Les Fourberies de Scapin

Jack Robitaille et Christian Michaud © photo: Nicola-Franl
Jack Robitaille et Christian Michaud © photo: Nicola-Frank Vachon

«Mais que diable allait-il faire dans cette galère? » Non, seigneur Géronte, Jacques Leblanc a fait un travail exceptionnel avec Les Fourberies de Scapin! Présentée hier au Théâtre de la Bordée, la pièce de Molière a remporté un très grand succès auprès du public lors de la première médiatique.

Cette comédie, écrite en 1671, nous parle de relations familiales, du patriarcat, d’amour évidemment, mais de loyauté également. Scapin – joué par Christian Michaud, moustachu, avec dynamisme et drôlerie, et que l’on pourrait comparé un peu à Roberto Benigni ici- Scapin donc, le fieffé coquin, est prêt à user de stratagèmes ingénieux pour aider son maître Léandre et son ami Octave à se sortir de situations amoureuses rocambolesques. Il ment comme un arracheur de dents, ne se gêne pas pour extorquer de l’argent à Géronte et Alcante avec l’aide de Sylvestre, manipule le verbe et les sentiments. Et pourtant, la cause est noble, tout se finit bien : comment lui en vouloir?

Le texte original a été conservé, mais la mise en scène colorée et excentrique ajoute au comique de situation. Le décalage entre le langage employé et l’attitude contemporaine crée un effet intéressant. La présence scénique des acteurs est incroyable, que ce soit dans leurs expressions faciales ou dans le non verbal. Cela a été répété, avec professionnalisme, et pourtant, chaque personnage est naturel, comme si Molière avait écrit le rôle pour cette représentation en particulier. Que ce soit Octave (Pierre-Olivier Grondin), qui a peur de son père ou le Léandre frondeur (Philippe Durocher, en veste de cuir et scooter), Zerbinette extravertie (Marianne Marceau et sa scène d’hilarité) ou le Géronte pingre et râleur (Jack Robitaille, à qui la perruque sied remarquablement) les personnages sont attachants. La distribution, parfaite, doit y être pour quelque chose.

Marianne Marceau (Zerbinette) et Jack Robitaille (Géronte) © photo: Nicola-Frank Vachon
Marianne Marceau (Zerbinette) et Jack Robitaille (Géronte) © photo: Nicola-Frank Vachon

Par ailleurs, la musique dynamise la scénographie. La tour de buffets, multifonctionnelle, permet aux acteurs de présenter certaines scènes, véritable mise en abîme. Mention spéciale également aux petits détails scéniques: citons les costumes, tous taillés dans un tissu aux imprimés rappelant l’Italie, le tableau du bar de Sylvestre et la pancarte «interdiction de marcher dans la pelouse», écrits en italien. C’est un hommage aux racines de la commedia dell’arte, véritable puits d’inspiration pour Molière.

Une pièce rafraîchissante et pourtant très appréciée malgré les températures polaires!

La pièce Les fourberies de Scapin sera présentée du 20 janvier au 14 février 2015, à 19 h 30 (Excepté le mardi 3 et mercredi 4 février à 13h). Durée: 1h30 sans entracte.

Ce lien vous mènera vers un extrait vidéo de la pièce : http://youtu.be/EUxoh0cbo04

Texte : Molière

Élie Giasson-Fragasso et Christian Michaud  © photo: Nicola-Frank Vachon
Élie Giasson-Fragasso et Christian Michaud © photo: Nicola-Frank Vachon

Mise en scène : Jacques Leblanc

Assistance à la mise en scène : Jocelyn Paré

Distribution : Émile Bergeron, Chantal Dupuis, Philippe Durocher, Hugues Frenette, Jonathan Gagnon, Élie Giasson-Fragasso, Pierre-Olivier Grondin, Marianne Marceau, Christian Michaud, Jack Robitaille et Ghislaine Vincent.

Décor : Ariane Sauvé

Costumes : Sébastien Dionne

Maquillages : Élène Pearson

Coiffures et perruques : Sébastien Dionne et Florian Van Wembeke

Accessoires costumes: Sébastien Dionne et Ariane Sauvé

Lumières : Dominic Lemieux

Musique et instruments : Fabrice Tremblay

Violon : Philippe Amyot

Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Toute la programmation du Théâtre de la Bordée : http://www.bordee.qc.ca/