Le Théatre de la Licorne nous présente Angoisse cosmique ou le jour ou Brad Pitt fut atteint de paranoïa

Emmanuel Bédard, Claude Breton-Potvin et Hugues Frenette
Emmanuel Bédard, Claude Breton-Potvin et Hugues Frenette

‘’Tant qu’on rit, à défaut d’agir, on tient la peur de loin…’’

Alarmés de la situation, deux hommes et une femme à l’aube de la trentaine s’interrogent soudainement sur les gestes qu’ils pourraient faire pour venir en aide.  Il leur apparaît alors que leur sauveur est Brad Pitt, acteur connu de tous les continents, la voie miraculeuse d’Hollywood, leur sauveur se doit d’être Brad.  Tous nous rassembler autour d’une cause commune, d’un idéal auquel croire, où tous se sentiraient rapprochés l’un de l’autre. 

Cette pièce est une comédie d’un humour noir bien ficelé, où est décrié le paradoxe de l’inaction face à notre conscience collective de l’imminent problème qu’est le réchauffement de la planète.  Le comportement alarmiste généralisé croit trouver une solution en l’avènement du messie.  Écrite par l’auteur danois Christian Lollike, récipiendaire du prix Reumert du meilleur dramaturge pour Angoisse cosmique ou le jour où Brad Pitt fut atteint de paranoïa.  Il s’investit à écrire des textes en résonnance avec son temps, tout comme l’est celui-ci. L’association entre les Théâtre la Licorne et Niveau Parking, fondé en 1986, semblait naturelle.  Ce dernier s’est aujourd’hui forgé une place au cœur de la scène culturelle québécoise et canadienne grâce à ses productions mettant l’accent sur les multiples questionnements de l’Homme, alors que le théâtre de la Licorne nous présente habituellement des projets plus expérimentaux.  Cette union cadre parfaitement avec l’essence  même de ce que voulait partager l’auteur.  

Il ne faut pas s’attendre à une histoire avec structure traditionnelle, incluant un réel début ou une réelle fin.  Même les personnages, s’il y en a vraiment, n’évoluent pas à travers l’histoire.  Ils portent un discours, soutiennent l’angoisse courante d’une génération qui est la leur, mais ne représentent quiconque en particulier.  Malgré un jeu parfois inégal entre les comédiens ainsi que certaines lignes décevantes, ils se plongent avec ferveur dans leurs rôles.  En effet, les certains passages qui auraient dû être incisifs sans l’être au final, sont contrebalancé par la solidité de certains.

La fragmentation de la narration et des personnages apporte un aspect de documentaire interactif, où les comédiens se voient jouer une pièce dans une pièce, une sorte de jeu enfantin où l’on divague et s’imagine des situations utopiques.  Cet élément, que l’on doit en grande partie au metteur en scène Michel Nadeau, est mis en œuvre efficacement et permet de rassembler le tout vers la même orientation.   On y a aussi inséré des moments de pauses, pour reprendre notre souffle.  Cette rafraîchissante idée permet, de fait, au public de complètement réintégrer le scénario. 

À voir jusqu’au 24 mai 2014.

Production Théâtre Niveau Parking

Texte Christian Lollike

Traduction Catherine Lise Dubost

Mise en scène Michel Nadeau

Assistance à la mise en scène Simon Lemoine

Avec Emmanuel Bédard, Claude Breton-Potvin et Hugues Frenette

Décor Marie-Renée Bourget-Harvey

Costumes Daphnée Lemieux-Boivin

Éclairages Jean-François Labbé

Musique Yves Dubois

Vidéo Lionel Arnould

Durée de la pièce: 1h20 sans entracte