Blues Hall of Fame au Palais Montcalm- Les légendes du blues John Hammond, Charlie Musselwhite et James Cotton réunies sur scène

Charlie Musselwhite, James Cotton, John Hammond  © photo: courtoisie
Charlie Musselwhite, James Cotton, John Hammond
© photo: courtoisie

Ce samedi 18 avril, la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm affichait complet pour le spectacle des légendes du blues John Hammond, Charlie Musselwhite et James Cotton. Il faut dire que l’événement valait le détour, ne serait-ce que pour la présence de Cotton qui, à 79 ans, représente l’un des derniers plus grands musiciens de l’âge d’or du blues de Chicago toujours en activité. Les Québécois avaient certes eu l’occasion d’aller le voir jouer l’an dernier, en plein été, à Donnacona, mais l’affiche du 18 avril réunissait deux autres maîtres : l’harmoniciste-chanteur Charlie Musselwhite, lui aussi figure tutélaire du genre, et le guitariste-chanteur et joueur d’harmonica John Hammond. Un trio gagnant qui, avant même son entrée en scène, semblait tout acquis à la cause du public.

C’est John Hammond qui a ouvert les festivités, égrénant sa présentation de quelques mots en français. Alternant des classiques de Lightnin’ Hopkins et de Robert Johnson et des morceaux de sa propre composition comme l’intense et brillant « You Know That’s Cold », Hammond a ébloui la salle par l’intensité de son jeu et de son interprétation. Maniant avec brio la guitare slide et l’harmonica en même temps, le bluesman n’hésite jamais à jouer avec des effets de dissonance et les coups d’éclat de notes éraillées mais mémorables. Du blues frugal mais énergique, le plus « roots » et authentique qui soit, mais aussi grand pourvoyeur de frissons.

Rejoint, pour les deux dernières chansons de cette première partie acoustique, par le légendaire James Cotton, Hammond a clôturé sa prestation par la reprise d’une chanson de Sonny Boy Williamson II, un véritable cas d’école du « Chicago Blues ». Quoique Cotton, passablement fatigué ou pas assez réchauffé (difficile à dire), se soit d’abord trompé de tonalité sur son « ruine-babine », l’équilibre a vite été retrouvé et la marchandise blues, livrée avec l’âme qui sied à ce style de musique.

Puis ce fut l’entracte, où des curieux se pressaient au kiosque central pour dénicher le dernier album de Cotton. Tout le Gotha du blues de Québec s’était donné rendez-vous pour l’occasion et l’on a pu croiser parmi ce public expert des interprètes comme Jay Sewall, Pat Loiselle et le critique Pierre Jobin.

Les amplis comme le public étaient bien réchauffés lorsque le spectacle a repris. C’est mister Musselwhite, en passe lui aussi de devenir une légende vivante du blues décliné cette fois-ci aux couleurs de Memphis, qui a tenu le microphone et la salle en haleine, accompagné par un band de première qualité. Enchaînant des classiques entre autres de Howlin’ Wolf et de Muddy Waters (avec qui a il a joué au cours de sa prolifique carrière), le bluesman aux allures de gentleman cow-boy, par ailleurs considéré comme l’un des meilleurs harmonicistes de sa génération, a fait revivre le plus bel esprit boogie des années 50 et 60. Musselwhite a donné le la festif de l’événement, invitant le public à danser sur des morceaux qu’il qualifiait lui-même de « fun music ». Le son chaud et croustillant de son interprétation a fini par emballer le public qui ne demandait qu’à battre la mesure à grands coups d’applaudissements. C’est aussi lui qui, techniquement, semble avoir emporté l’adhésion du public. Musselwhite a sans aucun doute redoublé de virtuosité à l’harmonica.

Pour finir en beauté, le grand Charlie a fait revenir sur scène James Cotton, qu’il a confié aux soins de son groupe particulièrement rodé au blues du vieux bonhomme. L’artiste a alors pleinement donné de lui-même, convoquant une brève partie du répertoire de son album « Deep in the Blues » aux mélodies et au jeu marquants. De quoi mener à un « finale » en beauté sur « Got My Mojo Workin‘ », chanté à deux voix par Musselwhite et John Hammond, et auquel Cotton répliquait par des riffs clinquants et ciselés à l’harmonica. Le vieux bluesman incitait même le public à lui répondre. Ce fut là l’ultime numéro d’un show bouclé avec professionnalisme mais, il faut bien l’avouer, peut-être pas aussi chaleureux qu’il le laissait espérer.

Une collaboration spéciale de Dominique Lalande.