Du 24 février au 14 mars, la pièce Julie – Tragédie canine de Samuel Corbeil et Pascale Renaud-Hébert et mis en scène par Jean-Philippe Joubert est présenté à Premier Acte. Une comédie de situation franchement drôle, où la disparition d’un chien fait éclater la vie d’un couple et mettre en faillite la vie d’un autre. Cette pièce à la mise en scène ingénieuse, à l’histoire rocambolesque captivante, aux personnages dynamiques et plus grands que nature, amène un vent de fraîcheur au théâtre qui fait du bien.
Synopsis
Julie a disparu. Guillaume en est responsable : il regardait le baseball au lieu de surveiller la chienne. Laurence, sa copine, ne lui pardonne pas, et elle met Guillaume à la porte en même temps que leurs 10 années de vie commune et leur projet d’acheter une maison. Guillaume trouve refuge chez des amis, un couple pour qui cette rupture représente une menace à leur propre avenir. Ils se promettent de rétablir la situation, coûte que coûte.
Cette première pièce du Collectif Le Vestiaire, mis en scène par le directeur artistique de la compagnie Nuages en pantalon, a tout d’abord vu le jour au Conservatoire d’art dramatique de Québec, alors que Samuel Corbeil et Pascale Renaud-Hébert (finissant du Conservatoire en 2014) en ont fait leur projet d’écriture scénique dans le cadre de leurs cours avec leur professeur Jean-Philippe Joubert. Et voilà que 2 ans plus tard, elle fait mouche au théâtre Premier Acte.
La mise en scène de Joubert est très ingénieuse. Elle est vraiment adaptée à ce type de pièce au débit rapide, au dynamisme de ces jeunes de la mi-vingtaine, à la technologie facile et aux jeux vidéos encore très présents surtout chez les jeunes hommes. Ainsi, on retrouve des décors amovibles, que l’on bascule d’un côté ou de l’autre pour se trouver chez l’un des couples ou chez l’autre. Ces mêmes murs amovibles servent également à de la projection vidéo, pour montrer parfois le paysage qui déroule, alors que Guillaume (Samuel Corbeil) fait du jogging dans les rues ou les parties de jambes en l’air entre le personnage de Jade (Mary-Lee Picknell) et Philippe (Jean-Philippe Joubert) chez Philippe. Fait intéressant, par deux fois, on voit le personnage de Jade réel juxtaposé à la vidéo, ajoutant à la complexité du jeu et de la mise en scène, mais donnant un effet innovateur très intéressant pour le spectateur. Jean-Philippe utilise aussi les textos et jeux vidéos affichés sur écran géant pour ajouter au réalisme des jeunes d’aujourd’hui. Finalement, l’utilisation de l’audio pour nous présenter la chienne Julie est savamment utilisée, si bien qu’on a l’impression qu’elle est vraiment présente sur scène.
Cette pièce est un véritable vent de fraicheur dans le monde du théâtre, se situant à la limite du burlesque, mais sans jamais tomber dedans. Bien que la prémisse de la disparition du chien qui fait éclater le couple de 10 ans de Laurence et Guillaume semble ironique, elle cache des enjeux beaucoup plus importants. Ces deux jeunes gens, qui se sont rapprochés vers la fin du secondaire, en sont à leurs 10 ans de vies communes. À 26 ans, où croyaient-ils être rendus? Sur le marché du travail, enseignants, sur le bord de concrétiser leur rêve commun de l’achat d’une maison et d’avoir des enfants, la disparition de Julie fait ressortir les problèmes de couple latents, et le chien devient le bouc émissaire de leur séparation. En contrepartie, on a un autre couple, leurs amis mutuels, un ancien joueur de baseball élite, blessé, qui vivote, et une agente immobilière à l’ambition plus grosse que son portefeuille, tous deux, endettés jusqu’au cou, n’attendent que la vente promise d’une maison à Laurence et Guillaume, pour se sortir la tête de l’eau. Or la nouvelle de leur rupture aura l’effet d’une douche froide pour Jade qui décide de jouer le tout pour le tout afin de les remettre en couple.
Les quatre comédiens ont une très belle dynamique ensemble. Elle me fait un peu penser à ces amis qu’on retrouve dans des sitcoms américains comme Seinfeld, Friends ou même Three’s Company, avec des rebondissements inattendus, des situations rocambolesques, des idées saugrenues, quelques moments dramatiques qui deviennent drôles tellement elles sont loufoques. Bref, on ne s’ennuie pas du tout durant cette pièce de près de deux heures sans entracte.
Bien que Samuel Corbeil, Nicolas Drolet, et Pascale Renaud-Hébert incarnent leurs personnages avec crédibilité et justesse, c’est Mary-Lee Picknell qui ressort du lot, avec son entrain, sa fougue et son absence totale de remords ou d’empathie pour qui que ce soit. Égocentrique, acheteuse compulsive, ambitieuse et infidèle, elle réussit quand même à se faire aimer du public, par sa drive et elle en mets plein la vue dans ses parades de vêtements.
Je dois également souligner la merveilleuse idée, lors de retrouvailles du secondaire, organisés par Jade, de faire un retour arrière de 10 ans, pour revoir comment le couple de Laurence et Guillaume est né. Après ça, on comprend un peu mieux comment la vie a évolué pour ces deux couples jusqu’à en arriver à ces cassures inévitables.
En résumé, cette pièce est réellement intéressante à regarder. C’est captivant, dynamique et rempli de rebondissements. Une pièce à voir absolument!
Production : Collectif Le Vestiaire
Coproduction : Nuages en pantalon – compagnie de création
Idée originale : Samuel Corbeil, Pascale Renaud-Hébert
Scénario et texte : Samuel Corbeil, Pascale Renaud-Hébert avec la participation de Jean-Philippe Joubert
Coordination de la production : Caroline Martin
Mise en scène : Jean-Philippe Joubert
Assistance à la mise en scène et éclairages : Maude Groleau
Décor et accessoires : Mona Eliceiry
Costumes et accessoires : Dominique Giguère
Conception vidéo : Jean-Philippe Joubert
Environnement sonore François Leclerc
Régie Mathieu C.Bernard
Distribution : Samuel Corbeil, Nicolas Drolet, Mary-Lee Picknell et Pascale Renaud-Hébert
Salle : Premier Acte
Dates : 24 février au 14 mars
Crédits photos: Cath Langlois Photographe