Le film A Perfect Day (un jour comme un autre) à l’affiche dès le 11 mars. Humour noir et point de vue intéressant sur l’aide humanitaire en temps de guerre!

A perfect Day
A perfect Day

Le film A Perfect Day (un jour comme un autre)  du réalisateur Fernando León de Aranoa, mettant en vedette Benicio Del Toro, Tim Robbins et Mélanie Thierry est à l’affiche à Montréal depuis le 26 février, à Trois-Rivières depuis le 4 mars et il sera sur nos écrans à Québec dès le 11 mars prochain.  Humour noir et point de vue intéressant sur l’aide humanitaire en temps de guerre!

Synopsis

Adapté du roman Dejarse Llover de Paula Farias – un groupe d’humanitaires est en mission dans une zone en guerre : Sophie (Mélanie Thierry), nouvelle recrue, veut absolument aider; Mambrú (Benicio Del Toro), désabusé, veut juste rentrer chez lui; Katya (Olga Kurylenko), elle, voulait Mambrú; Damir (Fedja Stukan) veut que le conflit se termine; et B (Tim Robbins) ne sait pas ce qu’il veut.

Pour son premier long métrage en anglais, le réalisateur espagnol Fernando León de Aranoa s’est inspiré du roman de Paula Farias, mais aussi de ses propres souvenirs au sein des Balkans. En effet, en 1995, il avait eu l’occasion de travailler aux côtés d’humanitaires. Cela explique sûrement pourquoi ce film semble si réaliste et est aussi passionnant à regarder.

Fernando León de Aranoa a choisi de donner aux spectateurs une vision différente de la guerre et ses dommages collatéraux. Fernando a misé sur l’humour noir et ironique ainsi que l’humanité pour nous dépeindre cette région des Balkans vers la fin de la guerre en Bosnie.  Et bien que ce soit triste et frustrant de voir souvent l’impuissance du groupe d’aide humanitaire à vraiment aider les gens, on apprécie leur dévouement et la complicité entre les divers intervenants du groupe Aid Across Borders. C’est un film puissant et émouvant à regarder.

Tim Robbins et Benicio del Toro
Tim Robbins et Benicio del Toro

Pour résumer, l’intrigue de ce film est d’une simplicité remarquable, mais tellement bien menée. Le spectateur va suivre pendant un peu plus de 24 heures, une équipe d’aide humanitaire à la fin de la guerre en Bosnie. Le tout débute alors que Mambru (Benicio del Toro) et l’interprète Damir (Fedja Stukan) tentent de sortir un cadavre d’un puits communautaire, avant que l’eau en devienne contaminée. La corde dont ils se servent brise et ils doivent trouver une autre corde. Leurs deux acolytes B (Tim Robbins) et la nouvelle recrue Sophie (Melanie Thierry) vont les aider à chercher une corde dans ce pays en guerre où les ressources matérielles ne sont pas toujours faciles à dénicher.

Ceci est la prémisse de départ. Tout au long de leur périple, style road-movie, ces quatre bons vivants vont éprouver toutes sortes de problèmes tels que des gens qui refusent de vendre leurs cordes, car ils les gardent pour faire des pendaisons, ou pour y accrocher leur drapeau de guerre. La bureaucratie des Nations-Unis qui vient ralentir leurs progrès. Des routes bloquées par un groupe qui prend des gens en otages les obligent à faire des détours, en plus d’avoir parfois des vaches mortes au travers de la route, qui sont en fait des pièges pour attirer les véhicules sur des mines. Pas très jojo comme situations et obstacles à traverser.

 Mélanie Thierry ,Benicio del Toro, Olga Kurylenko, Eldar Residovic
Mélanie Thierry ,Benicio del Toro, Olga Kurylenko, Eldar Residovic

Ce film pourrait aisément devenir déprimant à regarder, si ce n’était pas des personnages hauts en couleur de ce groupe d’aide humanitaire. De voir  Benicio Del Toro dans le rôle du bon gars au lieu du vilain, voilà de quoi de rafraichissant. Et qui plus est, son personnage dégage le charme malgré ses airs machos et il est aux prises avec une histoire de romance avec Katya qui vient évaluer si leur mission est toujours nécessaire. Une autre nouveauté dans la palette de jeu pour cet acteur.

