La grande Isabelle chante Reggiani

boulayOn entre avec gourmandise et sans heurt dans l’univers fragile de Serge Reggiani tel que vu par Isabelle Boulay avec ce nouveau CD intitulé Merci Serge Reggiani.

S’il est vrai que les meilleurs cadeaux donnés sont ceux qu’on s’offrirait à soi-même, la chanteuse gaspésienne qui a poussé son talent dans la grande francophonie mondiale, excelle encore une fois dans ses choix. Choix de chansons, choix de ton, choix de collaborateurs.

Les 14 titres de cet album sont certes merveilleusement façonnés en 2014 par l’auteur-compositeur québécois Philippe B qui a entre autres réalisé l’album des soeurs Boulay, et du réalisateur Benjamin Biolay, auteur-compositeur-interprète français (Henri Salvador – Chambre avec vue). Mais encore faut-il rendre hommage aux artisans remarquables de ces chansons à saveur humaniste: Georges Moustaki,Eddy Marnay,Jean Max Rivière,Bernard Dimey et particulièrement Jean Loup Labadie qui laisse ses traces avec 9 chansons.

Hormis cette voix cristalline et attachante que l’on reconnaîtrait entre mille, la grande Isabelle réussit comme à chaque fois à vous ravir une part de vous même, le temps d’un album.

Son Reggiani à elle raconte certes les mêmes histoires mais cette fois, au profond spleen grisâtre que le créateur de ces oeuvres nous avait inspiré, Boulay installe sa couleur, vive, fraîche, légère et profonde. Avec sa voix, son interprétation et son jeu, elle coule tendrement, rit et pleure, et se moule à la perfection aux grands textes et musiques.

Paris, été 2003. Elle qui fait aujourd’hui partie de l’élite de la chanson française, a partagé le regard de Reggiani sur scène. Elle lui écrit cette lettre posthume sur cet album: « Je n’oublierai jamais ce jour d’été où, enfin délesté de mon adolescence, j’ai rencontré ton répertoire et ta voix qui ne m’ont plus jamais quittée. L’image reste nette et vive, comme dans une scène de cinéma.[…] C’est toi et Piaf, que tu aimais tant qui m’avez donné le goût du métier d’interprète. Ton Isabelle »

Sur la pochette de cet opus se trouve aussi un dessin griffé Reggiani. Un vibrant message de Labadie qui souligne l’émotion ardente que Boulay transmet. Un album-cadeau à se faire et à ceux qu’on aime.

Il y a bien sûr Il suffirait de presque rien, chanson mythique qui fait encore rêver hommes et jeunes femmes amoureux, mais il y a aussi ces autres incontournables comme Ma solitude que le ukulélé vient bercer par ce son singulier, l’immense Ma fille qui raconte tant de vérité, Ma liberté, L’absence…

Merci Serge Reggiani est le genre d’album qu’on écoute en boucle et dont on ne se lasse jamais.

… Merci Isabelle Boulay …

Titres de l’album:

Ma solitude
Ma fille
Il suffirait de presque rien
Le vieux couple
De quelles Amériques
Si tu me payes un verre
Ma liberté
L’absence
Les mensonges d’un père à son fils
L’Italien
Le petit garçon
T’as l’air d’une chanson
Les amours sans importance
Le déjeuner de soleil

Chez Audiogram.

http://www.isabelleboulay.com/