Rodin/Claudel, le ballet des maitres

John Hall -Les Grands Ballets Canadiens
John Hall -Les Grands Ballets Canadiens

Rodin-Claudel, les noms raisonnent comme une alliance naturelle. Objet d’un intérêt soutenu partout dans le monde, la relation entre les deux talentueux sculpteurs Camille Claudel et Auguste Rodin est célèbre pour son tumulte mais aussi parce qu’elle est le reflet de la dure accession des femmes aux métiers d’art. Une relation intense qui en devint trouble au contact des contraintes de son époque. Une relation qui a maintes fois inspiré les artistes de tous genres. Peter Quanz met en mouvements une histoire amoureuse et artistique passionnelle. Le ballet Rodin/Claudel est interprété au Théâtre Maisonneuve entre le 13 et le 22 mars 2014.

Le chorégraphe d’origine ontarienne a développé une adoration pour l’histoire tourmentée des sculpteurs, passion qu’il transpose dans sa chorégraphie. Son ingéniosité et son savoir-faire sont plus que reconnus puisqu’il a signé d’une trentaine d’œuvres pour les compagnies de ballets depuis le début de sa carrière indépendante en 2002.

Rodin Claudel Peter
Rodin Claudel Peter

Sur la scène, les accessoires sont très peu nombreux mais pertinents pour transmettre la mouvance de cette époque. Un mur de carreaux bleutés projeté, un échafaudage classic, un immense coffre-caisson blanc. L’accent est tout à fait mis sur la performance des danseurs et on voit que le chorégraphe a appuyé le caractère des personnages. Le caisson mouvant est très judicieusement adapté. Il prend de multiples rôles et transporte les interprètes, les expose ou les sépare aux gré du moment. Le scènes les plus connues de la vie de Camille Claudel sont retranscrites comme sa rencontre avec l’artiste, sa relation avec son frère Paul très présent, la journée du pic-nique familial, la reconnaissance de Rodin par ses pairs, la passion de Camille pour la glaise et ses tourments l’amenant à la destruction de son art et de ses oeuvres.

On salue l’interprétation des sculptures humaines qui tiennent une place centrale et dont le jeu est impressionnant, peut-être parfois au détriment de celui des danseurs principaux dont celui-ci perd en transmission. D’abord elles s’expriment et nous font apprécier le rapport voluptueux de la matière et des artistes. Elles deviennent spectatrices et immobiles dans les relations difficiles des artistes. Enfin elle traduisent magnifiquement l’attachement à l’art et le tumulte reel et irréel vécu par Camille. On sent une liberté donnée aux danseurs dans l’expression. Dans sa globalité, il en émane un ballet néoclassique dont les accents très théâtraux donnent un véritable charme. On s’attend sans surprise à voir se développer d’autres chorégraphies de Peter Quanz dans les années à venir.

Plus d’informations pour les représentations sur le site des Grands Ballets canadiens.

Crédit photos : John Hall / Danseurs : Les Grands Ballets