Prismes : orgie de couleurs!

Prismes
Prismes

Le 22 octobre 2015, les six artistes de Montréal Danse du spectacle Prismes accueillent les gens dans la salle Multi du complexe Méduse de Québec avec des jeux d’illusion d’optique qui apprêtent les spectateurs et les sensibilisent à la chorégraphie que Benoît Lachambre leur a concoctée pendant trois ans. Avec Prismes, ce chorégraphe a remporté le prix du Conseil des arts et des lettres du Québec en 2014 pour la meilleure œuvre chorégraphique.
Dans son désir de conscientiser le public sur le rôle de la perception par opposition à la présentation, Lachambre mise beaucoup sur l’effet prismatique du corps par lequel passe la déformation de la réalité. Que ce soit par la couleur, le bruit ou le geste, tous les moyens sont bons pour nous tromper et pour défier les normes. À noter le solo de l’interprète Rachel Harris, inspiré par la méthode de Feldenkrais, qui propose la souplesse des articulations et la mobilité de la cage thoracique et du bassin. Ce solo percutant repousse les limites du diaphragme et suggère un spasme vivifiant qui rappelle l’orgasme. Cette chorégraphie très anatomique marginalise le mouvement et stigmatise la représentation du corps comme on le connaît. La présence de la nudité dans ce spectacle prend tout son sens et est légitimée par l’apport artistique du physique des interprètes.

Rachel Harris
Rachel Harris

Prismes stimule la perception selon une philosophie artistique queer, c’est-à-dire que Lachambre brouille les normes sociales : des hommes drapés de rose pastichent les sculptures de déesses de l’Antiquité, ce qui efface la frontière des genres que la société circonscrit depuis toujours. Le chorégraphe déconstruit et rebâtit littéralement nos repères et prend cette conception du monde au pied de la lettre en coiffant ses artistes d’un casque de construction.
Visuellement, Prismes est une toile impressionniste, teintée de 1001 couleurs et aux accents toniques parfois irritants de spontanéité. Fervent amateur de la technique release, laquelle prône entre autres la créativité et l’improvisation qui engendrent la disparition du stress et la détente des muscles, le chorégraphe laisse libre cours à des séances de babillements et de cris primaux ici et là.
Juchés sur un échafaud, les interprètes athlètes s’étirent, se balancent, se meuvent tout en douceur, en force et en souplesse. Sur des sons qui rappellent une perceuse, les six danseurs composent des figures sculpturales, symétriques, et se perdent dans un éclairage qui joue un rôle précieux.
Ce spectacle laisse indéniablement des traces dans votre esprit, des images troublantes vous marqueront. La dernière représentation se tient le 24 octobre 2015.
Chorégraphie : Benoît Lachambre
Interprétation : Elinor Fueter, Annik Hamel, Rachel Harris, Sylvain Lafortune, Alexandre Parenteau, Peter Trosztmer
Conseil artistique : Kathy Casey, avec la collaboration des interprètes
Lumière : Lucie Bazzo
Musique : Laurent Maslé, Tomas Furey

Crédit photos : Montréal Danse