Ajoutez à cela le personnage de Tim Robbins (acteur qui ne me déçois jamais dans ses rôles), un genre de hippie de la brousse. Un gars qui a tout vu et qui s’empêche de déprimer en prenant tout à la légère. Son humour noir est rafraichissant à entendre. Cela lui permet à quelques reprises de fraterniser avec l’ennemi, mais la plupart du temps, cela ne sert qu’à détendre l’atmosphère.

Malheureusement, le seul point négatif que j’aurais à parler concernant ce film, c’est l’utilisation des personnages féminins.  Mélanie Thierry incarne Sophie, la nouvelle recrue, directement de France qui fait ses premiers pas dans l’organisation humanitaire. Elle n’est pas du tout préparée à voir la mort de si près. Naïve, trop sensible et ne sachant pas quand elle doit se la fermer comme on dit, le personnage de Sophie est plus un obstacle qu’une aide pour ces hommes forts, habiles et machos. Mélanie est excellente dans son rôle par contre. Également, l’autre personnage féminin n’est pas vraiment mieux représenté. Katya (Olga Kurylenko), bien qu’elle soit venue dans l’expédition pour évaluer si la mission doit continuer ou arrêter, elle ne fait que questionner Mambru sur la raison pour laquelle il a trompé sa petite amie avec elle et l’a ensuite laissé tomber. Bien honnêtement, cette intrigue amoureuse ne sert pas du tout le film et est complètement inutile à mon avis, même si Olga a une bonne justesse de jeu avec son personnage.

L'interprète joué par Fedja Stukan, Olga, Tim, Benicio et Mélanie
L’interprète joué par Fedja Stukan, Olga, Tim, Benicio et Mélanie

Par contre, l’arrivée du petit Nikola (Eldar Residovic) amène une autre dimension au film, soit de nous permettre de voir ce que cette guerre amène comme dommages collatéraux pour ces pauvres victimes, ces gens civils qui subissent ce qui leur arrive. On s’attache à ce petit qui a tout perdu, à part son grand-père. Aussi, alors que Mambru retourne avec le jeune garçon (qui s’est fait voler son ballon par des petites brutes), dans le village de ce dernier, on peut voir toute la désolation et le carnage que peut faire une guerre. C’est horrible de voir ces maisons détruites et abandonnées. Le réalisateur réussit autant à nous montrer des paysages saisissants de beauté alors qu’ils se promènent sur les routes sinueuses des montages, que de nous montrer la désolation d’un village en ruine.

Ainsi, avec ce film, on passe par une belle gamme d’émotion. Un moment on rit, puis on est ému par le dévouement de ces gens. Ensuite, on se décourage de voir toutes ces raisons futiles qui les arrêtent dans leur combat pour faire le bien. Il y a un rythme soutenu dans le film et c’est parfois accompagné de musique entrainante, surtout dans les moments de style road-trip, que j’ai bien apprécié. (du Lou Reed, Eurythmics etc..). Ce film restera ancré en vous longtemps après l’avoir vu. Et probablement que tout comme moi, vous ne verrez plus les conflits de guerre et l’aide humanitaire de la même façon.  Et s.v.p., regardez le film jusqu’à la fin, car le titre du film prend tout son sens ironique avec le dénouement du cadavre dans le puits…

 A Perfect Day a été présenté en première mondiale à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en 2015, et à tout récemment reçu le Goya de la meilleure adaptation. Le film a aussi fait partie des sélections officielles du Festival international du film de Vancouver 2015, du Festival du film de Londres 2015 et du Festival international de film de Chicago 2015.

 Le film a été tourné à Granada, Malaga et Cuenca.

Distribution :

Benicio Del Toro   Mambrú

Tim Robbins   B

Olga Kurylenko    Katya

Mélanie Thierry   Sophie

Fedja Stukan       Damir

Eldar Residovic               Nikola

Sergi López     Goyo

Nenad Vukelic            Nikola’s grandfather

Frank Feys      UN Official

Crédit photos : Courtoisie