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Matéo et la suite du monde

Matéo et la suite du monde
Matéo et la suite du monde

Le sujet est millénaire : un héros, Matéo, part en quête de son identité et de sa place dans le monde, un oracle (Justin « le weird » interprété avec brio par Julien Fiset-Fradet) l’accompagne et des allégories (la Vérité, l’Amour et la Mort) posent les bonnes questions. Mateo et la suite du monde est une tragédie grecque réinventée.

Comment, alors, conquérir le public? Par une mise en scène détonante et des personnages hors du commun : notre Ulysse est atteint du syndrome d’Asperger (spectre de l’autisme), ce qui rend les relations interpersonnelles plus délicates et plus vraies, car Matéo n’a pas de filtre. Passionné de cinéma, c’est derrière sa caméra qu’il reconstruit sa vie, qui fait le tri et le montage des moments qui méritent d’être vus; et que tranquillement, il accepte qui il est.

Autour de lui gravitent sa sœur et une forme de complexe d’Œdipe, son Pygmalion le professeur de cinéma (Jack Robitaille), mais aussi Éros (Maria la preneuse de notes) et finalement, Thanatos (son père). Ce que nous disent tous ces personnages? Que nous sommes les acteurs principaux de notre vie, mais que nous possédons tous un côté obscur qu’il faut accepter. Le sujet bien contemporain de l’identité et l’apparence vient toucher le public; alors qu’a contrario, la mise en scène déstabilise et met parfois mal à l’aise (les pendus au plafond, le langage cru, sans ambages). C’est la grande force de la pièce, rien n’est laissé au hasard, chaque situation sert le propos. Les acteurs donnent une remarquable performance, car les rôles sont exigeants : la sœur (Katy, que Frédérique Bradet interprète avec beaucoup d’émotion) qui se débat entre le devoir fraternel et la colère, Matéo, joué par Mathieu Bérubé-Lemay, qui accepte sa maladie et ne souhaite pas être identifié juste par celle-ci.

Matéo et la suite du monde
Mathieu Bérubé-Lemay

Le tout est soutenu par une scénographie pertinente qui aide à comprendre le passage de la réalité à la fiction, par un jeu de lumière et des projections vidéo.

Puisque l’on sort de la salle en remettant en question certains aspects de notre propre existence et en étant outillé pour apprivoiser certaines situations; on peut dire que Matéo donne un sens à la suite du monde.

Une coproduction avec Entr’actes.
Texte et mise en scène : Jean-François F. Lessard
Assistance à la mise en scène : Catherine Simard
Décor : Vanessa Cadrin
Costumes : Dominique Giguère
Lumières : Denis Guérette
Musique : Mathieu Campagna
Vidéo : Eliot Laprise
Distribution :
Mathieu Bérubé-Lemay (Matéo)Jack Robitaille (Jacques – Henri et le père)Julien Fiset-Fradet (Justin et le Mort-Vivant)

Frédérique Bradet   (Katy, Sally et la Fillette)

Marie-Hélène Gendreau (Maria et la Chienne)

 

Crédit photos: Nicola-Frank Vachon

La pièce est présentée du 19 janvier au 13 février 2016, au Théâtre La Bordée.

Durée: 1h25, sans entracte.

Toute la programmation: http://bordee.qc.ca/