David Giguère dévoile CASABLANCA son deuxième album.

CASABLANCA - David Giguère
CASABLANCA – David Giguère

Dans un calme que l’on sent chargé et bouillant de souvenirs, la poésie de David Giguère se déploie harmonieusement sur la nouvelle platine. La contribution quasi électro-acoustique du réalisateur Jonathan Dauphinais (Beast, Ariane Moffatt) narre la trame d’un récit intérieur épique. La parole vive et acérée de l’auteur-compositeur nous entraîne dans un dédale amoureux qui ausculte avec précision les hauts et les bas de la vie d’un jeune homme du 21e siècle.

Ici, CASABLANCA n’est pas autant un endroit qu’une image qui capte la beauté cruelle des débuts, des parcours sinueux, des chutes et de ce premier appartement qu’ils avaient peints tout en blanc, dont le souvenir persiste, à jamais présent, et transforme cette beauté en nostalgie.

Suite au succès critique et populaire du premier, Hisser Haut paru en 2012, l’artiste produit par Mo’fat Productions, sous la houlette d’Audiogram a tourné partout au Québec (et même au Brésil) avec la collection de morceaux accumulées depuis l’adolescence. Riche de ces expériences, loin d’une écriture précipitée, plusieurs mois après la fin de cette tournée, CASABLANCA a été longtemps médité avant de voir le jour, mais la délivrance fut douce: «L’impulsion arrive d’un coup sans enlever ses souliers avant d’entrer. Je ne suis pas quelqu’un qui écrit sur une base régulière, c’est comme un trop plein qui me pousse à écrire, un moment où je me dois, pour réussir à continuer d’avancer, de faire un bilan, une mise à niveau, et c’est par l’écriture que j’arrive à retrouver un équilibre.»

De ce processus impudique, de son caractère nécessaire, sont apparus des textes inspirés, des mélodies pop singulières et sophistiquées, un univers qui s’est approfondi au fil des séances de travail avec son collaborateur et complice, le dramaturge Emmanuel Schwartz.

Se sont dessinées aussi des intuitions fortes de textures sonores et des envies claires de direction artistique. Entrent alors en scène Jonathan Dauphinais, le réalisateur, bassiste et capitaine du navire et l’équipe de talentueux musiciens que sont Joseph Marchand (Forêt, Ariane Moffatt) à la guitare, Christophe Lamarche (Rock Forest, Jimmy Hunt) aux claviers, et Jean-Phi Goncalves (Beast, Plaster) à la batterie, qui porte aussi un regard sur la réalisation. Le résultat : un disque limpide, à mi-chemin entre le groove décapant électro-minimaliste d’un James Blake et la force narrative de la chanson française. Chaque morceau mixé par Chris Moore (Yeah Yeah Yeahs, TV on the Radio) décline une esthétique sonore d’une cohérence et d’une efficacité percutante.

Si le premier album de David Giguère a hissé haut les voiles, CASABLANCA témoigne d’un voyage qui a porté fruit. Alors qu’il nous dit que «tout et rien» distingue l’expérience du premier album et de celui-ci, il ne manque pas de rappeler la constante dans son travail, ce qui le touche quand il écoute de la musique: «L’audace, le sentiment de rencontrer quelqu’un, de sentir la nécessité qu’a eu l’artiste de créer, une urgence de dire.»