Il en va des belles musiques comme des grandes amitiés : elles s’inscrivent dans la durée avec une fraîcheur que rien ne peut altérer, coulent de source sans jamais cesser de se régénérer en profondeur. Reprendre le fil d’une conversation avec un ami de longue date, c’est comme réécouter ou réinterpréter une mélodie aimée depuis toujours ; on a beau connaître l’un et l’autre par cœur, voir clair dans leur jeu : avec eux, rien ne se fige en routine, tout semble toujours neuf, recomposé. C’est à la jonction de cette expérience humaine et musicale que se joue l’album Songs of Time Lost de Piers Faccini et Vincent Segal, enregistré pendant l’été 2013 et disponible au Canada le 16 septembre prochain. À noter que Piers Faccini sera de passage, en solo, à La Maison des Arts de Laval le 3 octobre et le lendemain au Théâtre du Marais de Val Morin.
Reposant sur le seul alliage de la voix, de la guitare et du violoncelle, l’album tire sa substance de leur histoire commune comme de leurs destins individuels. En reliant d’un même trait compositions originales et reprises, il rassemble aussi ce qui, au fil du temps, a nourri leur inspiration de musiciens comme leur curiosité de mélomanes. Ce faisant, il condense et prolonge un art du dialogue et de l’écoute qui, entre eux deux, court depuis le soir de leur toute première rencontre, c’était à Paris, à la fin des années 80. « Nous nous sommes croisés au détour d’une fête un peu ennuyeuse, se rappelle Vincent Segal. En voyant Piers, j’ai tout de suite pensé que ce mec-là avait l’air différent des autres. Nous avons vite parlé musique, en nous disant que nous pourrions en faire ensemble. Quelques minutes après, nous quittions la soirée pour aller jouer chez moi, à deux pas de là. »
L’anecdote en dit long sur une complicité qui, frappée d’emblée du sceau de l’évidence, ira jusqu’à les révéler à eux-mêmes. Piers Faccini, alors étudiant aux Beaux-Arts et peintre, se forgera peu à peu une vocation de songwriter : elle le conduira jusqu’à la sortie en 2004 de son premier album, Leave No Trace, réalisé par… Vincent Segal. Quant à ce dernier, tout juste issu du conservatoire, il apprendra au contact de son nouvel ami le plaisir d’accompagner une voix d’exception. Par la suite, les deux hommes poursuivront leurs chemins respectif, Piers avec sa carrière solo, Vincent avec Bumcello et mille autres rencontres tous azimuts.
photo: courtoisie