Ravages – Ils dansent dans la tempête

Ravages-Esther Rousseau-Morin
Ravages-Esther Rousseau-Morin

Fenêtre sur une nature déchaînée vampirisant les personnages d’Alan Lake, reconnu pour son travail de pluridisciplinarité artistique, Ravages est présentée par la Rotonde à la Salle Multi du complexe Méduse de Québec, les 6, 7 et 8 mai 2015. La danse, l’installation (structure dansée alliant corps et matière plastique) et les arts visuels sont les sphères que maîtrise le chorégraphe de Québec. Il construit un théâtre où le film artistique tourné à St-Raymond-de-Portneuf s’insère dans la démarche chorégraphique et tient un aussi grand rôle que le mouvement. Des images comme le fil de la mémoire des personnages qui s’implantent dans un forêt mystérieuse, qui l’imitent, vivent l’orage de l’intérieur. Quand la peau décomposée devient humus et que les corps-troncs subissent la tempête… Ravages.

Tourbillons assujettis à la bourrasque Lake, force et énergie poétisées par l’avènement du déluge, inquiétante attente d’un spasme. Les mouvements des quatre interprètes construisent ensemble et s’éparpillent. Les corps-racines glissent les uns contre les autres, se soulèvent, se font confiance, convulsent et tombent, mus par les caprices de Dame Nature.  Des gestes structuraux, symboliques, précis, des images fortes, dans une ambiance musicale voilée, mais insistante. Un univers hyperactif dompté par la puissance des mouvements cycliques ou spontanés. Des chairs meurtries par les assauts du ciel, matérialisés par des poches de poudre blanche lancées par les danseurs.

Ravages-David Rancourt
Ravages-David Rancourt

Les artisans de cette osmose organique, Dominic Caron, David Rancourt, Esther Rousseau-Morin et Arielle Warnke St-Pierre, acteurs et interprètes, sont les principales marionnettes de ce voyage intéressant. Avec Ravages, Alan Lake définit encore mieux son langage et s’inscrit dans une démarche artistique complète et unique.

Visuellement, le film présente des scènes magnifiques qui appuient la chorégraphie et y ajoutent de la profondeur en superposant des toiles de tulle en avant-scène comme en arrière-scène, encerclant les danseurs. Ces dimensions comme une sédimentation de la beauté adhèrent à l’interprétation et multiplient les possibles. Sur scène, deux gros madriers, un mur sur roulettes, un énorme matelas s’insèrent dans le geste comme des éléments naturels, parfois obstacles, parfois terrain de jeux. Alan Lake réussit ici à figurer littéralement une métamorphose de l’homme à la matière.

Chorégraphie: Alan Lake, avec la complicite? des interprètes /Interprétation: Dominic Caron, David Rancourt, Esther Rousseau-Morin, Arielle Warnke St-Pierre / Répétition et conseil artistique: Annie Gagnon (Mtl) / Scénographie: Julie Lévesque / Assistance à la scénographie: Jean-Nicolas Demers /Direction de la photographie: François Gamache /Compositeur: Antoine Berthiaume / Lumières: François Marceau // Conception vidéo: Louis-Robert Bouchard  //Photos: François Gamache

La Rotonde