le 7eart comme dans la vie, Yuri Yoshimura. Artisan de trois événements de promotion du cinéma québécois à Tokyo etOkinawa au cours des dernières années, Claude Gagnon n’a pas seulement présenté la culture japonaise au Québec mais il a distribué quantité d’œuvres de cinéastes québécois au pays du Soleil levant. Présenté en compétition officielle au Festival des films du monde de Montréal (FFM), son premier long métrage, Keiko (1978), est un succès qui lui vaudra également le seul Prix du jeune réalisateur décerné par l’Association des réalisateurs du Japon à un étranger.

Homme-orchestre du 7e art
De retour au Québec en 1979, il produit le film de l’Ivoirien Mory Traoré, L’Homme d’ailleurs, et signe Larose, Pierrot et la Luce (1981) qui remporte le Prix du meilleur film canadien au FFM. Son film, Visage Pâle (1984), remportera le Prix de la critique internationale au FFM et lui apportera une reconnaissance européenne avec sa présentation en compétition officielle au Festival international du film de Berlin (FIFB) et sa nomination aux César dans la catégorie Meilleur film de la francophonie.

À la fin des années 1980, il fonde Aska Films avec Yuri Yoshimura et entreprend des coproductions internationales.Kenny (The Kid Brother, 1987) connait un succès retentissant. Présenté en compétition officielle notamment aux festivals de Montréal, Toronto, Vancouver, Portland, Rio de Janeiro, Paris, Berlin, Moscou et Tokyo, le film remporte le Grand Prix des Amériques au FFM, le Prix UNESCO et la Mention spéciale UNICEF au FIFB, le Prix spécial du jury au Festival des Films de Jeunes de Paris et rafle trois prix à Moscou lors du First International Film Festival for Youth.

Aux commandes d’Aska Films pendant plus de dix ans, il produira les opus d’André Melançon (Rafales en 1990) etGilles Carle (La Postière en 1991 et Pudding chômeur en 1995). Il révélera également le talent de nouveaux réalisateurs et scénaristes comme Arto Paragamian, François Bouvier et Jean-Sébastien Lord.

Les deux derniers longs métrages de Claude Gagnon Kamataki (2005) et Karakara (2012), en coproduction avec le Japon, sont encensés par le public et la critique. Kamataki récolte cinq prix au FFM dont les prix du public et de la critique internationale en plus de la meilleure réalisation. Il reçoit également le Prix spécial du jury au BrisbaneInternational Film Festival (BIFF) et est primé au Palm Springs International Film Festival et au Mar Del Plata International Film Festival. Karakara est, pour sa part, le coup de cœur du public du FFM et rafle le Prix ouverture sur le monde.

  • 9 longs métrages
  • 4 sélections au Festival International du Film de Berlin – Berlinale
  • 5 prix pour Kamataki au Festival des films du monde de Montréal (FFM) en 2005
  • 2 nominations aux Jutra pour Kamataki en 2006 (meilleure réalisation) et Karakara en 2013
    (meilleur scénario)
  • Nomination pour Visage Pâle aux César en 1986 (meilleur film francophone)
  • Seul Québécois récipiendaire du Grand Prix des Amériques au FFM
    (Kenny – The Kid Brother en 1987)
  • Seul étranger récipiendaire du prix couronnant la meilleure réalisation de l’Association des réalisateurs du Japon


© Photo:Yosuke Suga, Studio DEBO