Plus les années passent, plus Lofofora devient incontournable. Que ce soit sur scène ou sur disque, Lofofora impose le respect et demeure le leader incontesté de la scène métal hexagonale. En avril 2014, Lofofora est entré en studio pour enregistrer son huitième album, L’épreuve du contraire, disponible au Canada le 18 novembre. 14 titres qui révèlent un groupe en paix avec ses racines fusion et dont le discours est toujours aussi percutant et réaliste. Lofofora reste le patron et en cas de contestation, il faudra apporter la preuve du contraire !
Fondé en 1989, Lofofora s’est rapidement imposé comme une référence de la scène métal française. Ces « vétérans » après 25 ans d’activité ne sont toujours pas près de la retraite et offrent un huitième album toujours aussi enragé. 14 jours d’enregistrement pour 14 titres, Lofofora est toujours là et tient à le faire savoir avec L’épreuve du contraire.
Pour ce disque, Reuno, chanteur et co-fondateur du groupe, aurait pu puiser sans modération dans les thèmes d’inspiration majeurs de Lofofora : la crise et les sphères politiques, le racisme, les exclusions et le délitement des droits sociaux, l’extrême droite, les sphères médiatiques dominantes, le néo-libéralisme, la bêtise : tous les sujets qui fâchent sont à portée d’encre. Mais au fil du temps et de l’expérience, Lofofora a affiné sa plume et délaissé le terrain de la réaction, de la posture frontale et de la dénonciation brute.
Ils interrogent le mal être et la violence de l’époque (Contre les murs), regardent avec désolation la montée irrépressible des idées nationalistes et d’un monde politique gangréné par les obsessions médiatiques (Pornolitique). Plus loin, Lofofora interroge le futur (Trompe la mort), la conscience et l’urgence environnementale (Notre terre) ; s’inquiète des lendemains de l’individualisme, de l’effritement fatal des idéaux solidaires (Le malheur des autres).
Le ton est grave mais la fibre est existentialiste et les mots fusent dans une poésie de plomb qui mêle le vitriol de Jello Biafra avec l’acidité d’Artaud. Rarement l’écriture de Reuno aura résonné de façon aussi incarnée. Viscérale, elle tisse les grandes lignes de la contre-culture sur un ciel musical sonique et changeant. Ce doit être ça « L’épreuve du contraire » : résister, rester vigilant, pratiquer la remise en question permanente, veiller à ne pas baisser la garde et rester sur le qui vive, y compris sur le terrain musical. Si la fusion métallique reste leur terrain de jeu favori, ils voyagent dans l’univers sonique avec l’aisance des groupes aguerris, en perpétuel mouvement. En quatorze chansons, enregistrées en quatorze jours, Lofofora vient de donner une nouvelle feuille de route, musicale et poétique au rock d’ici, sans doute la plus belle que le groupe ait jamais écrite : « L’épreuve du contraire ».
25 ans… Voilà donc vingt-cinq ans que Lofofora essaime, créé, expérimente ce composé de métal-punk aux embruns groove et doté de conscience. Un quart de siècle, depuis sa naissance, que Lofofora parle à nos ventres rock et nos âmes citoyennes ; vingt cinq ans qu’ils dézinguent une à une les aberrations de cette époque et les absurdités d’un monde dans lequel ils tiennent le cap de l’alternative. Deux décennies et demi de résistance, qui relèvent autant de la vocation musicale que de la certitude idéologique. Véritable phoenix de la rage, Lofofora persiste et signe pour ce qu’il faut considérer comme un sacerdoce, une mission : maintenir l’idée que l’art et la musique au premier rang– est, et doit rester, le miroir d’un monde et de ses sociétés.